Quel responsable d’Église n’a jamais vécu de galères? Quel serviteur ne s’est jamais demandé s’il marchait sur la bonne voie en voyant les difficultés survenir? Lequel n’a jamais eu besoin d’être encouragé, ou qu’on lui remonte le moral (2Tm 1.6)?
Cette semaine, la lecture de la 2e épître à Timothée, certainement la dernière de l’apôtre Paul, me rappelle que le « succès » d’un ministère, comme on pourrait l’entendre, n’a rien à voir avec ce que la Bible en a à dire.
À vue humaine, la fin du ministère de l’apôtre Paul ressemblerait plus à un échec cuisant que ce qu’on voudrait bien laisser entendre. L’apôtre a bien parcouru plusieurs fois le bassin méditerranéen, persévéré, enseigné et formé, implanté, survécu, convaincu… Mais cela ne change rien à sa situation: il est en prison (2Tm 2.9), faussement accusé, conscient de l’éminence de sa propre mort (2Tm 4.6), abandonné de tous (2Tm 4.14,16) et même honteusement trahi par toute une région du monde connu (2Tm 1.15)! Et « l’hiver » arrive (2Tm 4.21)… Nous jetons parfois ce regard simpliste sur notre ministère ou pire, celui des autres.
Et comme si cela ne suffisait pas, au cas où nous serions toujours sceptiques à constater ces échecs, c’est le thème de la souffrance qui domine les 3/4 de la lettre. Paul n’a quasiment que le mot « souffrir » à la bouche. Ce qui fait de la 2e épître à Timothée un texte (mis à part 2Tm 3.16,17) auquel nous laissons peu de place dans nos prédications. Nous préférons l’éviter.
En y regardant de plus près, Paul ne parle pas d’anecdotes douloureuses comme le ferait un vieux pasteur aigri qui viderait son sac avant de partir en retraite. Mais il donne une véritable feuille de route à la génération suivante de leaders au travers de Timothée. Il l’invite, lui aussi, à souffrir (2Tm 1.8; 2.3; 4.5) comme lui-même a souffert et souffre encore. Sa place de prisonnier, Paul en fait un exemple à suivre (2Tm 2.10,14; 3.12). Pourquoi?
Tout simplement parce que Paul a la ferme conviction qu’il suit la voie empruntée par Jésus-Christ (2Tm 2.8). Et que les galères de son ministère ne sont que le prolongement des siennes. Il a foi dans le fait que ces galères rendent gloire à Dieu.
Au milieu de son invitation à la souffrance, Paul distille la vision d’un Dieu qui les contrôle et les utilise: c’est Lui qui l’a choisi comme apôtre (2Tm 1.1) et qui « recrute » (2Tm 1.9) pour le servir. C’est Lui qui a préparé le terrain dans la famille de Timothée (2Tm 1.5) et qui donne à ses enfants son Saint-Esprit (2Tm 1.6,7), un Esprit de force, pour faire face à ces galères liées à son service.
Paul reconnaît ses apparentes défaites, il ne les cache pas, il n’en a pas honte (2Tm 1.8,12,16) parce qu’il sait, avec une « conscience pure » qu’elles sont une partie essentielle de son service pour Dieu (2Tm 1.3). Puis, l’apôtre fait une seconde chose dans le corps de la lettre qui mérite notre attention sur ce sujet des galères du ministère: il regarde la gloire à venir et lève le voile sur son espérance pour la transmettre à Timothée.
Dans ses derniers jours, certes, l’apôtre appelle Timothée à la lucidité: les choses n’iront pas en s’arrangeant (2Tm 3.1ss; 2Tm 3.13; 4.3). Paul est certes un homme abattu. Mais cet homme parle aussi d’un espoir qui l’a porté et qui devra porter ses lecteurs au milieu de leurs galères. Paul est un homme certes abattu, mais pas battu (2Tm 1.12).
Parce que sa mort, comme la mort du Seigneur Jésus, n’est qu’un décor planté pour l’annonce de la vie éternelle, la prédication de la « promesse de la vie » (2Tm 1.1,10). Paul est sur le point d’obtenir la couronne comme prix de sa course (2Tm 4.8). L’heure de la délivrance et de l’entrée dans le royaume des cieux est enfin arrivée.
Je résumerais 2Timothée avec cette phrase : prendre part aux souffrances [1.1-2.13] et manier la Parole de Christ [2.14-4.5] jusqu’à la Gloire [4.6-22]. Voilà le programme que l’apôtre Paul propose à ceux qui veulent continuer la course: faire face aux galères inévitables de la foi et aux échecs apparents, en gardant foi que tout cela est utile et utilisé par Dieu devant qui nous n’aurons, bientôt, plus à rougir, pourvu que nous ayons intégré ces vérités.
À vous qui êtes en pleines galères du ministère, ou qui ne faites que les découvrir, écoutez cet encouragement
Souffre avec moi pour l’Évangile, par la puissance de Dieu.