En cette période de l'Avent, je suis quelque peu déprimée. Je me soucie plus du moment où je recevrai mon cadeau de Noël, que du retour de Christ qui fera toutes choses nouvelles. Manquer des épisodes de Creature comforts¹ me dérange plus que de savoir mes amis sans espoir et sans Dieu ici-bas (Ép 2.12). Si je ne priais que pour ce qui me tient à cœur, alors mes prières seraient bien insipides.
Dietrich Bonhoeffer constate:
Si cela ne tenait qu’à nous-mêmes, notre prière ne concernerait probablement que le quatrième morceau du Notre Père (donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien).Dietrich Bonhoeffer, Psalms: The Prayer Book of the Bible, p.15
Je suis entièrement d’accord avec lui.
Je remercie Dieu, car il sait quelles sont nos limites, et il se souvient que nous ne sommes que poussière (Ps 103.14). Il connaît parfaitement ce qu’il y a dans le cœur de l’homme (Jn 2.24-25). Il ne nous laisse pas livrés à nous-mêmes dans nos prières. Bonhoeffer s’émerveille en constatant que, non seulement, Dieu nous dit ce qu’il a à nous dire, mais aussi, ce qu’il veut entendre de nous:
Dieu nous dit comment nous pouvons lui parler et être en communion avec lui. C’est une pure grâce! p.15
À la lumière des magnifiques prières que Dieu nous a données dans les Psaumes, Bonhoeffer lance un défi à ses lecteurs:
Notre prière devrait se construire à l’aune de la richesse de la Parole de Dieu et non de la pauvreté de notre cœur. p.15
Nous ne prions pas toujours avec de bons sentiments. En revanche, quand nous prions à partir des textes des Écritures, cela devient des prières ardentes, même si au départ nos cœurs peuvent être indifférents.
Des cœurs, autrefois fragiles et secs, se transforment et s’enrichissent lentement au contact des paroles que Dieu lui-même nous donne à prier. Les prières qui étaient autrefois forcées et superficielles deviennent exaltantes. Le mérite d’une telle transformation revient uniquement à Dieu, mais nous bénéficions de la joie que procure des cœurs transformés selon son inclination.
– « Aujourd’hui, je n’étais pas motivé(e) pour prier. » – « Je ne me sentais pas assez sincère et mon cœur n’y était pas, alors je n’ai pas prié. »
Si au cours des cinq dernières années j’avais gagné un euro à chaque fois que j’entendais ou que je faisais une déclaration de ce genre, aujourd’hui, je serais une femme riche.
Dans notre culture postmoderne, axée sur les sentiments, nous laissons souvent nos actions se calquer dessus. Un cœur indifférent et apathique produira des prières stériles ou désabusées.
Les auteurs des Écritures ont bien compris qu’il fallait fonctionner à l’envers:
Je m’attache à tes instructions, Éternel, ne me couvre pas de honte! Je cours sur la voie de tes commandements, car tu épanouis mon cœur. Ps 119.31-32
La voie du psalmiste est toute tracée, et il suit ce chemin-là. Il sait que son cœur doit changer, alors il vient aux pieds du Seigneur, certain que Dieu épanouira son cœur à mesure qu’il obéira.
Dans d’autres psaumes, même quand le psalmiste sent son cœur éloigné de Dieu, son engagement à prier reste inébranlable (Ps 42, Ps 73, Ps 94, Ps 137). Ces psaumes révèlent qu’il est vital de venir au Seigneur dans la prière. Même lorsque nous n’en avons pas envie. Ce sont des modèles à suivre, des canevas à utiliser.
Ce n’est pas être hypocrite que d’utiliser des psaumes qui expriment des émotions que nous ne ressentons pas quand nous prions. Nous entraînons nos cœurs à se conformer à la volonté de Dieu.
Lorsque nous prions à partir du Psaume 45 (un psaume de louange et de joie), même si notre cœur s’apitoie sur son sort, nous lui rappelons qu’en Christ, nous avons des raisons de nous réjouir. Nous nous rappelons aussi que les croyants du monde entier se réjouissent et louent le Seigneur. Alors, nous nous débarrassons de notre individualisme et prenons place dans le corps de Christ.
Lorsque nous prions des psaumes de lamentation, même si nous vivons dans l’opulence, nous rappelons à nos âmes que nous ne sommes pas encore au bout du chemin et que bien des gens souffrent autour de nous. Nous apprenons à pleurer avec ceux qui pleurent et à nous réjouir avec ceux qui se réjouissent (Rm 12.15).
Quand nos cœurs blasés prient les psaumes qui réclament la justice de Dieu, cela nous révèle notre myopie et nous incite à compatir envers ceux qui souffrent de l’injustice. Nos cœurs indifférents sont purifiés et deviennent avides de miséricorde et de justice.
Même si notre cœur ne s’enflamme pas tout de suite, lorsque nous prions avec les paroles vivantes et actives de Dieu, il est évident que la puissance du Saint-Esprit est à l’œuvre. En nous exerçant à prier les Écritures, nos cœurs sont façonnés pour aimer ce que Dieu aime, et nous sommes prêts à accomplir sa volonté dans le monde.
Faisons nôtre la prière d’Amy Carmichael pour demander un cœur qui ressemble davantage à celui de Dieu:
Au lieu d’implorer d’être à l’abri des tempêtes Qui s’abattent sur toi, Au lieu de craindre plutôt que de courir, Au lieu de trébucher plutôt que De grimper au plus haut, D’un moi clinquant, ô capitaine, De tout cela libère ton soldat Qui désire te suivre.
De l’attrait subtil d’un environnement chatoyant, De choix faciles, de faiblesses, (Ce n’est pas ainsi que les esprits se fortifient, Ce n’est pas ainsi qu’a marché le Crucifié), De tout ce qui obscurcit ton calvaire, Ô Agneau de Dieu, délivre-moi.
Donne-moi l’amour qui ouvre la voie, La foi que rien ne peut troubler L’espoir qui résiste à toute déception La passion qui s’enflamme, Ne me laisse pas sombrer dans la boue: Fais de moi ton étoupille, ô flamme de Dieu.
[1] Série anglaise humoristique sur des animaux en captivité.
Article traduit de l’anglais, avec autorisation. The Gospel Coalition, INC.