Le petit tambour de plomb

Écriture

Ndlr: Vous vous souvenez du grand concours de contes sur le thème de la "Grace infinie" proposé par nos amis de Plumes chrétiennes? Vous avez été nombreux à écrire des textes de qualité, au point qu'un livre regroupant 40 de ces contes a été édité! Comme promis, nous vous proposons de découvrir le conte du grand gagnant de la catégorie adultes. Félicitations à Martin Alcione pour son conte, Le petit tambour de plomb!


Il y avait une fois vingt-cinq soldats de plomb, tous frères, car ils étaient nés d’une vieille batterie recyclée. Quelle fière allure ils avaient tous! On aurait dit la petite armée du conte d’Andersen. L’Intrépide Soldat de plomb trônait d’ailleurs fièrement juste à côté de notre régiment. La couverture montrait un soldat de plomb unijambiste, les yeux dans le vague, embarqué sur un bateau de papier au milieu des flots déchaînés.

Nos soldats se tenaient tous sur leurs deux jambes, car la batterie contenait assez de plomb pour tous. Ils portaient fièrement un plastron blanc rehaussé par une veste bleue, de larges épaulettes et des bonnets en fourrure d’ours noirs, ornés de plumeaux rouges. C’était l’unité d’élite de la Garde impériale de la Grande Armée de Napoléon. Chaque grenadier était armé d’une épée et d’un long fusil à baïonnette sur l’épaule droite, dont la crosse reposait sur le sol. Ce point d’appui supplémentaire les rendait particulièrement difficiles à faire basculer dans la bataille.

L’un d’entre eux, cependant, ne portait pas d’armes. C’était le tambour de la troupe. Il était plus instable, mais pas moins utile que les autres. C’est lui qui galvanisait les troupes et les guidait dans les heures sombres ou glorieuses du combat. Chaque soldat savait reconnaître le battement de la marche ou le roulement de la charge. Il portait une veste plus claire que les autres. Son visage était blanc, avec une bouche légèrement effacée. Ses bras étaient suspendus dans l’air, prêts à battre le tambour pour réveiller le champ de bataille.

Le petit garçon de la maison ne jouait que très rarement avec ses petits soldats de plomb. Il préférait sa collection de Ninjas colorés en Lego. Les grenadiers s’étaient accommodés de cette permission inespérée. Ils étaient maintenant admirés par les visiteurs comme des pièces de musée:

– Quelle finesse! Quelle précision dans les traits!

– Enfin des jouets solides et durables! Ce n’est pas comme les jouets de maintenant qui font déborder nos poubelles...

Ce concert de flatteries ravissait nos soldats qui bombaient le torse intérieurement (cela est possible, mais seulement pour un soldat bien entraîné à rester immobile).

Ce soir-là, quand le petit garçon de la chambre s’endormit, un battement se fit entendre. C’était un rythme doux et régulier qui se répercutait à travers toute la chambre. Les bras de notre tambour s’étaient animés, d’abord lentement, puis de plus en plus rapidement. Un à un, tous les jouets de la chambre se mirent en mouvement. Les peluches s’étirèrent dans le lit. Les vaisseaux s’envolèrent dans un vrombissement lointain. La ville de Lego bourdonnait maintenant d’activité. C’était un spectacle tout à fait extraordinaire qui se déroulait dans la semi-obscurité.

“Vers l’infini et au-delà!”, aurait lancé Buzz l’éclair.

Lorsque notre tambour termina doucement son ouverture solennelle, la chambre était plus vivante qu’en plein jour. Toute l’armée des petits soldats de plomb s’était déjà réunie autour d’une petite veilleuse qui était comme un feu de camp crépitant sur l’étagère. L’un d’entre eux posa son fusil et commença à raconter l’histoire d’amour impossible de leur intrépide ancêtre, comme on le faisait souvent. C’était devenu un rituel, sans que l’on sache trop comment ni pourquoi. Le conteur arriva bientôt au passage qui faisait frémir tout l’auditoire. Il prit une voix de circonstance, grave et terrifiante:

“Minuit sonna, et crac! Voilà le couvercle de la tabatière qui saute; mais, au lieu de tabac, il y avait un petit sorcier noir. C’était un jouet à surprise. Soldat de plomb, dit le sorcier, tâche de porter ailleurs tes regards!”

