Voici 3 raisons qui vous empêche d'être heureux

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Nous avons vraiment appris à rire quand notre fils de 2 ans s’est mis à crier pour tout et n’importe quoi! Pour lui, la fin de quoi que ce soit de bon provoque invariablement une crise dévastatrice: la fin d’un cône de glace, la scène finale de son film préféré (qu’il a déjà vu des dizaines de fois), la dernière descente de toboggan, et même la fin d’un bon bain. Ainsi, les bonnes choses ne se finissent pas paisiblement mais violemment et cela ne se manifeste pas par des gémissements mais par des cris et des roulades au sol.

Certains cris nécessitent de la compassion paternelle et des mesures stratégiques, mais pas ceux-là. Du moins, pas encore. Ces cris sont le fruit de l’immaturité mais à ce jeune âge, cela nous semble étrangement adorable. Nous rions parce que sa peine est vraiment disproportionnée, et parce que toutes les bonnes choses qu’il pleure aujourd’hui seront certainement toutes aussi bonnes demain (d’ailleurs on devra probablement lui donner un autre bain demain).

Je ris, mais pas lorsque je le berce chaque soir avant de le coucher. Lorsqu’il me sourit dans son sommeil, je m’enfonce dans notre chaise à bascule comme si c’était un bunker. Lorsque je le tiens, je hais secrètement la brièveté de ces moments (et ces années qui passent si vite). Les voisins ne m’entendent pas crier mais je proteste au fond de moi. Comme un enfant de deux ans au parc je refuse de le poser, voulant à jamais empêcher ce bon moment de s’arrêter, pour l’empêcher de grandir à jamais. Je peux déjà affirmer que je ne serai pas capable de le tenir ainsi pendant encore très longtemps. Je veux que mon cœur soit plus grand, que les minutes soient plus longues et que les « bonne nuit! » soient moins nombreux.

Nous ressentons la futilité de ce monde dans les « au revoir » et les « il n’y en a plus, c’est fini ».

Les plaisirs ne sont pas des accidents

Du point de vue de Dieu, ma tristesse ressentie à côté du berceau est probablement encore plus disproportionnée que celle de mon fils car j’ai n’ai pas deux ans. Dieu ne m’a pas donné de serpent ou de scorpion; il m’a donné un fils. Et s’il m’a donné quelque chose d’aussi précieux qu’un fils, combien davantage me donnera-t-il dans les jours à venir?

Le plaisir peut nous conduire à la disproportion. Nous sommes à l’affût des petits plaisirs, pris au piège de nos propres pensées qui nous font croire que la vie se limite réellement à ça: la nourriture, le sexe, le shopping et même l’amitié, le mariage ou être parent. Nous finissons par nous façonner un dieu à partir de ces petits plaisirs, au lieu laisser ces petits plaisirs nous orienter vers LE grand Plaisir.

Les petits plaisirs ne sont pas des accidents. Ce monde en est rempli par Dieu. Ces inestimables moments avec notre enfant de deux ans ne sont pas des accidents. Ils sont de bons cadeaux de la part d’un Père parfait (Ja 1.17), un peu comme ce cadeau de Noël que nous achetons des mois à l’avance pour un proche, parce qu’il est le cadeau parfait pour lui. Sauf que le Père parfait donne des cadeaux parfaits à des enfants qui ont la mémoire courte, des petits cœurs et qui regardent sans cesse ailleurs. Et parce que nous sommes trop petits, faibles et inconstants, nous ne serons jamais aussi heureux que notre nature nous permet de l’être!

John Piper écrit: « Imaginez que vous soyez en permanence capable d’apprécier ce qui est le plus appréciable avec une énergie et une passion sans limites. Ce n’est pas ce que nous sommes en train de vivre. Trois choses nous empêchent d’éprouver une satisfaction complète dans ce monde. » (Les plaisirs de Dieu, traduction libre). Il y a au moins trois bonnes raisons qui expliquent que nous ne sommes pas (encore) pleinement heureux, même dans les moments de joie.

1. Même les meilleures choses ne sont pas assez bonnes

Pour John Piper, « rien n’a une valeur propre assez grande pour remplir les plus profonds désirs de nos cœurs ». Dieu nous donne intentionnellement des désirs plus profonds et plus larges que ses cadeaux. Il veut que nous appréciions les cadeaux, mais qu’ils ne nous satisfassent pas tout à fait. Il veut que nous goûtions le bon dans de nombreuses autres choses et que nous aspirions au plus grand des plaisirs: lui.

Si j’achète le plus beau des cadeaux de Noël pour mon fils en juillet, mais que par la suite je ne lui accorde que très peu d’énergie et d’attention, même le plus beau cadeau va le décevoir. Il veut son père.

L’apôtre Paul dit:

Je considère toutes choses comme une perte à cause de ce bien suprême: la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. À cause de lui, j’ai accepté de perdre tout cela, oui, je le considère comme bon à être mis au rebut, afin de gagner Christ. Mon désir est d’être trouvé en lui.

- Ph 3.8-9

Paul ne considère pas certaines choses seulement comme une perte, mais tout, toutes choses. Il ne considère pas que ces choses ont désormais moins de valeur, mais il les considère comme une perte. Il ne considère pas ces choses comme de petites choses, ou des choses bon marché, non, il les considère comme des déchets!

