La tentation n’est pas le péché. Nous savons cela parce qu'Ève a été tentée avant de tomber et que Jésus a aussi été tenté, mais "sans commettre de péché" (Hé 4.15).
La tentation est une expérience qui désoriente et nous nuit, lorsque le mal nous est présenté comme bien. La destruction vient alors, déguisée en bonheur. Le péché est commis seulement lorsque nous croyons que le mensonge destructeur peut effectivement nous procurer le bonheur.
Une des clés pour résister à la tentation est d’apprendre à reconnaître ce que j’appelle les « instants de mirages. »
Le mirage est cette hallucination que les personnes déshydratées expérimentent parfois dans un désert brûlant. Le réel désir d’avoir de l’eau et la chaleur scintillante du sable jouent des jeux malins avec l’esprit et les émotions. Une oasis rafraîchissante semble apparaître au loin, promettant la joie de l’étanchement de la soif.
Une personne assoiffée pourrait savoir qu’il n’y a jamais eu d’oasis à cet endroit. Mais son désir d’être heureuse, encouragée par l’espoir que cette fois-ci, elle pourrait enfin y trouver le bonheur, ou au moins le soulagement temporaire de sa misère, la tente de croire cette vision. Si elle cède, elle découvrira que son espoir était en fait sans espoir, et son désir réduit à néant car l’oasis n’était qu’une imposture.
Dans la tentation, l’instant de mirage se produit lorsque nous sommes tentés par une vision qui promet le bonheur. Une oasis scintillante qui promet la joie ou le soulagement du désespoir apparaît là où Dieu nous dit qu’elle ne devrait pas être.
L’apparition du mirage exploite notre réel désir d’être heureux. Nos émotions désorientées commencent à répondre à ce désir avec un sentiment d’espoir –espoir que peut-être, cette fois-ci, même si nous avons été déçus maintes fois auparavant, cette oasis va enfin étancher notre désir. Mais nous savons que Dieu nous a dit que c’était un faux espoir.
Nous sommes donc confrontés à un choix entre l’apparence fascinante de la tentation et la promesse de Dieu. Nous sommes tentés, mais nous n’avons pas encore succombé au péché.
L’instant de mirage le plus notoire de l’Histoire est celui de Genèse 3. Et il illustre un schéma récurrent dans toutes les tentations auxquelles nous sommes exposés.
Le serpent satanique est venu dans le jardin et a questionné Ève à propos de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. L’explication d’Ève montre qu’elle avait clairement compris la promesse de Dieu et ses mises en garde (Ge 3.1-3).
Puis vient l’instant de mirage d’Ève. Le serpent répond:
Vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. […] La femme vit que… (Ge 3.4-6).
Voilà le mirage. Ève a vu quelque chose qu’elle n’avait pas vu auparavant:
[Ève] vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. (Ge 3.6)
Ève expérimentait la nuisance de la tentation néfaste. On lui a dit quelque chose à propos de l’arbre qui était très différent de ce que Dieu lui avait dit. L’arbre a donc soudain pris une apparence différente aux yeux d’Eve, et sa perception de l’arbre a changé.
Dieu a créé Ève (et chacun de nous) pour que ses impressions sensorielles soient façonnées par ce qu’elle croyait être vrai. Satan le savait. Il savait que s’il réussissait à changer la signification de l’arbre pour Ève, de la malédiction de la mort (Ge 2.17) à la clé du bonheur (Ge 3.5), l’arbre cesserait de paraître dangereux et commencerait à devenir désirable. Il tenterait Ève en lui faisant espérer quelque chose de différent par rapport à la promesse de Dieu, et elle tomberait dans son piège.
Satan a manipulé le désir d’Ève d’être heureuse (désir donné par Dieu) et l’a utilisé contre elle. Il l’a persuadée de corrompre ce saint désir en le poursuivant en dehors de Dieu. Et Ève a été séduite, ce qui a corrompu son désir en croyant ce mirage, engendrant ensuite le péché et la mort (Ja 1.14-15).
[Ève] prit de son fruit et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. (Ge 3.6).
