Que penser des lois de l'Ancien Testament sur l'esclavage?

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Le sujet de l’esclavage peut être déconcertant pour la plupart des croyants en Occident. Comme pour tout sujet qui nous met mal à l’aise, nous devons commencer par suivre certains principes d’interprétation. Cela fait, nous devons ensuite faire de notre mieux pour reconnaître les lunettes à travers lesquelles nous, Occidentaux, pensons à l’esclavage.

Par exemple, en tant qu’Américaine, j’éprouve une répulsion particulière pour l’esclavage, car certains de mes meilleurs amis de jeunesse sont Afro-américains.

De plus, alors que je travaillais sur ma maîtrise en études africaines à UCLA, j’ai écrit ma thèse sur l’esclavage contemporain au Soudan. J’ai donc dû me débattre avec un grand nombre de ces questions. Voici quelques vérités que j’ai apprises et qui m’ont aidée à comprendre ce que la Bible enseigne au sujet de ce que nous voyons dans le monde d’aujourd’hui et dans l’histoire récente:

L’esclavage dans l’Ancien Testament

1. L’esclavage tel que nous le voyons dans le commerce transatlantique des esclaves est très différent de ce qui était pratiqué dans l’Ancien Testament (il en va de même pour la traite transsaharienne des Noirs par les Arabes, moins connue). La traite des Africains vers les Amériques était basée sur le kidnapping, qui est puni de mort dans la loi mosaïque (Ex 21.16). L’esclavage involontaire était interdit.

2. Certains peuvent dire que Dieu aurait dû abolir l’esclavage. Pourtant, étant donné la fréquence de cette pratique dans le proche Moyen-Orient, il y a beaucoup de sagesse dans la façon dont la loi mosaïque a créé des garanties pour protéger le bien-être et la dignité de ceux qui servaient, transformant l’institution de l’esclavage en réglementant la relation entre le maître et l’esclave de manière à éliminer les abus.

3. Au sein du peuple d’Israël, la servitude était volontaire. Les gens se mettaient au service d’autres personnes, généralement parce qu’ils étaient pauvres. C’était le moyen le plus simple de répondre à leurs besoins. Ainsi, pour qualifier ce type de travailleur,  « serviteur », « apprenti », « engagé » ou « travailleur sous contrat » seraient de meilleurs termes.

4. De plus, grâce à leur apprentissage, ils recevaient une formation sur le tas et apprenaient à travailler dans le contexte d’une famille. Un tel individu vivait temporairement dans la maison de son maître, travaillant dur en échange du logement, de la nourriture et d’un salaire honnête jusqu’à ce qu’il puisse rembourser ses dettes.

5. L’esclavage dans la Bible avait donc un but constructif. Le serviteur et le maître en profitaient tous deux, ce qui n’est pas la façon dont l’esclavage fonctionne normalement. Habituellement, le maître fait son travail aux dépens de son esclave. Mais le but de l’esclavage en Israël était de former des hommes et des femmes pour qu’ils deviennent des membres productifs de la société. Souvent, ils devenaient esclaves parce qu’ils étaient endettés, parfois à cause de leur propre négligence, parfois pour réparer un vol. Dans ces cas, leur péché était donc la cause de leur servitude. Mais au lieu de les condamner à la pauvreté à vie, la loi leur donnait la possibilité d’améliorer leur sort.

6. Tout cela les préparait à leur liberté finale. De cette façon, l’esclavage avait un but rédempteur. La servitude perpétuelle n’était pas le but, mais plutôt une indépendance responsable. « Le serviteur hébreu était voué à la liberté ».

7. En outre, selon Deutéronome 15.12-14, les esclaves hébreux devaient être libérés la septième année. Et ils n’étaient pas renvoyés les mains vides. Au contraire, les maîtres devaient leur donner tout ce dont ils avaient besoin pour commencer une nouvelle vie. Ils devaient affranchir leurs anciens esclaves. Dans son amour d’alliance, l’Éternel voulait que son peuple se montre mutuellement le même genre de grâce qu’il avait reçue lorsqu’il l’avait délivré d’Égypte, chargé d’argent et d’or (Ex 12.35-36).

Conclusion


Cet article fait partie d’une série d’articles qui abordent les questions épineuses que l’on se pose généralement à la lecture de la Bible, et la manière de les comprendre. Vous trouverez des principes essentiels d’interprétation biblique dans le premier article de la série.

Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans, dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent à l'Église Baptiste Évangélique Emmanuel et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Aurélie Bricaud. Elle est également Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec) et blogueuse sur le site The Gospel Coalition Canada.

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