Job, le malheur et la foi

SouffranceRecension de livre

Voici le constat d’Alexandre Sarran dans son livre Job, le malheur et la foi: notre société nous incite à rechercher par tous les moyens à éviter la souffrance, à la contenir, à la restreindre, à la compenser. La Bible, au contraire, nous invite à la traverser avec confiance. Une traversée, un cheminement, c’est exactement ce à quoi nous invitent ces quelque 350 pages. Prenez votre bâton de marche, je vous emmène à la découverte d’un livre qui pourrait bien vous pousser dans vos retranchements.

Loin des sentiers battus

La souffrance… Y aurait-il vraiment encore quelque chose à dire sur le sujet? Nombreux sont les auteurs, les compositeurs, les poètes, les peintres, et même les théologiens qui ont tenté d’en dessiner les contours pour lui donner un sens. Mais, la souffrance ce n’est pas simplement un sujet théorique sur lequel se penchent les experts de notre monde. Elle touche chacun d’entre nous, au plus profond de notre être: elle fait partie de notre expérience d’êtres humains, de manière plus ou moins forte, plus ou moins diffuse, plus ou moins temporaire.

Cette expédition nous emmène sur les traces de Job, un homme des temps lointains. En effet, Job serait le livre le plus ancien de la Bible. Au fil des pages, nous découvrons à quel point Job nous est semblable. Mais il y a plus, l’auteur démontre à quel point l’histoire de Job est pertinente pour nous aujourd’hui. Ce voyage dans le temps est plutôt de type randonnée: c’est un pas après l’autre, une péricope après l’autre, que le lecteur chemine au travers du texte biblique qui est inclus in extenso dans l’ouvrage.

Même si l’on marche d’un bon pied, lors d’une excursion en montagne, le rythme est tel qu’il permet de prendre le temps de se pencher pour admirer une jolie fleur, ou de contempler le panorama. De même, l’auteur aborde le sujet en profondeur, avec le regard de quelqu’un qui sait prendre en compte les nuances, mais aussi observer le contexte plus général. Il décortique le texte dans toute sa complexité et n’évite pas les sujets polémiques. Il aborde à la fois la souveraineté de Dieu dans la souffrance et sa bonté. Il évoque sans détour le rôle de Satan, la dureté de cœur des amis de Job, la souffrance du juste. Il résume, il exhorte, il appelle à la repentance, il pointe nos faiblesses. Certaines nuances pourraient sembler très (trop?) fines pour le lecteur qui entame l’ascension du livre de Job pour la première fois: Qui est vraiment derrière la souffrance de Job? Il est dit que Job n’a pas péché, pourquoi alors Élihou, puis Dieu le reprennent assez vertement? etc. Que ce lecteur ne se décourage pas, il pourra toujours ouvrir à nouveau cet ouvrage et approfondir le sujet.

C’est aussi à un voyage plus personnel que nous appelle ce livre. Comme les randonnées propices à l’introspection, ce livre invite le lecteur à oser regarder en face la nature de ses propres souffrances et les questionnements, parfois inavouables, qu’elles soulèvent. Par moment, il nous pousse dans nos retranchements, mais toujours avec douceur et bienveillance.

Pour tous ceux qui côtoient la souffrance, ce livre sera un appui théologique précieux.

Un compagnon de route

« Ce n’est pas un commentaire. » C’est à peu près ce que m’a dit Alexandre Sarran lorsque nous avons échangé quelques e-mails au sujet d’une recommandation de livre. C’est une compilation de la série de prédications qu’il a données pour son Église durant la Covid 19. Un chapitre correspond à une prédication et s’enracine donc profondément dans le texte biblique. Ce livre, accessible à tous, écrit dans un langage conversationnel, est truffé d’exemples et d’anecdotes qui le rendent d’autant plus vivant. Dès le début, l’habilité du prédicateur et la compassion du pasteur transparaissent de manière évidente.

Voilà ce qui fait de ce livre un véritable compagnon de route pour tous ceux qui côtoient la souffrance. Ce livre est comme un ami qui, sur le chemin de la vie, vous donne une phrase qui vous encourage, vous rappelle l’exemple d’un chrétien des temps passés, vous conseille, et parfois vous reprend avec douceur. C’est un livre à lire comme on marcherait en montagne: il faut parfois s’arrêter pour reprendre son souffle tant le paysage qui s’offre à nous est émouvant. Si les répétitions pourraient gêner quelques lecteurs assidus, elles seront, pour ceux qui se permettent une pause, des jalons utiles pour ne pas perdre le fil.

