Que signifie "porter sa croix"? (Matthieu 16.24)

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Porter sa croix, qu’est-ce que ça veut dire? À quoi cela ressemble-t-il dans la pratique? Retour aux paroles de Jésus dans cet article!

Nous utilisons parfois l’expression "porter sa croix" un peu à la légère. C’est l’idée que nous avons tous des fardeaux à gérer, des soucis, des "croix à porter". Cela peut être une belle-mère un peu difficile à supporter ou un bus qui nous met en retard. Dans différents cas, je "porte ma croix , car cela fait partie des difficultés de la vie.

Il faut cependant revenir aux paroles de Jésus pour comprendre ce que signifie réellement "porter sa croix". Voici ce que Jésus dit à ses disciples:

Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive!

Matthieu 16.24

Deux éléments à avoir en tête

Deux choses sont importantes à saisir pour comprendre ce que Jésus dit ici.

D’abord, il faut avoir en tête que Jésus dit cela en étant lui-même sur le chemin de la croix. Quelques versets plus tôt, Jésus dit à ses disciples qu’il va souffrir et être mis à mort (Matthieu 16.21). Jésus se dirige vers sa mort, et il invite maintenant ses disciples à le suivre. Nous pouvons donc comprendre qu’il s’agit de quelque chose de bien plus sérieux que de simples "galères du quotidien".

Ensuite, il faut comprendre ce que signifiait la croix dans le contexte de l’époque. Aujourd’hui, la croix est un symbole très répandu pour les chrétiens. Nous voyons des croix sur les façades de bâtiment, sur des pendentifs, en tatouages... En revanche, à l’époque, la croix choquait. La croix était un sujet d’horreur, dont les gens avaient honte de parler en société. Pour imposer un blanc dans une discussion de groupes, il suffisait de mentionner la croix! C’était la mort la plus cruelle que l’on pouvait imaginer, et la plus humiliante. La croix évoquait la mort, le rejet, et la cruauté.

Porter sa croix, c’est mourir à soi-même

Cela nous aide à comprendre ce que Jésus dit ici. Jésus invite ses disciples à se charger de leur croix et à le suivre. C’est-à-dire que suivre Jésus va impliquer la honte, le rejet, les moqueries, la souffrance – tout comme le fait de porter sa croix l’était.

Bien plus que ça, suivre Jésus implique même la mort. Ceux qui portaient leur croix à l’époque ne le faisaient pas par simple plaisir, comme on partirait en promenade. Non, ceux qui portaient leur croix le faisaient, car ils étaient condamnés à mort, et qu’ils marchaient vers le chemin de leur crucifixion.

C’est ce que Jésus veut dire à ses disciples. Suivre Jésus, c’est accepter de mourir. Il ne s’agit pas de la mort physique, bien sûr, mais de ce qu’on pourrait qualifier de "mort à soi-même". Suivre Jésus, c’est accepter de mourir à soi-même. C’est renoncer à soi-même. C’est reconnaître que je ne suis plus le roi de ma propre vie – c’est Jésus. C’est quitter le trône de ma vie pour laisser Jésus y régner. C’est renoncer à vivre pour mes ambitions et mes projets, et vivre pour Jésus, quoi qu’il en coûte. C’est, accepter, même la honte et le rejet qui y seront associés.

À quoi cela peut ressembler de porter sa croix?

Pour tous, suivre Jésus va coûter. Pour chacun, cela ressemblera à quelque chose de différent. Voici quelques exemples.

Porter sa croix, c’est subir le rejet de sa propre famille lorsque l’on décide de suivre Jésus. J’ai en tête plusieurs exemples de personnes qui ont été rejetées par leur famille, d’une manière ou d’une autre, depuis qu’ils sont devenus chrétiens. Devenir chrétien ne leur a pas rendu la vie plus facile, mais plus difficile. Il ne s’agit pas toujours de persécution physique, même si c’est parfois le cas, mais également de rejet, d’incompréhension, de regards, de jugement, de paroles déplacées.

Porter sa croix, c’est accepter d’être une minorité dans nos convictions éthiques ou dans le domaine de la sexualité. C’est accepter de ne jamais être populaire pour notre point de vue, accepter d’être mal jugé. C’est accepter d’être toujours regardé comme étant un peu bizarre et arriéré parce que l’on s’attache à la Bible.

Porter sa croix, c’est accepter de ne pas vivre le niveau de vie que je pourrais vivre, parce que je veux participer à l’œuvre du Seigneur financièrement.

Porter sa croix, c’est accepter de dire “non” à des choses bonnes et légitimes, comme un divertissement ou des choses que l’on aime – pas parce que ces choses seraient mauvaises, mais parce qu’on veut investir notre temps ailleurs, pour des choses qui ont une valeur éternelle.

Porter sa croix, c’est accepter d’entrer dans une lutte quotidienne contre le péché, pour rejeter ce qui déplaît à Dieu et grandir en sainteté. Accepter cela en sachant qu’il n’y aura pas de fin dans ce combat contre le péché, tant que l’on sera sur terre, mais sachant qu’on veut le faire par amour pour Dieu.

Porter sa croix, c’est mettre de côté du temps que l’on avait prévu pour soi, afin de prendre soin d’autres personnes de l’Église pour les aider à grandir dans la foi.

Ce ne sont que quelques exemples, parmi beaucoup d’autres. Oui, suivre Jésus va coûter. Cependant, il ne faut pas s’arrêter là. Suivre Jésus est ce qu’il y a de meilleur. Ça vaut la peine. Lisez ce que Jésus lui-même dit, après avoir appelé ses disciples à se charger de leur croix:

En effet, celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la retrouvera. Que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, s'il perd son âme? Ou que pourra donner un homme en échange de son âme?

Matthieu 16.25-26

C’est coûteux, mais ça vaut la peine. Vraiment.

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica, papa d'une petite fille, et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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R. T.