Pourquoi l’Église s’est-elle autant intéressée à la doctrine de la Trinité? Est-ce réellement essentiel de croire à la pleine divinité du Fils et du Saint-Esprit? Oui, cela est essentiel, car cet enseignement a des implications qui touchent au cœur même de la foi chrétienne.
En premier lieu, l’expiation est en jeu. Si Jésus n’est qu’un être créé, et non pleinement Dieu, il est alors difficile de voir comment une simple créature a pu supporter toute la colère de Dieu contre l’ensemble de nos péchés. Une créature, si exceptionnelle soit-elle, pourrait-elle vraiment nous sauver?
En deuxième lieu, la justification par la foi seule est menacée par la négation de la pleine divinité du Fils. (On le voit aujourd’hui dans l’enseignement des Témoins de Jéhovah, qui ne croient pas à la justification par la foi seule.) Si Jésus n’est pas pleinement Dieu, nous aurions raison de douter de sa capacité à nous sauver parfaitement, comme nous aurions raison de douter qu’une créature quelle qu’elle soit puisse nous sauver.
Troisièmement, si Jésus n’est pas Dieu, est-il légitime de le prier ou de l’adorer? Seul un Dieu infini et omniscient peut entendre et répondre à toutes les prières du peuple de Dieu. Et Dieu seul est digne de notre adoration. En fait, si Jésus n’est qu’une simple créature, c’est de l’idolâtrie que de l’adorer, si exceptionnel qu’il puisse être — or le Nouveau Testament nous commande de le faire (Ph 2.9-11; Ap 5.12-14).
Quatrièmement, si quelqu’un enseigne que le Christ est un être créé mais qu’il nous a néanmoins sauvés, il attribue le mérite du salut à une créature et non à Dieu lui-même, et élève à tort la créature au lieu du Créateur, ce que l’Écriture nous interdit.
Cinquièmement, l’indépendance et la nature personnelle de Dieu sont en jeu. S’il n’y a pas de Trinité, alors il n’y avait pas de relations interpersonnelles au sein de l’être de Dieu avant la création, et, sans relations personnelles, on voit mal comment Dieu pourrait être réellement personnel ou ne pas avoir be-soin de créer des êtres personnels pour entrer en relation avec eux. Sixième-ment, l’unité de l’univers est en jeu : s’il n’y a pas de pluralité parfaite ni d’unité parfaite en Dieu lui-même, alors rien ne nous permet de penser qu’il puisse y avoir une unité fondamentale entre les divers éléments de l’univers. Le cœur de la foi chrétienne est ici clairement remis en question. Herman Bavinck dit qu’« Athanase a compris mieux qu’aucun de ses contemporains que le christianisme tient ou s’effondre avec la confession de la divinité du Christ et de la Trinité » ». Il ajoute que « la confession de la Trinité est le cœur de la religion chrétienne : toute erreur résulte, si l’on y regarde de plus près, d’une compréhension erronée de cette doctrine ».
Extrait de la systématique de Grudem, p. 255