Satan a employé la même tactique quand il a tenté Jésus (Mt 4.1-11, Mc 1.12-13, Lc 4.1-13). Que ce soit en utilisant la nourriture (Lc 4.3), un chemin détourné vers le pouvoir (Lc 4.5-7) ou une démonstration publique (un test) de la divinité de Jésus (Lc 4.9-11), Satan était en train d’essayer de corrompre les désirs saints et donnés par Dieu de celui-ci.
Satan savait (comme l’a écrit Paul plus tard) que « tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces » (1 Ti 4.4). Mais il savait aussi que ce qui rendait ces choses saintes était « la parole de Dieu et la prière » (1 Ti 4.5), et que « tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est péché » (Ro 14.23). Satan a donc placé des mirages devant Jésus pour le tenter avec des promesses sans foi dans un bonheur divin.
Nous qui vivons avec le péché en nous, nous ne savons pas à quel point l’homme-Dieu sans péché était affecté. Mais nous savons que ce que Jésus a vécu était des tentations. Jésus était placé devant le choix entre des apparences trompeuses convaincantes et les promesses de Dieu. Et pour chaque tentation, il a répondu: « Il est écrit… ». Il a refusé de croire les mirages trompeurs de Satan ou les émotions que ces mirages provoquaient. Il a gardé saints la nourriture, le pouvoir, la révélation de sa divinité, et tout le reste, en les recevant uniquement par la parole de Dieu et la prière.
Satan emploie les mêmes tactiques de tentation avec nous. Et une des clés pour ne pas le laisser avoir l’avantage sur nous (2 Co 2.11) est de rester en alerte concernant nos instants de mirages.
Identifiez l’espoir proposé par les mirages qui vous tentent. La raison pour laquelle il est difficile de résister aux tentations est qu’il est difficile de résister à l’espoir. La tentation nous menace de passer à côté du bonheur ou de moins de misère. Nous devons donc nous demander ce que ces mirages promettent vraiment. Parfois, le dire simplement tout haut brise le charme.
Déclarez, comme Jésus, « il est écrit », et prenez position sur une promesse que Dieu a faite pour vous rendre heureux. Ne vous battez pas contre l’espoir avec seulement du déni. Combattez les faux espoirs avec le vrai espoir. Décidez de placer votre espoir dans le Dieu de l’espoir (Ps 42.11, Ro 15.13), pas dans les mirages scintillants sans espérance.
Attendez-vous à ce que les mirages soient tentants. Dieu vous a créés pour que vous désiriez être heureux, et les mirages vous promettent le bonheur. Vos émotions, qui ont répondu à la vision trompeuse initiale, vont donc bien sûr vouloir le bonheur. Elles vont être exigeantes, mais vous y opposer ne vous tuera pas. Dans ce cas, c’est le fait de les satisfaire qui pourrait vous tuer. Ne permettez pas à vos passions d’être vos dictateurs (Ro 6.12). Rappelez-vous que les émotions sont des jauges, pas des guides. Elles sont indicatives, pas impératives. Elles doivent être dirigées, pas être des directrices.
Être tenté n’est pas un péché. Succomber à la tentation est un péché. Les tentations ne sont jamais aussi fortes qu’elles en ont l’air. Leur pouvoir réside seulement dans le faux espoir qu’elles produisent en nous. Rappelez-vous que l’espoir est très puissant. Dieu nous a créés pour que nous espérions en lui (Ps 43.5).
Dans la tentation, Satan est en train d’essayer de retourner ce désir de bonheur espéré contre nous. Si nous pouvons identifier sa fausse promesse d’espoir, déclarer la vraie promesse d’espoir, et nous attendre à supporter des envies émotionnelles désorientées, le mirage va se dissiper, et notre espoir dans le bonheur promis par Dieu sera renforcé.
Article traduit avec autorisation. ©2016 Desiring God Foundation. Site web: desiringGod.org. Merci à Sonia Shutes pour la traduction.
Cet article a été publié pour la fois le 11 juillet 2016, nous le remettons en avant pour profiter à de nouveaux lecteurs.
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Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 10 janvier 2019.
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