Par moment, l’auteur oscille entre le tutoiement et le vouvoiement. Cette hésitation que les lecteurs apprécieront différemment en fonction de leur génération, rappelle le format de la prédication. En réalité, c’est là, l’un des atouts du livre: cela donne presque l’impression que l’auteur marche avec nous. La force de ce texte, c’est que finalement, sur le chemin, nous ne sommes plus seuls: il y a nous et, par moments, l’auteur, mais il y a aussi Job et surtout, surtout Jésus. Alors, on s’abandonne, comme à des amis, parce qu’on sent bien que l’auteur, en tant que pasteur, connaît les méandres de l’âme humaine, les deuils, la maladie, la déception; on sait que Job a vécu pire que nous et qu’il comprend; on se rappelle que Jésus est notre rédempteur, celui qui a quitté la gloire de son ciel pour s’abaisser afin que nous puissions être à lui, par la foi.

Pour tous ceux qui côtoient la souffrance, ce livre sera comme un baume bienfaisant pour le cœur.

Chemin de croix

Dès les premières pages, la direction est donnée:

Le but de mon livre est de préparer mes lecteurs à faire l’expérience de la souffrance selon la foi […]. Au cœur de cet apprentissage, il y a la personne et l’œuvre du divin Rédempteur, le Seigneur Jésus-Christ. C’est aussi le cœur du livre de Job.

Ce livre est un constant rappel que le croyant marche à la suite d’un sauveur qui a souffert. Pourtant, il n’est ni culpabilisant ni triomphaliste. Il nous rappelle la grande histoire biblique dans laquelle tout être humain s’inscrit, Job, comme nous: nous sommes pécheurs et nous avons besoin d’un sauveur. Il nous montre que Jésus est ce plus grand et ce meilleur Job, celui qui possédait vraiment tout et qui s’est abaissé. Celui qui n’était pas simplement juste aux yeux de Dieu, mais parfait. Celui qui n’a pas juste été malade, mais qui est mort. Celui qui n’a pas simplement été restauré, mais qui est ressuscité, qui est vivant et qui prie encore aujourd’hui pour ceux qui souffrent et qui lui appartiennent par la foi. Ce livre nous rappelle qu’il n’est pas anormal qu’un croyant souffre, mais qu’en toute circonstance, il possède auprès du Père, un avocat qui compatit à ses souffrances.

Ce livre résonne d’espérance. Il nous présente Job avec honnêteté. Par moments, il est combatif malgré les attaques de ses amis, plein d’assurance malgré la douleur; et à d’autres moments, il est abattu par l’incompréhension ou déprimé par l’absence de soutien. Malgré tout, Job espère. Nous, lecteurs du XXIᵉ siècle, nous devrions être secoués par ce constat. Parce que Job, lui, il a vécu avant la croix… tandis que nous, nous vivons après la croix. Nous avons l’Ancien et le Nouveau Testament; nous avons l’Église; nous avons le baptême et la cène. Job nous donne une leçon, lui qui ne pouvait que regarder vers l’avant. Il nous exhorte à regarder en arrière, pour voir le chemin parcouru — non pas celui que nous aurions parcouru par nous-mêmes, mais celui que Christ a parcouru — et à regarder en avant, dans l’attente, non pas d’un sacrifice à venir, mais de son retour.

Oui, dans cet entre-deux qu’est le déjà (la croix) et le pas encore (le retour de Christ), nous souffrons. Mais cette souffrance devrait nous conduire, non pas à nier nos difficultés ou à en faire le centre de nos vies, mais à espérer. Job nous rappelle que cette espérance peut par moment prendre la forme d’une lamentation.

Pour tous ceux qui côtoient la souffrance, ce livre offre l’Évangile dans toute sa beauté.


Pour aller plus loin

Miryam Lott

Sage-femme de formation initiale, Miryam a grandi en Afrique où elle a fait ses premiers pas de foi. Elle est mariée depuis 18 ans et maman de deux garçons de 6 et 8 ans. Elle aime creuser la Bible avec les femmes de son Église et termine actuellement une formation en ligne avec IBG Online. Passionnée par les mots, les livres, et les langues, Miryam est actuellement traductrice et rédactrice. Être une enfant de Dieu tout en étant une enfant de son siècle, selon les mots de Tim Keller, voilà ce qui l’enthousiasme!

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Orateurs

G. Bignon