Pourquoi comparer entre eux nos témoignages de conversion est une erreur?

Évangile

Il existe autant d'exemples de conversion qu'il y a de chrétiens. Il est naturel de comparer son expérience de conversion à celle des autres. Quel encouragement pour moi à chaque fois que j'écoute comment Christ a sauvé telle ou telle personne!

Seulement, il y a un écueil dans lequel nous tombons parfois. Celui de la comparaison malsaine.

Certains ont vécu une conversion tellement spectaculaire que cela peut pousser d’autres à douter, voire penser que la leur en est une au rabais.

Voici pourquoi, selon moi, c’est une erreur de penser ainsi:

Erreur de jugement quant à la nature de la conversion:

Le miracle de la conversion d’un Saul de Tarse ou d’un fils et petit-fils de pasteur est tout autant un miracle. Nous étions tous autant morts, aveugles, sourds, étrangers, rebelles et ennemis de Dieu.

Pour être sauvé, il y avait la nécessité de la même incarnation, la même passion, la même résurrection et la même régénération qui ont rendu l’offre du salut possible ainsi que la réponse par la foi.

Je nuance désormais mon propos: je pense que Dieu utilise certaines conversions pour faire éclater sa gloire et pour rappeler sa puissance à son peuple. Mais cela pour nous conduire à l’émerveillement, non à la comparaison, car il a tout accompli pour chacun de nous.

Erreur de jugement quant à la nature et l’impact du péché.

Il m’est déjà arrivé d’entendre de la part d’une personne: « au moins toi, tu as fait ta vie avant de te convertir; du coup, tu comprends mieux la vie chrétienne. » Même pire: « au moins toi, tu as pu profiter avant de te convertir ». Véridique, on me l’a dit plusieurs fois. Si j’ai bien compris, il s’agit de regrets d’avoir été sauvé… trop tôt. C’est à vomir.

Avons-nous compris de quoi nous sommes sauvés?

Un tel raisonnement démontre une vision du péché qui est tout sauf biblique. Il oublie à quel point il est abject et destructeur. Il n’y a pas de mot pour en décrire sa laideur aux yeux de Dieu. Seul peut-être l’Enfer peut nous démontrer à quel point Dieu l’a en horreur. Si nous pensons l’inverse, c’est tout bonnement l’influence de Satan qui enjolive et relativise notre vision du péché. L’enfer est la seule chose que nous méritions vraiment.

Par ailleurs, même si on se sait, objectivement et réellement, lavé de sa culpabilité pour nos péchés passés, nous en gardons le triste souvenir toute notre vie. Ce n’est pas ce que j’appelle profiter de la vie. Certains de mes péchés passés se rappellent constamment à mon souvenir, et j’en porterai les stigmates psychologiques jusqu’à ma mort ou le retour du Seigneur.

Erreur de jugement quant au coût de la grâce de Dieu

Si la grâce est gratuite pour moi, c’est parce qu’elle a coûté à Dieu. Il a dû se donner lui-même.

Cela veut dire que non seulement on pense avoir moins besoin de la grâce, mais qu’on a également oublié que Jésus a dû souffrir jusqu’à la mort en portant notre culpabilité pour chacun de nos péchés passés, présents et ceux que nous commettrons à l’avenir. Nous avons le besoin urgent de regarder à la croix et de contempler le Christ brisé à cause de nous.

Erreur de jugement quant au but de la vie chrétienne

Malheureusement, les témoignages chrétiens se concentrent essentiellement sur le moment de la conversion… même après 10 ans de vie chrétienne. Or le but de notre salut est de faire de nous un peuple d’adorateurs missionnaires. Dieu nous a sauvés pour des bonnes œuvres préparées d’avance (Ép 2.10). Nous ferions mieux de nous exciter aux bonnes œuvres que nous devons faire, que de nous rappeler des mauvaises déjà faites.

Erreur de jugement sur l’excellence et le privilège de la connaissance de Christ

Quand quelqu’un se convertit jeune, Dieu lui fait le plus beau des cadeaux qu’il puisse lui offrir. Il lui offre la connaissance de Jésus-Christ et son union à lui.

Si seulement j’avais pu le connaître plus tôt dans ma vie! C’est mon plus grand regret. Combien d’années aurais-je rachetées, combien de personnes aurais-je moins blessées, combien de péchés n’aurais-je pas commis?

Et même je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur.

Philippiens 3.8

Mais plus que tout, combien d’années aurais-je déjà pu passer à pouvoir déjà l’aimer, contempler la gloire de sa grâce, sa beauté infinie et ses perfections!

Car Dieu qui a dit: “La lumière brillera du sein des ténèbres!” a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ.

2 Corinthiens 4.6

Rien ne peut nous rendre plus heureux que de connaitre Dieu. Mais nous l’oublions.

Qui de nous souhaiterait à quelqu’un de se tourner vers Christ le plus tard possible? Impensable! Si c’est le cas, c’est qu’on ne le connait pas (Rm 1.28).

Et vous, voyez-vous d’autres écueils dans la comparaison des témoignages de conversion?

Raphaël Charrier

À 17 ans, Raphaël s’engage dans l’armée dont il est renvoyé moins de deux ans après. Il reprend alors l’école et obtient le bac à 23 ans. C’est à ce moment qu’il découvre la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et place sa foi en lui pour être sauvé. Il poursuit ses études et devient Éducateur Spécialisé. Il s’oriente ensuite vers des études de théologie à l’Institut Biblique de Genève, puis à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-Sur-Seine, afin de se consacrer au service de l’Évangile.

Raphaël a été pasteur de l'Église Chrétienne Évangélique de Grenoble pendant 9 ans. Il sert désormais l'Église comme enseignant. Il est marié à Marion et ils ont deux enfants. Il est auteur du livre Vivre pour Jésus, qui a pour objectif d'aider les chrétiens à poser les bons fondements de la vie chrétienne, et coauteur de L'Évangile.net: 7 signes, une ressource d'évangélisation basée sur l'Évangile selon Jean.

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