6 pièges à éviter quand on jeûne

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J’espère que vous avez envie de jeûner depuis qu’on a vu ce que Jésus enseigne à ce sujet (cf. Pourquoi chaque chrétien devrait vouloir jeûner). Mais je voulais aussi parler assez rapidement de quelques pièges à éviter quand on jeûne. Certains des pièges sont plutôt d’ordre médical, mais d’autres sont des péchés. Je recense 6 pièges du jeûne. À vous de m’aider à en relever d’autres.

Petit rappel: c’est quoi un « jeûne »?

Quand je parle de « jeûne », j’ai surtout en tête l’idée de s’abstenir de toute nourriture durant une certaine période. Mais il y a bien sûr moyen de jeûner d’autres choses (tels qu’un jeûne de Facebook).

Dans le premier article de cette série, on a posé la question: le jeûne, est-ce vraiment une pratique chrétienne? La réponse n’est pas si évidente, comme vous pouvez le découvrir ici.

Ensuite, dans un deuxième article, on a regardé l’enseignement de Jésus sur le jeûne. On a découvert que le jeûne qu’instaure Jésus est radicalement différent de tous les autres jeûnes du monde. Après avoir écouté Jésus, c’est naturel de vouloir jeûner et c’est pourquoi je propose aujourd’hui de parler des pièges du jeûne afin qu’on puisse les éviter. Ma liste est loin d’être complète. Et vous verrez aussi que certains des pièges sont liés aux autres: si l’on tombe dans l’un, on tombe souvent aussi dans un autre.

6 pièges du jeûne

Piège n°1. La santé

Je commence avec ce qui est peut-être le plus évident. Si vous avez des problèmes de santé, ou si vous prévoyez un jeûne un peu ambitieux, il faut consulter votre médecin.

Piège n°2. Oublier Dieu

Voici un piège dans lequel je tombe souvent. Je décide de jeûner, mais au lieu de transformer mes pause-repas en moments passés à rechercher la face de Dieu, je me laisse prendre par le travail.

Le but du jeûne, a-t-on dit, c’est de dire à Jésus combien sa présence nous manque. C’est donc un non-sens de jeûner sans prendre plus de temps de qualité avec lui.

Piège n°3. Avoir un mauvais rapport à la nourriture

Je vous invite à beaucoup de discernement pour ce point. Il y a deux facettes à ce piège.

• Il y a d’abord la facette plus connue: les troubles du comportement alimentaire (TCA). Ils sont en augmentation partout dans le monde. Aujourd’hui, entre 4 et 5% des femmes en France lutteraient avec l’anorexie ou la boulimie1. Je ne suis pas médecin, mais il me semble inimaginable qu’une personne souffrant d’anorexie soit autorisée à entreprendre un jeûne. Si c’est votre cas, abstenez-vous d’autre chose qui vous tient à cœur et qui occupe beaucoup de votre temps (Facebook, les séries télé, les films, la musique, les romans, etc.) pour dégager du temps, mais de grâce, continuez à vous alimenter. Votre perception de la nourriture est complètement erronée et vous ne devriez dans aucune circonstance jeûner du manger et du boire.

• Mais il y a une deuxième facette à ce piège. Elle est beaucoup plus difficile à cerner et je vous invite au discernement. Je n’en parlerais même pas si l’apôtre Paul n’en parlait pas avant moi.

Paul dénonce les « doctrines de démons » (1Tm 4.1) de certains dans l’Église d’Éphèse qui « prescrivent […] de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui connaissent la vérité. » (1Tm 4.3).

On ne sait pas exactement quelles sectes enseignaient cela. Mais il y a un principe ici pour nous. Paul dénonce, me semble-t-il, une attitude qui perçoit certains aliments comme mauvais. Et son argument, c’est la doctrine de la création.

Vous voyez donc pourquoi je vous invite au discernement. La difficulté est évidente: s’abstenir de gluten ou de lactose n’est pas une doctrine de démon. C’est pour des raisons de santé.

Mais, dans une culture obsédée par l’apparence et la forme physique, ne va-t-on pas trop loin en voulant éviter certaines bonnes choses sous prétexte qu’elles sont trop grasses, trop riches, ou trop je-ne-sais-quoi? Face à cette attitude, nous devons nous rappeler que Dieu les a créées pour que nous les mangions avec joie et reconnaissance (1Tm 4.3; cf. aussi Ac 14.17).

