Comment les réseaux sociaux influencent ta vie

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L’influence des réseaux sociaux

Si l’on en croit les travaux de James Smith dans sa trilogie sur les « liturgies culturelles » (2009, 2013, 2017), nous serions constamment modelés par ce qui se passe autour de nous. Ce qui nous entoure nous influence. Chaque élément sociétal, du centre commercial à la télévision, en passant par les autoroutes, exerce une influence sur la façon dont nous voyons le monde.

Même si on peut critiquer certaines solutions proposées par Smith, elle sont néanmoins utiles. Je trouve son analyse du problème très convaincante.

D’autre part, mes travaux sur la « génération Z »[1] ont montré d’importantes dérives dans le domaine des réseaux sociaux et leurs diverses formes. On les pointe souvent comme la cause de bien des problèmes de la génération Z (et parfois aussi comme étant la solution à ces problèmes!).

J’aimerais relier ces deux points (l’influence culturelle et les réseaux sociaux): quelle influence les réseaux sociaux a-t-elle sur nous? Comment celle-ci nous façonne-t-elle?

Voici 10 éléments que j’ai observés.

1. Le moment présent est important.

Ce qui compte, c’est ce qui est nouveau. Ce qui est le plus récent importe le plus: les flashs info, les derniers statuts et stories des amis, le buzz de la semaine.

2. J’ai besoin de recevoir de l’encouragement des autres

J’ai besoin des autres pour m’encourager, pour me conforter dans mes décisions et pour me like__r, ou autrement dit, pour m’aimer.

3. Ce qui obtient des likes a de la valeur

Les informations, les opinions ou les faits qui ont le plus de valeur sont clairement ceux qui récoltent le plus de likes, de retweets, d’interactions. C’est d’ailleurs ainsi que fonctionnent les algorithmes.

4. Je dois jouer sur le ton dramatique pour recevoir du soutien

Nous l’avons tous expérimenté, nous y avons même peut-être été allergiques: si vous voulez recevoir de l’amour sur les réseaux sociaux, adoptez un ton sérieux et dramatique. Vous serez bien vite abondamment soutenu.

5. Tout est terrible

Nos fils d’actualité sont remplis de choses qui ne vont pas. Tout est mauvais, et c’est de pire en pire.

6. Dire ce qu’il faut, c’est faire ce qu’il faut

Ce que je peux faire de mieux, c’est de publier la bonne déclaration au bon moment sur les réseaux. Que j’agisse ou non en conséquence n’est pas très important; il faut d’abord dire.

7. La foi reste privée, ou bien reste fade

Soit la foi est une donnée que nous ne partageons pas sur les réseaux sociaux, soit elle fait l’objet de gentilles phrases bien formatées et un peu niaises.

8. Je dois garder le contrôle sur mon image.

L’image que je projette de moi-même doit être contrôlée. Avant d’écrire, de liker, de partager, de commenter, je dois constamment réfléchir à l’image que je veux renvoyer.

9. Je n’ai pas besoin d’ôter le masque

Nous soignons l’image que nous offrons au monde, en utilisant et en gardant toutes sortes de masques, qui font partie de nous-mêmes.

10. Je suis ce qu’on voit de moi

Être, c’est être vu, être liké, recevoir de nombreuses marques d’encouragement.

Est-ce que tout cela vous parle? On pourrait probablement ajouter d’autres points, mais il y a là bien des réalités que nous pouvons expérimenter avec les réseaux sociaux.

Avez-vous remarqué qu’on vit de plus en plus comme cela IRL (In Real Life, dans la vraie vie)?

Oui, je peux observer ces comportements dans ma vie, certains plus clairement que d’autres. Je les vois aussi très régulièrement à l’œuvre dans la vie des jeunes que je connais bien.

  1. Bizarrement, le moment présent parait tellement important, alors que développer de vraies qualités prend du temps.
  2. L’encouragement instantané n’a rien à voir avec la « vieille » notion d’amour et d’amitié, celle qui doit parfois confronter quelqu’un avec son péché.
  3. Ce qui a vraiment de la valeur ne récolte pas souvent de likes: la vertu, le don de soi, le fait de porter sa croix chaque jour, l’obéissance discrète, les pleurs avec un ami, la rédaction d’une carte pleine de sens, une longue promenade en forêt.
  4. Nous pensons qu’on a besoin de verser dans le dramatique pour obtenir de l’amour en retour, alors que l’amour est censé être pleinement disponible dans la famille que forme l’Église.
  5. Tout n’est pas horrible, même si certaines choses le sont. Bien des choses de la vie d’aujourd’hui sont positives, parfois meilleures qu’elles ne l’ont jamais été.
  6. Dire la bonne phrase peut être important, mais la poster sur les réseaux sociaux ne l’est que rarement. Ce qu’on appelle le « slacktivisme » (l’activisme fainéant) ne nous fait pas avancer.
  7. La foi n’est jamais appelée à se cantonner au privé, ou à être évoquée avec platitude. Le christianisme touche tous les aspects de la vie, ou bien il reste lettre morte. Les petites pensées gentilles et naïves ne sont pas un problème, mais peuvent le devenir si elles deviennent notre seule moyen d’exprimer notre foi.
  8. Mon image n’est pas si importante, sauf pour mes plus proches amis. Et eux me voient déjà tel que je suis.
  9. En vivant de vraies relations, je livrerai la vérité à propos de moi, et d’abord à moi-même.
  10. Je ne suis pas ce qu’on voit de moi, à moins qu’il ne s’agisse de ce que Dieu voit de moi: c’est là exactement ce que je suis.

Le plus triste, c’est que nous calquons toutes ces attitudes sur notre relation avec Dieu!

Voici un premier pas que vous pourriez faire: reconnaitre que les réseaux sociaux ont cette influence sur vous. Pouvez-vous discerner cela dans votre vie? Nier cette réalité serait stupide, car tout a une influence sur vous. Mais pouvez-vous repérer précisément de quelle manière les réseaux vous modèlent?

Ensuite, considérez comment ils affectent votre vie. Puis, avec discernement et dans une démarche de prière, interrogez-vous pour savoir si vous devriez quitter tel réseau social, ou bien en contrôler votre usage. Parfois, il peut être utile de faire des coupures régulières, de supprimer l’application sur votre téléphone, de vous imposer des limites de temps. Tout ce qui vous permettra de vous exercer à la piété.

Vous me remercierez dans 20 ans.


Merci à Cédric Jung pour la traduction de cet article.[1] Generation Z [article en anglais].

Pour aller plus loin:

T.M. Suffield

T.M. Suffield est pasteur, auteur et professeur à Birmingham (Angleterre). Retrouvez-le sur @timsuffield ou sur son blog nuakh.uk.

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