Le soldat avait ajouté (au moment du “et crac!”) un grand geste qui était censé mimer une boîte qui s’ouvre. Tous les soldats avaient sursauté. Au fil des années, le sorcier noir était devenu la seule et unique peur du régiment d’élite de la Garde impériale. Ils craignaient de le voir surgir des boîtes de la chambre pour enlever l’un des leurs ou jouer un mauvais coup. Le général avait d’ailleurs imposé trois ommandements pour se prémunir du danger:

  1. Ne pas quitter l’étagère et rester ensemble.
  2. Se méfier des boîtes et du tabac, surtout à minuit.
  3. Ne pas regarder au-delà de notre étagère.

Le plus jeune des soldats avait quand même ajouté:

– La poussière protège du froid. Il vaut mieux ne pas trop bouger pour la laisser se déposer sur nos épaules.

Tous étaient d’accord. De toute façon, au-delà de l’étagère, il y avait un grand vide. Immense. Infranchissable. Notre tambour lui-même s’était laissé envahir par cette peur. Comme les autres, il préférait se tenir à l’écart de tout ce qui était plus grand que lui, pour ne pas se sentir tout petit. Il évitait la lumière comme un chat évite l’eau.

Pourtant, au lieu d’écouter l’histoire, il s’était assis au bord du vide et s’imaginait ce qu’il pouvait y avoir au-delà de la porte lointaine. Elle était à la fois si proche, et si inaccessible! La frayeur du sorcier noir n’avait pas éteint tous ses rêves. Il se disait parfois:

– Le monde ne peut pas se limiter à cette chambre. C’est impossible.

Cette pensée, diffuse comme un rayon de soleil dans le brouillard, lui était venue en écoutant la maman du petit garçon qui lisait des histoires à voix haute. Chaque soir, elle embarquait son fils pour un nouveau voyage vers des trésors cachés et des mondes féeriques. Dans cet océan de mots, les héros étaient souvent accablés par la peur et le doute, comme lui. Son cœur métallique s’emplissait de désir: et s’il y avait un autre monde? Son cœur, alors, pourrait battre...

Un jour, le petit garçon de la chambre s’était dirigé vers les soldats de plomb. Tout le monde était au garde-à-vous, parfaitement immobile, comme de coutume. Le garçon avait commencé à mettre les soldats en place sur le sol. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas joué avec. Il avait saisi le tambour et l’avait porté tout proche de ses yeux pour le regarder de plus près:

– Tu as le sourire triste, mais tu as dans les yeux le désir d’être vivant, lui avait dit le petit garçon. Tu n’es pas comme le soldat de la couverture qui a les yeux dans le vague.

Le tambour avait eu l’impression que le petit garçon pouvait voir au-delà de son apparence. Oui, il était triste, comme un matin d’hiver glacial. Sa vie nocturne avait souvent un goût amer. Il avait beau avoir la solidité du plomb, cela n’y faisait rien, il pensait au monde au-delà de la porte.

– Regarde-moi bien, lui dit le petit garçon.

Il avait alors vu dans les yeux du jeune garçon quelque chose qu’il n’oublierait jamais. Sur le fond sombre de sa pupille, il y avait un grand flocon de neige immaculé. Un flocon gigantesque et brillant que l’on pouvait déplier à l’infini, tel un flocon de papier. Le tambour de plomb avait plongé dedans, comme on plonge dans un lit moelleux. C’était une sensation extraordinaire, un saut dans le vide sans élastique, sans vertige et sans atterrissage. Quand l’enfant l’avait reposé sur le sol avec délicatesse, le tambour avait gardé avec lui un bout de ce flocon. Un autre soldat lui avait dit plus tard:

– Nous appelons cela une figure fractale. Cela vient du latin "fractus" qui signifie "brisé".

Il avait trouvé cela très beau. Il était de nouveau plongé dans un flocon doré, surfant sur les cristaux, quand son esprit fut attiré par une guirlande abandonnée depuis Noël sur l’étagère. Il prit alors une décision qui le surprit lui-même: il allait quitter l’étagère. Dès cette nuit.