NB: Il y a donc ici une différence notable entre le jeûne de nourriture et d’autres formes de renoncement (de la cigarette par exemple). Nous ne jeûnons pas de la nourriture parce qu’elle est mauvaise en soi, mais parce que nous voulons dire à Jésus combien il nous manque.

Piège n°4. L’orgueil

On a un piège énorme ici. Jeûner régulièrement peut être une très bonne chose. Mais il faut à tout prix éviter de se croire meilleur que des chrétiens qui jeûneraient moins que nous. Quelle ironie si nos jeûnes ne faisaient qu’accroître notre péché!

Jésus illustre cela quand il compare les prières d’un pharisien et d’un collecteur d’impôts en Luc chapitre 18. La prière du collecteur est pleine d’humilité et de tristesse tandis qu’il confesse son péché à Dieu. Le pharisien, par contre, est plein d’orgueil et rappelle à Dieu toutes ses « bonnes œuvres » dont, le jeûne, disant « je jeûne deux fois par semaine » (Luc 18.12)

Rappelons-nous la conclusion de Jésus: c’est le collecteur d’impôts qui retourna dans sa maison justifié et non le pharisien. Le jeûne chrétien n’est pas un moyen de gagner des bons points auprès de Dieu. Au contraire, le jeûne chrétien est relationnel. C’est parce que Jésus nous a sauvés qu’on jeûne. En effet, nous voulons plus de sa présence, maintenant que l’époux nous a été enlevé (Mc 2.20).

Piège n°5. L’hypocrisie

L’hypocrisie, c’est avoir la forme de la piété et ne pas en avoir le fond. Il est particulièrement tentant de jeûner de manière hypocrite. En effet, puisque le jeûne est perçu comme une marque toute particulière de piété et de dévouement, il n’y a rien de mieux pour impressionner la galerie que de dire qu’on fait un jeûne de 7 jours (par exemple).

Jésus parle exactement de ce piège-là quand il enseigne sur la prière dans le sermon sur la montagne:

Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites; ils se rendent le visage tout défait pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense.

Matthieu 6.16

Voici un test: est-ce que vous jeûneriez, même si vous ne pouviez le dire à personne?

C’est pour cela que Jésus nous encourage à ne pas montrer aux hommes qu’on jeûne, mais à le faire pour Dieu seulement (Mt 6.18). Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas jeûner avec d’autres chrétiens (ou un partenaire de jeûne), regardez par exemple Actes 13.1-2. Mais nos jeûnes devraient être discrets.

Piège n°6. La mauvaise humeur

Ce piège ne concerne peut-être pas tout le monde. Mais pour certains d’entre nous, moi y compris, quand on a faim, on est souvent grognon. Très grognon, même.

Il faut donc être vigilant pour ne pas laisser le jeûne être une cause de péchés.

Soyons clairs, être grognon quand on a faim n’est pas une excuse pour ne pas jeûner. Il y a quelques années, je disais cela. Mais un ami m’a fait réaliser que ce péché (la mauvaise humeur) était en moi depuis toujours et que la nourriture ne faisait que masquer la mauvaise attitude. C’est d’ailleurs un des bienfaits du jeûne, il nous aide à voir d’autres de nos péchés. Mais ça, on l’abordera dans un prochain article.


  1. Statistique obtenue sur: https://www.anorexie-et-boulimie.fr/articles-208-epidemiologie-des-tca.htm (page consultée le 8 novembre 2016) 

Stéphane Kapitaniuk

Pécheur et disciple sauvé par la mort de Jésus à ma place. Mari de Hanna, papa de Noah (8 ans), Théa (3 ans), Marie (1 an). Pasteur de formation et directeur général de BLF Éditions depuis 2021. J’aime bien lancer de nouvelles initiatives. Découvrez BLFKids.com, un projet spécial parents, ainsi que BLFAudio.com, la première librairie chrétienne de livres audio. Avec Hanna, nous avons aussi fondé ChezCarpus.com, la première librairie chrétienne de livres d’occasion. Je propose également plusieurs formations créées pour le logiciel biblique Logos.

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