Nous rendrons compte de ce que nous regardons

Vie chrétienneCombat contre le péchéCritique de film

Joas fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel pendant tout le temps où il bénéficia de l’enseignement du prêtre Jehojada. Toutefois, les hauts lieux ne disparurent pas; le peuple y offrait encore des sacrifices et des parfums. – 2 R 12.3-4

Le peuple de Dieu peut réussir en de nombreux points, mais faillir sur un point essentiel. À l’époque des deux royaumes d’Israël, des rois foncièrement bons comme Josaphat, Joas, Amaziah, Azaria et Jotham, ont souvent fait du bien. Tous marchaient dans les voies de Dieu…

Pourtant, aucun n’a vraiment réussi à s’attaquer à un problème récurrent:

Les hauts lieux ne disparurent pas; le peuple y offrait encore des sacrifices et des parfums. – 2 R 15.35

Ces sanctuaires étaient utilisés pour faire des sacrifices, brûler de l’encens, organiser des fêtes et célébrer des festivals. C’étaient des lieux païens consacrés à l’adoration de dieux païens. Les hauts lieux étaient à la fois la norme de l’époque et trop populaires pour être supprimés.

Ce qui m’amène à Squid Game [ndt: le jeu du calmar], une série télévisée sud-coréenne qui met en scène 456 joueurs endettés et malchanceux. Ils reçoivent une mystérieuse invitation à participer à un jeu de survie, dans l’espoir de gagner 45,6 milliards de wons (plus de 36 millions d’euros). Une des épreuves est un jeu en extérieur pour enfants (le jeu du calmar), mais le principe même de la série n’a rien d’enfantin.

Chaque épreuve se termine forcément par la mort (souvent montrée de façon très réaliste et violente) d’un(e) participant(e). Chaque victime ajoute 100 millions de wons au grand prix. Depuis sa sortie mondiale le 17 septembre 2021, Squid Game a été regardé dans plus de 142 millions de foyers, devenant ainsi la série la plus populaire de Netflix à ce jour.

Ça ressemble à Hunger Games, non? Pas tout à fait.

Selon le Guide des parents d’IMDB [ndt: Internet Movie Database = Base de données cinématographiques d’Internet], voici ce à quoi vous pouvez vous attendre à propos de la série Squid Game:

Dans l’un des épisodes, un homme et une femme font l’amour dans une salle de bain et la femme est nue. Dans un autre épisode, un homme âgé enlève son peignoir de bain et demande à un homme plus jeune de le satisfaire. À un autre moment, on voit de nombreuses femmes nues avec des peintures sur le corps. Sans compter les dialogues émaillés de nombreuses grossièretés.

Il y a une grande différence entre raconter un péché avec franchise, sans vouloir exciter ou amuser la galerie, et le dépeindre à l’écran avec un budget de plusieurs millions d’euros et un étalage de corps nus et de scènes d’un réalisme répugnant. La présence de sexe et de gros mots est déplorable, mais selon le Guide des parents, le niveau n’en est que « modéré ». C’est la violence qui est classée « élevée ».

Des organes sont prélevés sur des cadavres. Des plans serrés montrant des globes oculaires, un cœur et d’autres organes sont clairement identifiables, mais seulement pendant quelques secondes.

Tout au long de la série on est face à une violence extrême, des scènes ignobles et des bains de sang. Les gens reçoivent des balles dans la tête, sont poignardés, tués.

Un homme se fait écraser la main dans les rouages d’une machine. Il hurle de douleur et on voit du sang jaillir de son moignon. Très réaliste.

Est-ce qu’un chrétien doit refuser de regarder un film avec du sexe, des gros mots et de la violence? Cette question peut être compliquée. Mais quand une émission fait un étalage explicite de corps nus et de violence physique (systématiquement), nous devrions nous poser cette question: pourquoi donc trouvons-nous cela divertissant?

Certains chrétiens s’empresseront de faire remarquer que la Bible contient aussi beaucoup de sexualité et de violence. Et c’est vrai. Mais, pouvons-nous simplement regarder une série comme Squid Game et honnêtement rendre grâce à Dieu (1 Co 10.30)? Est-ce que tous les films classés MA [ndt: mature viewers only = pour public adulte] sur Netflix nous aident à réfléchir sur ce qui est pur, honorable, juste, excellent et digne de louange (cf. Ph 4.8)?

J’ai récemment prêché sur 2 Corinthiens 6.14-7.1, où nous trouvons ce commandement de Paul: « Ne formez pas un attelage disparate avec des incroyants. » Qui parle encore comme ça? « Séparez-vous d’eux. » « Ne touchez pas à ce qui est impur. » « Purifions-nous de tout ce qui souille notre corps et notre esprit. »

Ce n’est certainement pas le message que nous attendons de la part de l’Église de nos jours. Mais c’est très certainement celui que nous avons tous besoin d’entendre. Je ne sais pas si beaucoup d’entre nous sommes vraiment vigilants par rapport à ce que nous regardons. Faisons-nous réellement attention aux contenus remplis de sexe, de scènes sensuelles ou violentes?

Lorsque l’on pense aux chrétiens des siècles précédents, on peut facilement voir d’abord leurs erreurs grossières (le racisme, l’esclavage, les préjugés culturels), alors même qu’ils ont fait beaucoup d’autres bonnes choses. Nous avons raison de critiquer nos ancêtres spirituels pour les péchés qui nous semblent si évidents. Mais prenons garde, car ils seraient tout aussi déconcertés par nos péchés à nous.

Je suis sûr que vous ne trouveriez pas un seul écrivain chrétien ou pasteur d’avant le 20e siècle (ou même d’avant 1965) qui approuverait un iota de ce que nous qualifions aujourd’hui de divertissement « modéré ». S’ils étaient parfois trop rigides, nous sommes certainement beaucoup trop laxistes, ce qui appauvrit nos églises et nos âmes.

Nous nous sommes habitués à ce qui devrait nous choquer. Nous ne voyons plus le péché dans ce que nous regardons. Les hauts lieux païens d’aujourd’hui ne se trouveraient-ils pas sur nos écrans?

Pour aller plus loin:

Kevin DeYoung

Kevin DeYoung est le pasteur de l'Église University Reformed Church. Auteur de nombreux livres dont Et si Dieu voulait autre chose pour moi…, il écrit régulièrement sur le blog DeYoung, Restless, and Reformed.

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