Les autres étaient toujours absorbés dans le conte de l’Intrépide soldat de plomb: c’était le moment ou jamais. Il lança la guirlande en direction du sol, la fixa fermement, et se laissa glisser jusqu’au sol, en utilisant les ampoules LED comme les barreaux d’une échelle. Cela se passa sans encombre, mais le plus dur restait à faire: la chambre ressemblait clairement au champ de bataille de la Moskova, qu’il avait traversé jadis dans un roman de Tolstoï.

Il s’arrêta un instant, pour regarder plus intensément la porte au bout de la chambre. Il l’imaginait s’ouvrir sur un monde beaucoup plus vaste, dont la chambre n’était qu’une pâle esquisse. Il se voyait déjà gambader au-delà, comme la chèvre d’un monsieur dont il ne se souvenait plus du nom (il disait maladroitement “la chèvre de monsieur Sequin”, et ça brillait dans sa bouche comme un diamant).

“Soldat de plomb, dit le sorcier, tâche de porter ailleurs tes regards!”

La phrase du conte était revenue, sans prévenir. Affolé, le tambour détourna les yeux de la porte. La chèvre s’était faite dévorée: cela lui revenait tout à coup. “Marcher au pas sur la plaine est plus sûr que de gambader sur la montagne”, disait toujours le général. Son enveloppe de plomb pesait soudain bien lourd. Il repensa alors à un poème ancien, que l’on disait autrefois, dans les longues soirées au coin du feu. Cela faisait longtemps que plus personne ne l’avait prononcé, mais notre tambour le connaissait toujours par cœur:

Petits soldats de plomb, la bataille est finie,

La rivière asséchée déborde de nouveau,

Sonnez, tambours! Le roi, dans sa grâce infinie

Envoie son propre fils, ses chars et ses chevaux.


Les oiseaux reviennent avec leurs gazouillis,

Les ours endoloris sortent de leur tanière,

Après le rude hiver, la lumière jaillit;

Le roi souffle où il veut la brise printanière.


Des cendres dispersées naît le feu de l’espoir,

Le vieil arbre sans vie reverdit sur la rive,

Sous la rosée du ciel, tout germe, tout s’avive:

Le roi a pour toujours vaincu le sorcier noir!

Ce soir-là, ce poème résonna avec une force nouvelle. Le roi a pour toujours vaincu le sorcier noir... Cette pensée lui redonna de l’espoir et une bouffée de courage se propagea dans tous ses membres. Il se remit en marche vers la liberté et sentit les sombres chaînes qui le retenaient sur l’étagère se desserrer.

Il enjamba tout d’abord une pile de livres particulièrement glissante. Il esquiva un jouet roulant et sauta par-dessus une bille qui menaçait certainement d’exploser d’une minute à l’autre. Il déboucha ensuite sur une grande plaine, jonchée par des briques de Lego en tout genre, qui lui rappelèrent les cadavres qui gisaient dans la boue (mais en plus colorés).

Une grande porte rouge se dressa devant lui, gardée par quatre guerriers ninjas. Il n’avait aucune pratique du Kung-fu et, pour seule arme, son tambour. Avec un peu de chance, il pourrait en assommer un avec, mais pour les autres? Il fredonna pour se donner du courage:

Petits soldats de plomb, la bataille est finie,

La rivière asséchée déborde de nouveau,

Sonnez, tambours! Le roi, dans sa grâce infinie

Envoie son propre fils, ses chars et ses chevaux.

Il s’approcha et constata avec soulagement que l’on ne prêtait guère attention à lui. Les ninjas semblaient absorbés dans un exercice de méditation. Il grimpa les quelques marches en pierre et poussa les portes du dojo. Un drôle de robot le regarda comme un extraterrestre. Une figurine Lego sans tête, complètement désorientée, manqua de le renverser.

