On entend beaucoup ce mot en ce moment. Mais qu’est-ce que ça veut dire "être intentionnel"? Et surtout, comment ça se manifeste? Quel intérêt?
Dans cet article, je vais essayer d’articuler quelques réflexions théoriques, pratiques et théologiques autour de l’intentionnalité.
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Être intentionnel, c’est mettre l’accent sur l’intention dans ce que nous faisons. Dès lors, nos actions ou nos paroles sont motivées par une intention; ce n’est plus le fruit d’un réflexe ou d’une réaction, mais bien le résultat d’une volonté. Ça peut paraître surprenant de mettre autant l’accent sur l’aspect volitif, mais pas tellement quand on considère nos comportements, quelque soit le domaine.
On n’a pas le temps. On n’a plus le temps. Dans tous les cas, on court après le temps, qui manque. La vérité, c’est que le temps ne manque pas, nos journées sont aussi longues -ou courtes- qu’il y a dix ans ou cent ans. J’entends et je dis souvent que je n’ai pas le temps, en essayant de faire toujours plus avec des journées qui font toujours vingt-quatre heures. Quel rapport avec le fait d’être intentionnel? Ne pas avoir le temps équivaut souvent à ne pas le prendre. Alors plus que de prendre du temps, il faut prévoir de prendre du temps. Être intentionnel dans sa gestion du temps ce n’est pas que vouloir le gérer mais mettre en place des mesures concrètes pour le gérer.
Dans un récent article sur les relations amoureuses, le point numéro un était celui de l’intentionnalité. Être intentionnel dans une relation, c’est être clair sur ce que l’on veut, ce que l’on ressent et ce que l’on communique. Dans l’article, l’auteur donne quelques exemples concrets. Dans quoi je m’engage? Mes intentions sont-elles claires? Est-ce que je sais ce que je veux? Est-ce que l’autre connaît la nature de mes sentiments? sont autant de questions qui peuvent nous aider à être intentionnel dans nos relations.
Dans les quatre points à travailler pour développer l’évangélisation, J.D. Greear a placé l’intentionnalité en premier. C’est un caractère crucial de l’évangélisation. Pour lui, l’évangélisation n’arrive pas par hasard, c’est une habitude qu’il faut cultiver. Être intentionnel par rapport à l’évangélisation, c’est mettre en œuvre une approche consciente. On va mettre en place des moyens pour parler aux gens, un peu comme dans cet article de Tim Chester sur six moyens d’être missionel.
La première question que l’on peut se poser rejoint la question du temps. Combien de temps est-ce que je passe en ligne? Et surtout, comment j’occupe ce temps en ligne? Beaucoup reconnaissent passer trop de temps sur Internet, c’est bien, mais être intentionnel serait d’identifier le temps inutile et y remédier. Quel temps je passe sur Facebook? Et si j’en passe trop, je pourrais utiliser un add-on comme Leechblock (ou Nanny pour Chrome) par exemple. Si je suis distrait par la possibilité d’aller sur l’Internet, je le bloque avec Freedom. Des fois je regrette d’avoir perdu du temps sur des sites inutiles, alors que j’aurais pu lire un article ou avancer un des dix milles livres qui m’attendent. Notre comportement aussi trahit notre intentionnalité – ou pas. J’en ai parlé dans mon article précédent, être intentionnel passe aussi par ce que nous partageons – ou pas. La bêtise que je partage aujourd’hui sera au même niveau que le verset que je partagerai demain.
Faire des bilans m’aide à questionner mon comportement et mes usages. Souvent, c’est en me posant des questions et en confrontant mes pratiques à celles de mes frères que j’arrive à voir quand je m’écarte de mes objectifs. Ne pas être intentionnel, c’est courir le risque de me laisser conduire par mes envies, mes pensées et mes motivations. Être intentionnel au contraire, c’est penser mon comportement à la lumière de la Bible. Même les bilans procèdent d’une démarche intentionnelle. Je sais que de moi-même, les bilans ne sont pas naturels. J’ai plutôt tendance à me laisser vivre et à pas bouger tant que ça marche. Par exemple pour faire un bilan du temps que je passe devant mon ordinateur, j’ai récemment installé Rescue Time, un logiciel qui me permet de le faire.
Être intentionnel c’est bien, s’en remettre totalement à Dieu, c’est mieux. Même avec une intentionnalité aigüe, nous avons des limites. Reconnaissons avant tout que nous dépendons de Dieu, en toutes choses. C’est bien d’être intentionnel, mais il ne faudrait pas que cela nous fasse oublier ni nos limites, ni Dieu qui n’en a pas. Même avec les meilleures intentions, il arrivera que nous fassions mal et c’est là où il ne faut pas oublier la grâce de Dieu. Un autre danger serait aussi de penser que nous pouvons tout gérer, qu’il nous suffit d’un minimum d’organisation et de volonté. Si être intentionnel peut être une bonne chose, que cela ne nous éloigne pas de l’obéissance à Dieu.
Ce que je fais, quelque soit le domaine, honore t-il Dieu? Est-ce que j’ai besoin de faire ça? Pourquoi je le fais? En me posant régulièrement ces questions, j’essaie de discerner ce qui m’est utile de ce qui ne l’est pas ; ce qui honore Dieu de ce qui le déshonore.
On connaît bien le verset: « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Co 10.31). L’enjeu est de taille. Tout ce qu’on fait doit concourir à glorifier Dieu. Ce verset permet de replacer pas mal de choses en perspective. La question de l’intentionnalité doit être motivée par cette envie de tout faire pour la gloire de Dieu. Au fond, être intentionnel pour nous chrétiens, c’est d’abord rechercher activement la gloire de Dieu.
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webinaire
Comment avoir une vision biblique du monde et de la culture?
Découvre le replay du webinaire de Raphaël Charrier et Matthieu Giralt (Memento Mori) enregistré le 24 octobre 2018.
Orateurs
M. Giralt et R. Charrier