Comme l’Ecclésiaste l’affirme:

Je n’ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu’ils réclamaient, je n’ai privé mon cœur d’aucune joie. En effet, mon cœur était réjoui par tout mon travail, et c’est toute la part que j’en ai retirée. Puis j’ai réfléchi à tout ce que mes mains avaient entrepris, à la peine que j’avais eue pour le faire, et j’ai constaté que tout n’est que fumée et revient à poursuivre le vent. Il n’y a aucun avantage à retirer de ce qu’on fait sous le soleil.

Ec 2.10-11

Quand on compare la grandeur de nos âmes et la longueur de l’éternité à tous les plaisirs terrestres, on réalise qu’ils ne sont que vanités. Tous les plaisirs cumulés ne peuvent atteindre leur but et ils en deviennent mêmes pitoyables. Même les meilleures choses ne sont pas assez bonnes.

2. Nos cœurs ne sont pas assez grands pour les bonnes choses que nous avons.

Piper continue: « La force nous fait défaut pour jouir des meilleurs trésors et appréhender toute leur valeur. »

L’angoisse que je ressens dans notre chaise à bascule n’est pas seulement liée à la brièveté de l’enfance. Elle montre aussi la petitesse de mon cœur. Mon esprit sait qu’il y a bien plus à apprécier dans ces moments que ce que mon cœur est capable de vivre à cet instant, comme lorsque mon fils apprécie ses livres sans encore être capable de lire. Les jours nous forcent à tourner les pages de la vie avant même que nous ayons pu voir et apprécier tout ce qu’elles contiennent, avant même que nous ayons pu nous préparer à accueillir ces plaisirs. Les bonnes choses que nous avons ne sont pas assez bonnes, et nos cœurs ne sont même pas encore assez grands pour les bonnes choses que nous avons.

La « plénitude de la joie » (Ps 16.11) ne se trouve que dans la présence de Dieu; c’est uniquement lorsque nous serons en sa présence que nos cœurs pourront être autant remplis. Dieu nous a déjà donné un cœur nouveau (Éz 36.26), mais c’est un cœur incomplet et il ne sera plein que lorsque nous expérimenterons pleinement la présence de Dieu (2Co 5.1; 1Co 15.42-43; Ph 1.6).

Lorsque nous nous heurtons aux limites de nos esprits et de nos cœurs pour apprécier les cadeaux de Dieu, il désire que l’on prie et que l’on attende. Il veut que nous lui demandions d’ouvrir nos esprits et nos cœurs afin que nous percevions toujours plus sa gloire dans tout ce qu’il fait. Il veut aussi que nous attendions avec empressement le jour où nous recevrons une nouvelle et meilleure nature: de nouveaux yeux, de nouvelles oreilles, de nouvelles mains, et même un nouveau nez et une nouvelle langue.

Pour l’instant, nous n’avons qu’un avant-goût de la joie infinie de part nos cœurs inadaptés.

3. Toute bonne chose a une fin – pour l’instant.

Piper explique enfin que nous ne serons jamais complètement satisfaits dans ce monde: « Le troisième obstacle à la pleine satisfaction est que nos joies ici-bas ont une fin. » Mon fils sera un jour trop grand pour mes bras. Nous ne vivrons pas toujours dans notre maison actuelle. Il y a de fortes chances que je ne sois pas toujours là pour lui toute sa vie. Les biens terrestres que nous apprécions maintenant ne sont pas éternels. En effet, ils ne vont même pas durer très longtemps. « Le monde passe avec tous ses attraits » (1Jn 2.17) – et ses plaisirs, même les meilleurs.

Tout comme les plaisirs ne sont pas des accidents, les “dates d’expiration” des bonnes choses ne sont pas non plus dues au hasard. Elles ont été créées pour nous, lorsqu’aucune d’elles n’existait encore (Ps 139.16). Dieu a prévu que toutes les bonnes choses aient des doses prédéfinies de plaisir. Et il les a programmé avec une fin. Dans son amour, il savait que nous avions besoin de finitude pour pouvoir apprécier l’infini. Si tout ici durait éternellement, Dieu semblerait peut-être moins glorieux, le paradis moins prometteur, l’enfer moins terrifiant, et les âmes moins précieuses.

Les biens périssables – et ils sont tous périssables sur cette terre – sont un avant-goût de l’éternité. Pour l’instant, « notre connaissance est partielle […] mais le jour où la perfection apparaîtra, ce qui est partiel cessera » (1 Co 13. 9-10). Le partiel a été conçu dès l’origine pour nous préparer à quelque chose de parfait, à quelqu’un qui pourrait nous satisfaire entièrement, quelqu’un qui pourrait nous rendre parfaitement et irrémédiablement heureux.

Merci à Amélie Sieffert pour la traduction de cet article. Traduit avec autorisation. ©2019 Desiring God Foundation. Site web: desiringGod.org

Marshall Segal

Marshall Segal est rédacteur et directeur de la rédaction sur le site desiringGod.org. Il est l'auteur de Not Yet Married: The Pursuit of Joy in Singleness & Dating (Pas encore marié: La poursuite de la joie dans la solitude et les rencontres). Il est diplômé du Bethlehem College & Seminary. Mariés depuis 2019, lui et sa femme, Faye, ont deux enfants et vivent à Minneapolis.

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