Questions d’introspection pour toute la vie

Paul a exhorté les Corinthiens à veiller sur leur conduite, car la plupart des Israélites, après avoir vu les miracles de Dieu s’accomplir ou expérimenté de grandes délivrances, sont tombés si bas que leur conduite en a mené beaucoup à la mort (1Co 10.1-12). Après avoir été libéré de la main des Égyptiens, le peuple a rendu un culte à un veau d’or. Même le roi Salomon, après avoir reçu la sagesse, la richesse et la renommée, a pris des étrangères pour femmes, qui ont incliné son cœur vers l’idolâtrie. Les histoires d’abandon de Dieu qui ont suivi des victoires spirituelles fourmillent dans les Écritures. À bien plus forte raison, les chrétiens d’aujourd’hui devraient examiner continuellement leur propre cœur.

La remise en question continuelle

Afin que tous les efforts que nous avons déjà faits ne soient pas perdus, et qu’un calme trompeur et un bonheur imaginaire ne soient pas suivis bientôt d’une tempête d’autant plus violente, et d’une ruine d’autant plus grande, je dois vous engager à examiner soigneusement votre propre cœur, afin que vous soyez en état de mieux prononcer sur votre situation et que vous aperceviez la différence qu’il y a entre un homme, qui tout au plus est proche du royaume des cieux, et celui qui en est véritablement devenu citoyen.

À première vue, la différence entre un citoyen du royaume et un croyant d’apparat n’est pas si flagrante que cela. Les deux peuvent fréquenter régulièrement une Église, chanter des chants, exhorter d’autres personnes et même connaître des passages de la Bible sur le bout des doigts. Il me semble qu’il existe deux facteurs essentiels qui permettent d’évaluer si une foi est sincère ou non: notre comportement pécheur et la vitalité de notre relation avec Christ. Un citoyen du royaume est un chrétien disposé à se remettre continuellement en question dans ces deux domaines. Mais le cœur humain étant oublieux, égoïste et prompt à jouir de l’orgueil de la vie, chaque homme et chaque femme de Dieu devrait veiller sur son propre cœur pour ne pas sombrer dans l’endurcissement et être compté parmi ceux qui ont l’apparence de la piété, mais renient ce qui en fait la force (2Tm 3.5).

Questions pour voir son péché comme Dieu le voit

Doddridge liste différentes questions pour creuser jusqu’aux racines du péché dans notre cœur:

Quelles idées vous êtes-vous formées du péché et quels sentiments a-t-il suscités dans votre âme? Quelle a été la source de votre horreur pour le péché? Dérive-t-elle uniquement d’un amour pour vous-même? N’avez-vous été frappés que des maux que vos péchés vous ont attirés? Ou que de la condamnation à laquelle ils vous assujettissaient et des malheurs qu’ils devaient attirer sur votre tête? Avez-vous senti combien le péché est difforme, honteux et condamnable devant un Dieu glorieux, saint et miséricordieux? N’avez-vous jamais été étonnés et confondus de la noire ingratitude qu’il renferme à son égard?

Examinez-vous encore dans les résolutions que votre cœur a prises contre votre corruption. Comment les avez-vous formées? Comment les avez-vous exécutées? Ont-elles été prises avec humilité en même temps qu’avec fermeté? La guerre que vous avez déclarée au péché, l’avez-vous déclarée à tout péché, sans exception? Et, avec le secours de Dieu, voulez-vous la soutenir avec constance et la pousser avec vigueur jusqu’à ce que vous ayez remporté la victoire ou que vous mouriez en combattant vaillamment pour tâcher de la remporter?

Travaillez-vous donc avec activité et sans relâche à dompter cet ennemi et à le détruire? En ce cas, quels sont les fruits convenables à la repentance (Lc 3.8) que vous avez déjà portés? Ils ne se bornent pas, j’espère, aux remords dont vous avez été déchirés et aux larmes que vous avez répandues. Avez-vous cessé de mal faire? Avez-vous appris à bien faire? L’amendement de votre vie montre-t-il la sincérité de votre repentance, ou des rechutes continuelles prouvent-elles que vous vous repentez même de ce que vous appelez votre repentance? […] Redoublez-vous vos précautions contre le péché qui vous domine le plus aisément?

_{pp. 116-118}

Questions pour une relation authentique avec Jésus

Doddridge poursuit son développement et propose d’autres questions d’introspection à se poser sur Jésus-Christ:

Quelle idée vous êtes-vous formée de Jésus-Christ? Que pensez-vous de lui et de vos relations avec lui? […] Avez-vous regardé vers lui comme vers votre unique Sauveur? Avez-vous été attirés au pied de sa croix par les cordeaux sacrés de son amour? Comprenez-vous par expérience cette invitation de Jésus aux pécheurs: Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai et vous trouverez le repos de vos âmes (Mt 11.28-29)? Savez-vous ce que c’est, dans le sens spirituel, que manger la chair et boire le sang du Fils de l’Homme (Jn 6.53)? C’est-à-dire faire de Jésus-Christ crucifié le grand soutien de votre âme et avoir besoin de vous unir à lui comme le corps a besoin de nourriture?

Savez-vous ce que c’est que de vous dévouer de tout votre cœur à Jésus-Christ, comme une misérable créature, qui n’est plus à elle-même, et qu’il s’est acquise par charité? Avez-vous remis votre âme immortelle entre ses mains, afin qu’il la purifie et la délivre, qu’il la gouverne par les préceptes de son Évangile, qu’il la conduise par les influences de son Esprit, qu’il la fasse servir à sa gloire? Que, tandis qu’elle habite ici-bas dans un tabernacle de chair, il lui impose les obligations et la soumette à la discipline qu’il jugera les plus convenables, et que, la recevant à l’heure de la mort, il l’associe aux esprits bienheureux qui environnent son trône, qui célèbrent sans cesse ses louanges et qui sont ses serviteurs pour jamais? Avez-vous acquiescé sincèrement à toutes ces conditions? Et, sur cet exposé, réitérez-vous encore à cette heure votre acquiescement, et cela, après une mûre délibération pour toujours?

_{pp. 118-120}

Philip Doddridge, comme les autres écrits des puritains, nous transmet la nécessité d’une radicalité urgente dans la marche chrétienne. Peut-être que cela semble extrême pour certains chrétiens d’aujourd’hui, mais la pensée du monde et la compromission sont déjà là et risquent de nous emporter plus vite que nous le pensons, loin de la vie abondante que Dieu offre à ceux qui vivent selon les bons préceptes de sa Parole. Puissions-nous, chacun et chacune, glorifier Dieu en persévérant dans notre lutte contre le péché, un jour après l’autre, et par sa grâce. Que notre cœur s’attache un peu plus chaque jour à celui qui a sauvé notre âme de la mort, qui a pardonné notre péché, qui veut nous rendre saints et qui prépare une éternité de délices à ses côtés.

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