Beaucoup de chrétiens passent leur vie professionnelle à espérer que Dieu trouvera un moyen d'utiliser leur travail pour accomplir sa volonté. Ils prient, espérant que Dieu établisse un lien réel entre leur quotidien et la gloire éternelle de ses desseins. Mais ils peinent à trouver le lien entre le culte du dimanche et le travail du lundi.
Pensez au terme ancien « vocation ». Dans notre culture, nous utilisons souvent « vocation » comme un équivalent de « profession », mais les deux mots diffèrent considérablement quant à leur sens. Notre profession nous permet de subvenir à nos besoins. L’origine du mot « vocation », quant à elle, signifie « appel » et se réfère à ce que Dieu nous appelle à faire pour remplir la mission qu’il nous a confiée sur terre.
En tant que chrétiens, nous devons nous rappeler que notre profession possède une part de vocation. Dieu nous appelle à utiliser nos dons, nos talents et nos ressources pour son royaume. Son appel est ce qui fait la dignité de nos emplois, même les plus pénibles et les plus frustrants. Dieu veut révéler à l’humanité des facettes de sa bonté et de sa gloire, autant par notre travail hebdomadaire que par notre adoration dominicale.
À propos de la dignité que nous introduisons dans tout lieu de travail, pensons aux premiers chapitres de la Genèse, où l’humanité reçoit son identité avant même que son travail ne soit défini. Avant de dire à nos premiers parents ce qu’ils doivent faire (Gn 1.28), il nous est dit qui ils sont aux yeux de Dieu. La Bible déclare:
Dieu dit: « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance! Qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. » Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme.
Genèse 1.26-27
Dieu a créé l’humanité à son image. Nous sommes censés être son reflet, représenter son caractère et sa sollicitude. Bien sûr, être créés à l’image de Dieu ne signifie pas que nous sommes Dieu. Si nous disons qu’un enfant est le portrait craché de son père, nous ne disons pas qu’il est identique à son père. Mais quand on voit cet enfant, on pense à son père. De la même manière, lorsque les gens observent notre travail dans le monde, ils devraient penser à notre Père céleste, et surtout à son caractère et son attention.
Le fait que nous ayons reçu notre identité avant le mandat de travailler est une des premières explications de l’Évangile. Lorsque nous saisissons pleinement la beauté considérable de cette réalité, nous sommes appréciés par Dieu avant d’avoir œuvrer pour lui. Appréciés pour ce que nous sommes, et non pour ce que nous avons accompli, alors notre vie n’est plus la même. Nous commençons à vivre dans la liberté et la certitude de savoir que Dieu est pour nous, non pas à cause de ce que nous lui offrons, mais à cause de ce qu’il nous offre en Christ. L’amour et la miséricorde de Dieu ne sont jamais basés sur ce que nous faisons, mais sur sa grâce envers nous. La foi en cette grâce est le fondement de la vie chrétienne et le moteur d’une vie professionnelle épanouie.
Notre création à l’image de Dieu a plusieurs incidences sur la façon dont nous percevons nous-même et les autres. Tous les problèmes d’identité que nous rencontrons dans le cadre de notre travail seront résolus, que ce soit le fait de fonder notre valeur sur nos performances, notre statut ou notre rémunération. Nous pourrons toujours apprécier les bienfaits que nous procure notre travail, sans pour autant fonder notre mérite sur les appréciations d’un patron, d’une entreprise ou de nos pairs.
Nous savons que notre valeur est déjà déterminée par l’identité et le rôle que Dieu nous accorde. Désormais, le succès que nous apprécierons vraiment, sera la manière dont nous reflétons le caractère et le soin de Dieu, même dans des professions difficiles ou méprisées.
Parce que Dieu veut que chacun lui ressemble, nous devons comprendre que notre vocation est d’aider les autres à mieux connaître et manifester celui dont ils portent l’image, afin que Dieu soit plus connu et mieux aimé.
Au sujet de leurs employés, les employeurs chrétiens se demanderont: « Comment pouvons-nous assurer leur bien-être? Perçoivent-ils des bénéfices appropriés? Leur travail est-il rémunéré à sa juste valeur? » Les employeurs agiront envers leurs salariés en se rappelant qu’ils sont porteurs de l’image de Dieu, avec l’objectif que cette image soit manifeste dans leur vie, leur travail, leur production et leurs pratiques. Même quand ils chercheront à augmenter la valeur actionnariale ou la part de marché de leurs entreprises, leur vocation consistera d’abord à refléter l’image de Dieu, pour que chacun puisse connaître et partager davantage son caractère et sa sollicitude.
