C’était il y a presque quarante ans, mais je m’en souviens comme si c’était hier. Un soir, à la fin d’une rencontre d’Église, nous sommes entrés dans un profond moment d’adoration. Pour la première fois de ma vie, j’ai entendu et chanté ce cantique, composé par Laurie Klein: Vers toi, Seigneur, j’élève ma voix (JEM30).
Vers toi, Seigneur, j’élève ma voix
Pour t’adorer, mon Sauveur, mon Roi;
Reçois Seigneur, comme un doux parfum
L’amour et le chant de nos cœurs reconnaissants.
J’ai commencé à pleurer. Pas seulement parce que la mélodie était belle, mais parce que j’ai soudain pris conscience que mon désir ultime dans la vie consistait à aimer le Seigneur de tout mon cœur. De lui plaire. D’être pour lui un délice. Dans le tourbillon qui semble sans fin des tentations matérialistes, des distractions sensuelles et des saisons d’apathie, j’ai eu un moment de clarté. J’ai aimé le Seigneur.
Dire au Seigneur ce que nous ressentons quand nous sommes avec lui, est un élément sain et naturel de notre relation avec lui.
Proclamer des vérités sur Dieu sans l’aimer réellement peut avoir des conséquences désastreuses. Le puritain John Owen nous avertit:
Quand la lumière laisse derrière elle ce qu’elle ressent, elle aboutit au formalisme ou à l’athéisme.
Nous voyons cet accent dans les pages de l’Écriture. Avant que le peuple entre dans la terre promise, Moïse lui a rappelé la priorité absolue:
Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.
Deutéronome 6.5
Les Psaumes sont remplis de l’expression d’une véritable passion pour Dieu: élever des chants de joie vers Dieu, rechercher sa face, avoir soif de lui, se réjouir en lui, le désirer, et plus encore (Ps 84.2; Ps 63.1; Ps 64.10; Ps 73.25). En citant Ésaïe, Jésus a réprimandé un peuple qui « m’honore des lèvres, mais [dont le] cœur est éloigné de moi » (Mt 15.8). Pierre nous rappelle que même si nous n’avons pas vu Jésus, nous l’aimons, et nous nous réjouissons d’une joie ineffable et glorieuse (1P 1.8).
Il est donc légitime que des phrases qui mentionnent notre affection pour Dieu aient leur place dans les paroles des cantiques que l’Église chante. Et c’est le cas: « Nous t’adorons, nous t’aimons… Je te donne tout… Je loue ton Nom… Père, je t’adore… Je suis perdu sans toi… ô Jésus, je t’aime… »
Pourtant, il est possible de perdre l’équilibre. Quand nos cantiques et nos prières sont dominés par ce que nous pensons et ressentons à propos de Dieu, et que nous nous concentrons moins sur ce qu’il est et ce qu’il pense lui à propos de nous, nous courons le risque d’alimenter nos émotions avec encore plus d’émotions. Nous pouvons finir par louer notre louange.
Quelles pensées peuvent amener de l’équilibre quand nous exprimons notre affection à Dieu par des cantiques? Il y en a selon moi au moins quatre.
Curieusement, on trouve seulement deux versets dans les Psaumes où l’auteur dit explicitement qu’il aime le Seigneur. Le premier est Psaumes 18.1: « Je t’aime, ô Éternel, ma force! » Le second est Psaumes 116.1: « J’aime l’Éternel, car il entend ma voix, mes supplications. » Par contraste, les psalmistes mentionnent plus de cent fois l’amour inébranlable et fidèle de Dieu envers son peuple.
Se laisser entraîner dans un moment de passion pour le Seigneur, comme ce qui m’est arrivé des années en arrière, est encourageant. Mais que se passe-t-il quand votre amour diminue? Quand les mots « Je t’aime Seigneur! » ressemblent à de l’hypocrisie sur vos lèvres? C’est dans ce genre de période de vie que je dois me souvenir que ma relation avec Dieu n’est pas alimentée ou soutenue par mon amour à son égard, mais par son amour à mon égard. Et cet amour a été le plus clairement et définitivement démontré quand il a donné son Fils unique pour qu’il soit mis à mort sur une croix, endurant la punition que je méritais pour mes péchés.
Contrairement à ce que beaucoup s’imaginent, élever des chants vers Dieu ne consiste pas seulement à exprimer notre affection envers lui. Colossiens 3.16 dit que nous nous instruisons et exhortons les uns les autres. Éphésiens 5.19 dit que nous nous entretenons les uns les autres. Chanter est une expérience éducative! Nous nous rappelons mutuellement ce que Dieu a dit, ce qu’il aime, ce qu’il a fait et pourquoi toutes ces vérités le rendent si digne de notre adoration, de notre affection et de notre obéissance.
Mon épouse et moi nous sommes engagés à nous dire mutuellement « Je t’aime ». Dans les texto, les mails, les appels téléphoniques et les conversations de visu. Mais si nos paroles ne sont pas soutenues par des actes de service, de sacrifice et de générosité effectués dans la joie, elles sembleront vides de sens, voire égoïstes. Répandre nos cœurs devant Dieu en chantant peut être édifiant. Mais cela peut aussi trop facilement se substituer à la louange la plus importante que nous puissions apporter: l’obéissance aux commandements de Dieu et l’amour de ceux qui nous entourent.
Il est bon de se surprendre à aimer le Seigneur. Mais quand je regarde les choses distinctement, la réalité la plus merveilleuse et la plus fondamentale, c’est que lui m’aime, malgré mon péché, malgré mes échecs, malgré mon apathie, malgré le fait que je me détourne si facilement de lui, malgré mon imperfection, malgré mon orgueil, malgré mon égocentrisme, malgré mon hypocrisie, malgré mon apitoiement sur moi-même.
C’est une vérité qui peut transformer notre vie, et dont il faut se souvenir encore et encore. Alors oui, chantons « Je t’aime Seigneur! » avec reconnaissance. Mais passons encore plus de temps à nous attarder sur l’amour infiniment plus grand qui nous alimente et qui nous fait vivre:
Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés.
1 Jean 4.10
Merci à David Steinmetz pour la traduction de cet article. Traduit avec autorisation. ©2018 Desiring God Foundation. Site web: desiringGod.org
webinaire
Comment organiser des cultes pour chrétiens et non chrétiens?
Ce replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk et Franck Godin a été enregistré le 3 juillet 2018.
Orateurs
F. Godin et S. Kapitaniuk