C’est alors que dix guerriers mi-humanoïdes, mi-serpents, taillés dans du plastique, surgirent d’une boîte tout près de lui. La lumière des veilleuses se reflétait sur leurs écailles et leur donnait une apparence lugubre. Ils se déplaçaient avec une fluidité surnaturelle et un sifflement sinistre, derrière leur chef qui tenait une grande lance argentée. Leurs yeux brillaient dans l’obscurité comme les éclats d’une lune rouge.

– Le sorcier noir, pensa à voix haute le tambour de plomb.

Il regretta de ne pas avoir de fusil. Avant qu’il ne puisse dire un seul mot, les serpents se jetèrent sur lui. Il ne résista pas à la force de l’assaut et son corps résonna comme une cloche quand il tomba sur le parquet froid. Les hideuses créatures commencèrent à entailler minutieusement son corps de métal. Le tambour sentait déjà ses forces le quitter.

Soudain, les serpents lâchèrent leur proie et émirent un sifflement aigu. Six guerriers Ninja et leur maître venaient de surgir et se déployaient dans un bruissement de soie. L’un deux, le ninja blanc, maniait avec agilité deux shurikens dorés et brillants comme des lames de rasoir.

Le maître ninja transforma son long bâton en flûte et commença à jouer. Cela calma aussitôt la fureur des Serpents. Les six ninjas se précipitèrent pour les anéantir dans une chorégraphie d’une précision chirurgicale.

Cependant, le chef des serpents ne semblait pas affecté par le son de la flûte. Au contraire, sa rage avait redoublé. Il était maintenant gigantesque (à moins que ce soit simplement une impression). Sa gueule immense, grande ouverte, était prête à avaler le malheureux tambour. C’était fini. Le tambour ferma les yeux et attendit la mort.

C’est alors que, sans la moindre hésitation, le ninja blanc fit un saut puissant pour se jeter entre l’immense reptile et le tambour. Le prédateur eut un mouvement de recul. Les shurikens dorés tournaient maintenant à une telle vitesse qu’ils ne formaient plus que deux cercles jaunes qui quittèrent les mains du ninja en direction de la gorge du reptile.

Mais, au lieu de trancher la gorge du grand serpent, les deux shurikens se heurtèrent dans un éclair silencieux et se transformèrent en aigle majestueux, aux plumes éclatantes. L’oiseau de proie évita le reptile et se déploya dans le ciel avec un battement d’ailes rapide. Le tambour eut à peine le temps de voir une plume tomber lentement vers le sol.

Les crocs du serpent se refermèrent sur le ninja blanc qui s’effondra sur le coup. Aussitôt, l’aigle doré plongea sur le serpent et lui trancha la tête de ses serres tranchantes. Puis, il disparut en laissant derrière lui un sillage étincelant, telle une étoile filante.

Silence. Le maître Ninja se précipita vers la figurine blanche, en vain: elle avait perdu la vie.

Le tambour releva la tête. Les cinq ninjas et leur maître s’étaient naturellement regroupés, tête baissée, dans un profond recueillement. Le maître ferma les yeux et commença à jouer une mélodie qui semblait venir des murs et du sol. La flûte fut bientôt rejointe par un battement de tambour. Les deux musiciens remplissaient l’espace et le temps de leur gratitude, dans un concert improvisé, doux et épique. Si l’un des deux instruments faiblissait, l’autre le soutenait.

Les cinq ninjas prirent alors la dépouille de leur frère et la déposèrent délicatement dans une barque, échouée sur le bord d’une rivière étincelante. Ils déposèrent sous sa tête un coussin de soie, posèrent la plume d’aigle sur son front et mirent deux shurikens dorés à ses côtés. Ils jetèrent à ses pieds la lance du grand serpent. Puis, ils poussèrent la barque qui s’élança sur les flots, ballottée par le courant. Les notes du tambour et de la flûte semblaient suivre les mêmes mouvements. Le ninja blanc reposait paisiblement, tel Boromir le Grand sous les étoiles du Rohan. La barque disparut bientôt au loin, en direction des hautes chutes qui vont à la Grande mer. La musique se tût.

Quelques secondes plus tard, le groupe entier des Ninjas s’était évaporé. Le tambour de plomb se retrouva seul. Il passa la main sur ses entailles et regarda devant lui. La porte n’était plus très loin.

