Prier pour un péché qui ne conduit pas à la mort, ça veut dire quoi?

Textes difficilesDoctrine du péchéPrière

Jean parle d’un "péché mortel" pour lequel il ne faut pas prier: qu’est-ce que cela veut dire? Dans cet article, nous verrons que Jean nous appelle à réagir de la bonne manière lorsqu’un frère ou une sœur pèche devant nous.

16 Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène pas à la mort, qu’il prie, et (Dieu) lui donnera la vie; (il s’agit de) ceux qui commettent un péché qui ne mène pas à la mort. Il y a un péché qui mène à la mort, ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier. 17 Toute injustice est un péché, et il y a tel péché qui ne mène pas à la mort.

1 Jean 5.16-17, version Colombe.

Ces deux versets soulèvent beaucoup de questions. Cet article vise à les clarifier brièvement, sans toutefois entrer dans trop de détails, afin d’appliquer les vérités de ces versets à nos vies. Comme nous allons le voir, ce passage nous met au défi.

C’est quoi "le péché qui mène à la mort"?

Lorsque nous sommes confrontés à un verset difficile, il est toujours utile de considérer le contexte. En particulier ici, il est important d’avoir en tête le contexte général de cette première lettre de Jean. Dans sa lettre, Jean met en garde contre ceux qui enseignent des choses fausses sur Jésus. Ces faux enseignants cherchent à "séduire" les chrétiens, tout en reniant les vérités fondamentales à propos de Jésus (voir par exemple 1Jn 2.22-23 et v.26, ainsi que 1Jn 4.2-3).

En reniant ces vérités, les faux enseignants se privent du Fils, et Jean nous dit qu’ils n’ont donc pas accès au Père (1Jn 2.22-23). En reniant le Fils, ils n’ont pas la vie –la vie éternelle– (1Jn 5.11). Ainsi, par leur attachement à ces faux enseignements, ils commettent un péché qui les mène à la mort éternelle, vers le jugement de Dieu. Ce péché qui mène à la mort, c’est tout simplement le rejet du Fils – ou une manière de vivre qui s’oppose au Fils.

Pourquoi Jean dit-il de ne pas prier pour ce péché?

En faisant référence au fameux péché qui mène à la mort (le rejet du Fils), Jean précise: “Ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier.” (v.16). Je ne crois pas qu’il soit en train d’affirmer qu’il est interdit de prier pour de telles personnes (dans le sens qu’il ne faudrait surtout pas le faire). Il me semble que Jean veuille plutôt clarifier auprès de ses lecteurs ce qu’il est en train de leur demander. Lorsqu’il leur demande de prier pour ceux qui pèchent, il ne parle pas des faux enseignants qui s’égarent: il est question du frère ou de la sœur qui pèche. Pour le dire autrement, le but de Jean n’est pas de leur dire pour qui ne pas prier, mais plutôt pour qui prier.

Quelle application pour nous?

L’application de ces versets nous met au défi. Ce que Jean nous montre ici, c’est la bonne réaction à avoir face à un frère ou une sœur qui pèche.

En général, lorsque l’on voit un frère ou une sœur pécher, que ce soit envers nous ou quelqu’un d’autre, nous avons tendance à intervenir rapidement. Nous voulons reprendre la personne, en parler à d’autres, ou simplement laisser bouillonner les choses en nous. Mais dans ces versets, Jean nous dit de faire autre chose: prier. Il faut tout simplement prier pour cette personne; prier pour qu’elle prenne conscience de son péché (si ce n’est pas encore le cas), qu’elle puisse s’en repentir, et que Dieu lui donne la vie – c’est-à-dire une relation rétablie avec lui.

Est-ce là notre première réaction face au péché de nos frères et sœurs?

Il est vrai que la Bible nous apprend à réagir de différentes manières face au péché d’un frère ou d’une sœur (Mt 18.15-20 et 1P 4.8, par exemple). Notre réaction doit dépendre de la situation et du péché en question.

Cependant, quelle que soit la situation, quelle que soit la réaction appropriée, il y a toujours une chose que nous pourrons faire à n’importe quel moment: prier pour la personne, pour son bien spirituel. Cela témoigne de l’amour mutuel dont Jean parle dans sa lettre: nous voulons chercher le bien de nos frères et sœurs, et donc nous soucier de leurs péchés. Il ne s’agit pas de nous en soucier dans le but de commérer, d’en parler à tout le monde, ou de les regarder de manière négative parce qu’ils seraient plus faibles que nous qui n’avons pas commis ce péché… Il s’agit plutôt de nous en soucier parce que cela nous touche et que nous souhaitons leur bien spirituel. Nous voulons leur sainteté.

Imaginons, par exemple, que nous remarquions la réaction d’un frère ou d’une sœur qui nous semble immature, qui n'honore pas le Seigneur. Que faisons-nous? Est-ce que l’on s’indigne, en se disant que cette personne a encore beaucoup de progrès à faire? Est-ce que l’on en parle à quelqu’un pour se plaindre? Est-ce que l’on se précipite vers cette personne pour la reprendre?

Jean nous dit de commencer par prier: priez pour que le Seigneur l’aide à voir son péché, et si elle en est déjà consciente, priez pour que le Seigneur l’aide à travailler sur ce péché, afin de grandir en sainteté. Ensuite, observez le changement, et remerciez Dieu pour ce qu’il a fait…

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica, papa d'une petite fille, et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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