Il est d’usage au XXIe siècle de se laver les mains avant de manger. Et aujourd’hui plus que jamais en cette période de pandémie. Je constate pourtant que Jésus ne le faisait pas, et j’avoue être étonnée. En tout cas, pas selon la tradition des anciens. D’ailleurs, il ne l’exigeait pas de ses disciples non plus.
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Dans son évangile, Marc (7.1-23) nous rapporte que Jésus est en Galilée lorsque des scribes et des pharisiens l’interpellent. Ils viennent de Jérusalem pour l’accuser. Les juifs, à cette époque, se conforment à des traditions très strictes de purification dont les origines remontent à la loi mosaïque. En Exode 30.17-21, l’Éternel a donné des ordonnances à Moïse concernant la purification des sacrificateurs qui exerçaient leur service dans le tabernacle. Ces prescriptions ne concernaient que les sacrificateurs. Mais, au fil du temps, les pharisiens ont imposé ces rites à tout le peuple.
Le lavage des mains avait une portée très symbolique. Il illustrait l’importance de se purifier à l’extérieur comme à l’intérieur. Dans la pensée biblique, les mains sont la quintessence de l’homme: les actions qu’il accomplit avec ses mains proviennent de son cœur – soit pour bénir et guérir, soit pour verser du sang et commettre le mal. Le psaume 24 (verset 4) évoque: « celui qui a les mains innocentes et le cœur pur; celui qui ne livre pas son âme au mensonge, et qui ne jure pas pour tromper ». De façon poétique, les mains et le cœur sont très souvent mis en parallèle dans l’Ancien Testament.
Dans l’épisode relaté par Marc, les pharisiens et les scribes interrogent Jésus en mentionnant “la tradition des anciens” et non la loi de Moïse. Ils accusent les disciples de Jésus de manger avec des mains impures. Pour eux, c’est un grave délit., dont la conséquence est la séparation d’avec Dieu. Mais Jésus connaît leur cœur, et sait qu’ils se moquent éperdument du sens spirituel que revêtent ces traditions.
Jésus confronte les pharisiens et les scribes en citant Ésaïe 29.13. Ce verset est extrait d’un passage dans lequel Jérusalem est jugée à cause de son iniquité. Et plus particulièrement à cause de sa non-observation de la loi: les Juifs offraient des sacrifices à l’Éternel mais leurs cœurs étaient très éloignés de Dieu.
L’Eternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l’obéissance à la voix de l’Eternel? Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers.
1 Samuel 15.22
Jésus reprend les pharisiens sur un sujet essentiel. Il se disent amateurs de la loi mais inventent des subterfuges pour la détourner et lui désobéir. Jésus cite un exemple, parmi d’autres, de leur hypocrisie: le cinquième commandement “Honore ton père et ta mère” est assez explicite (Exode 20.12). Mais Jésus renchérit, à l’adresse des pharisiens et des scribes: « Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort » (Exode 21.17). La mort est le jugement réservé à ceux qui n’obéissent pas à ce commandement capital. Jésus montre aux pharisiens de quelle façon ils ne respectent pas cette loi et provoquent la colère de Dieu.
Jésus met à jour leur stratégie. Les pharisiens savent pertinemment que la loi les oblige à prendre soin de leurs parents âgés et dans leur besoin. Mais ils savent aussi que la loi exige qu’ils donnent des dîmes et des offrandes. Si donc ils prennent l’argent qu’ils sont censés donner pour leurs parents et le réservent pour des offrandes spéciales, ils s’estiment libérés de leur obligation envers leurs aînés. L’offrande consentie demeure dans leurs coffres et ainsi ils en profitent, puisqu’ils vivent exclusivement de dons.
Après avoir repris les pharisiens, Jésus exprime avec des mots simples ce que les leaders religieux ne comprennent pas: rien de ce qui vient de l’extérieur peut rendre nos cœurs impurs; c’est ce qui sort de nos cœurs qui nous souille.
Jésus déclare de la sorte que tous les aliments sont purs. Si, pour nous, cette assertion est une évidence, elle est révolutionnaire pour ceux qui écoutent Jésus. Elle va à l’encontre de tout ce que les leaders religieux leur ont toujours appris. A savoir qu’il faut se focaliser sur l’extérieur, sur les apparences. Personne ne leur a jamais enseigné que le plus important est ce qui est à l’intérieur, ce qui habite leur cœur. Encore une fois, les pharisiens ne comprenaient pas le sens ultime des règles alimentaires de l’Ancien Testament.
Dieu avait donné à son peuple des lois alimentaires spécifiques qui le distinguait des nations païennes environnantes. Dieu voulait que, devant la façon de manger des Israélites, leur façon de s’habiller, de cultiver leurs champs, de traiter les étrangers et les veuves, de prendre du repos le jour du Sabbat, et surtout par leur manière de craindre l’Eternel, les nations soient émerveillées et disent: « Ouah! Leur Dieu est le vrai Dieu. Nous voulons vivre sous sa loi nous aussi! »
Je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre.
Ésaïe 49.6
Israël a-t-il réussi la mission que l’Eternel lui avait confiée? Nous savons bien que la réponse est non. Mais là où Israël a échoué, Jésus a triomphé. Il a fait, en qualité de représentant du peuple, ce que les Juifs ne pouvaient pas faire eux-mêmes. Par son avènement, Jésus a ouvert la porte du salut à toutes les nations, à travers le voile déchiré. Parce que Jésus a accompli la loi, les juifs et les païens greffés qui constituent son peuple sont libres quant à la loi. Mais si Jésus nous a rendus libres à l’égard des lois cérémonielles, il ne nous a jamais dégagés de notre obligation d’avoir des cœurs purs.
Quelle est l’application pour nous aujourd’hui? Devons-nous nous laver les mains consciencieusement? Bien sûr. Devons-nous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher la propagation du COVID-19? Absolument. Mais, au-delà de ces indispensables règles d’hygiène, rappelons-nous toujours le principe que Jésus nous enseigne dans Marc 7: ce dont nous avons le plus besoin, c’est d’être rendus propres à l’intérieur. Nous pouvons suivre tous les bons protocoles sanitaires et respecter le confinement imposé, nous pouvons nous laver les mains et désinfecter notre petite cuisine, nous pouvons mettre en place toutes sortes de prérogatives élaborées pour nous protéger et protéger nos familles… mais si nous ne purifions pas nos cœurs, tout cela reste vain. Parce qu’aujourd’hui, demain ou dans 40 ans, nous nous retrouverons tous devant notre Créateur. Cette période si particulière de pandémie est une invitation à mettre de l’ordre dans notre maison, et à inviter tous ceux qui nous sont chers à faire de même.
Cet article est tiré de mon étude sur Marc 7.1-23 (Les traditions qui tuent).
webinaire
Est-ce que ma vie chrétienne est "normale"?
Ce replay du webinaire de Dominique Angers a été enregistré le 21 Octobre 2021.
Orateurs
D. Angers