Il nagea encore à travers un océan de vêtements jetés en vrac et évita un lapin en peluche en train de sautiller. Enfin, il arriva au pied de la grande porte. Il se tint fièrement devant elle. Il avait l’orgueil démesuré des soldats vainqueurs. Et avec une dernière inspiration profonde, il poussa la porte...

Elle ne bougea pas d’un millimètre.

Il ne pouvait pas atteindre la poignée. Le petit tambour avait omis ce petit détail.

“Soldat de plomb, dit le sorcier, tâche de porter ailleurs tes regards!”

Le sorcier noir hurlait dans sa tête maintenant. C’était comme une puissante salve d’artillerie. Cela lui ôta tout ce qu’il lui restait de courage. Il n’avait plus le temps de faire le chemin du retour. Alors, il s’allongea sur le sol, laissa échapper une larme de plomb et attendit que le jour le rende à sa condition.

Il se vit alors en train de parcourir un champ de bataille, une grande plaine encore fumante et jonchée de cadavres. Il était le seul survivant et portait un étendard où se dessinait l’aigle doré de l’empereur vaincu. Son visage blanc regardait avec terreur l’effroyable désastre. Une pensée lui traversa l’esprit:

– Je n’y suis pour rien. Ce n’est pas moi qui ai provoqué ce carnage.

Il regarda ses mains: elles étaient pleines de sang. Il comprit alors qu’il était aussi coupable que tous les autres. Il leva les yeux sur son drapeau et vit l’aigle doré étendre ses larges ailes pour s’envoler. Celui-ci plana un instant au-dessus de la plaine et se dirigea vers une montagne grise et brillante comme du plomb. Au sommet se tenait le ninja blanc. Ses vêtements étincelaient et ses yeux brillaient comme deux soleils majestueux. L’aigle doré se posa sur son épaule droite.

Une brèche s’ouvrit dans le flanc de la montagne et quatre chars attelés s’élancèrent dans le ciel. Plusieurs soldats étaient maintenant debout et regardaient vers la montagne d’étain. Ils avaient posé leur fusil et tenaient des torches enflammées. La plaine semblait en feu.

Le tambour de plomb tremblait, sans que l’on puisse dire si c’était la peur ou l’émerveillement. Il tomba à genoux et murmura ce simple mot qui affleura naturellement sur ses lèvres:

– Pardon...

Un torrent bouillonnant surgit alors de la brèche et tomba en cascade dans un grand fracas. Sur son passage, l’eau peignait le paysage avec des milliers de couleurs éclatantes.

En quelques secondes, les flots rugissants parvinrent jusqu’au tambour de plomb, toujours agenouillé. Les eaux l’ensevelirent comme un linceul.


Lorsque le soleil se leva, tous les jouets avaient retrouvé leur place, sauf notre petit soldat. Le petit garçon le trouva inanimé, devant la porte. Il se pencha et le souleva délicatement.

Le petit tambour, toujours immobile, sentit une légère vague de chaleur l’envahir.

Soudain, un battement. Régulier et profond. Comme une pulsation.

Mouvement de paupière. Où était-il?

Il vit tout d’abord son tambour, intact, posé à côté de lui. Ce n’était pas donc pas lui qui battait ainsi avec entêtement.

C’était un cœur de chair, dans sa poitrine.

Il regarda ses mains: elles étaient roses et propres. Il était vivant. Des larmes salées coulèrent de ses yeux, alors qu’il se relevait doucement.

Il était dans un endroit à la fois doux et tiède, comme un refuge. Une main. Les plis étaient des vallées profondes où la lumière pénétrait dans les moindres recoins.

Son regard se porta alors vers le ciel:

– Qui es-tu?

– J’étais le poème ancien, la guirlande LED, le ninja blanc, l’aigle doré et le torrent bouillonnant, répondit le petit garçon. Et je serai celui qui te portera à destination.

Le cœur du soldat se mit à battre au même rythme que celui de l’enfant. Tout imprégné de ce tempo, il ramassa son tambour et joua une marche improvisée pour dire sa reconnaissance infinie.

Le vieil arbre sans vie reverdit sur la rive...

Fin

— Martin Alcione


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