Si vous êtes employés, traitez vos collègues (même ceux qui sont pénibles!) avec dignité et respect. N’oubliez pas que l’amour et la grâce de Dieu à votre égard ne se fondent pas sur vos actions. Faites également votre maximum pour aider les autres à s’épanouir dans leur vocation. Ne vous concentrez pas uniquement sur votre propre avancement et votre propre réussite. Les personnes créées à l’image de Dieu apprennent à comprendre son caractère grâce à notre dévouement et nos efforts.
En travaillant, nous accomplissons l’œuvre de Dieu dans le monde. Nos emplois diffusent la gloire et la bonté de Dieu, même au milieu des épines et des chardons, de la sueur et de la douleur d’un monde déchu (Gn 3.16-19). Telle est la mission de Dieu pour chacun d’entre nous.
Notre travail nous permet de nourrir nos familles, de témoigner de notre foi, et également de financer le ministère et la mission de l’Église. Mais ce ne sont pas ses seules raisons d’être, ni les plus importantes.
Notre travail est un instrument de la grâce de Dieu. Il permet de repousser la corruption de la chute, grâce à l’influence du caractère et de l’attention de Dieu que nous incarnons, et cela même les lieux de travail les plus stressants, pénibles, séculiers, frustrants et déprimants.
Lorsque Dieu dit à nos premiers parents: « Reproduisez-vous, devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la. » (Gn 1.28), il ne leur donne pas seulement l’ordre d’être féconds. Chaque descendant devait être porteur parfait de l’image de Dieu et la diffuser aux quatre coins du monde et dans tous les domaines de sa vie. La gloire de Dieu devait grandir et remplir la terre par la présence de l’homme et son activité.
La portée de notre travail ne s’est pas atténuée après la chute. Si celle-ci a obscurci la gloire de Dieu dans le monde, elle a renforcé notre vocation et l’a rendue plus manifeste et plus urgente.
Louez donc Dieu si chaque jour, vous travaillez de manière gratifiante; si vos dons sont pleinement exploités; ou si vos collègues sont une source de joie. Et même si ce n’est pas le cas, Dieu prévoit de faire transparaître son caractère et sa compassion dans votre environnement professionnel. Il désherbe notre planète en se servant des gloires et des aléas de nos emplois.
Nous représentons Jésus dans tout ce que nous faisons. Son caractère et sa droiture sont représentés par notre intégrité. Sa justice se manifeste dans notre équité. Nous ne faisons pas de favoritisme, et nous ne harcelons pas les gens que nous n’aimons pas, parce que nous représentons l’amour de Jésus envers tous. Nos comportements sur le lieu de travail (avec les clients et les concurrents) reflètent le caractère de Jésus, même quand aucun mot ne peut être prononcé en sa faveur.
La compassion de Christ devrait également se refléter dans ce que nous produisons. En fait, que ce soit sur la chaîne de montage ou en tant que chef d’entreprise, nous affirmons ceci: “J’ai apposé le nom de Jésus sur ce produit.”
En tant que chrétiens, notre mission est de laisser l’empreinte de Christ sur tout ce que nous produisons.
La détermination des chrétiens ne devrait pas laisser les caprices culturels ou l’opinion populaire influencer ce qu’ils vont produire, ni les conditions de travail. Au contraire, les chrétiens sont tenus d’examiner la Parole de Dieu, pour savoir si leur travail et leurs réalisations le glorifient.
En abordant notre travail sous cet angle, nous reconnaissons que Dieu donne à chacun, quelle que soit sa profession, la possibilité d’adapter son activité pour entrer dans ses desseins présents et futurs. Ainsi, nous prenons conscience que notre travail ne nous concerne pas seulement, mais qu’il nous permet de glorifier Dieu.
La noblesse de notre travail ne tient pas tant aux tâches que nous accomplissons ou aux compétences que nous exerçons, qu’à l’objectif poursuivi par Dieu à travers nous. Gerard Manley Hopkins, poète du 19e siècle expliquait:
Lorsque des mains sont élevées pour prier, cela rend gloire à Dieu. Mais un homme avec une fourche à fumier, ou une femme tenant un seau à purin lui rendent aussi gloire. Dieu est si grand que toutes choses lui rendent gloire, si on choisit de les faire dans ce but.
Voici mon message pour vous: notre travail est un canal de la grâce de Dieu. Par notre travail, nous recevons et distribuons les bénédictions de notre Seigneur.
Lorsque nous utilisons les dons de Dieu dans le cadre de la vocation qu’il nous a donnée, nous accomplissons ses desseins. Les tâches peuvent être magnifiques ou banales, selon la mesure de ce monde ou notre propre perception, mais un travail fidèle ne peut manquer de refléter et de faire progresser la bonté de Dieu.
Nous marchons dans la sainteté à chaque fois que nous accomplissons un travail honnête, en gardant à l’esprit les objectifs de Dieu. Tout travail qui reflète son caractère et sa bienveillance est notre « culte » du lundi et le privilège de notre vocation.