Héritage de Foi: Témoignage d'Abbie Greth

Abbie est née dans une famille de missionnaires. Ses parents, originaires d'Europe, sont venus au Québec pour annoncer l'Évangile à une époque où les chrétiens évangéliques y étaient très peu nombreux. Inspirés par leur expérience des camps chrétiens dans leur pays d'origine, ils se sont engagés dans les camps existants de l’époque.

En 1964, son père, avec son ami G. Cotnoir, a fondé le Camp des Bouleaux. C’est ainsi qu’Abbie a grandi en passant tous ses étés dans les colonies de vacances, où elle a vécu des moments marquants: sa conversion à l’âge de 6 ans, sa consécration et son appel missionnaire à 11 ans, qui l'ont conduite à se faire baptiser à l’automne.

Au fil des ans, elle a pu affermir sa foi et apprendre à mieux connaître son Seigneur. Elle s’est mariée peu avant ses 19 ans et a servi avec son mari, Jean-Pierre, d’abord au Lac Saint-Jean, Québec, pendant 14 ans, puis comme missionnaires en Belgique et en France pendant 26 ans. De retour au Québec, ils continuent de servir le Seigneur dans la région de Granby. Le Seigneur leur a donné quatre fils et seize petits-enfants.

1. Quel conseil donneriez-vous à vous-même à l'âge de 20 ans?

Confie-toi pleinement en Dieu, comme tu t’abandonnerais dans un La-Z-Boy (fauteuil relax). Arrête de vouloir tout contrôler et laisse Dieu opérer en toi son œuvre de transformation. N’aie aucune crainte, car il veille sur chaque aspect de ta vie et de ton être. C’est lui qui fait, et toi, tu dois simplement être. Son but est de te transformer pour que tu ressembles à son Fils. Il te demande d'être fidèle, pas de produire des résultats.

Éternel, tu nous assures la paix, puisque tout ce que nous faisons, c'est toi qui l'accomplis pour nous.

_{Ésaïe 26.12}

Fortifie-toi et prends courage. Ne sois pas effrayé ni épouvanté, car l'Éternel, ton Dieu, est avec toi où que tu ailles.

_{Josué 1.9}

2. Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu d'un mentor?

Ne mets pas ton espoir dans les hommes, tourne ton regard vers Jésus.

Les êtres humains, même les plus proches et les plus chers, finiront par te décevoir d'une manière ou d'une autre. Nous sommes tous imparfaits et faillibles, susceptibles de faire des erreurs et de commettre des injustices. Une confiance et des attentes trop élevées dans une ou plusieurs personnes peuvent mener à la déception et à la frustration.

Dirige ton attention vers Jésus. Il est le seul parfait, infaillible et immuable. En lui, il n'y a pas de déception, seulement amour, fidélité et vérité. Il est le même hier, aujourd'hui, et éternellement (Hé 13.8). Sa constance et sa perfection sont des fondements solides pour notre foi.

En gardant les yeux fixés sur Jésus, tu trouveras un modèle parfait à suivre, un guide sûr dans les moments difficiles, un réconfort inépuisable dans les épreuves, et une source inépuisable de sagesse, de paix et de direction.

…courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée. Faisons-le en gardant les regards sur Jésus, qui fait naître la foi et la mène à la perfection.

_{Hébreux 12.1-2}

En ne regardant pas aux hommes, mais en gardant les yeux fixés sur Jésus, tu trouveras une source de force et de stabilité inébranlable.

3. À part votre mère, quelle femme a le plus influencé votre vie?

Marianne Petit-Clerc: elle s’est convertie vers l’âge de 14 ans. Sa famille, très fervente dans la foi catholique, a été touchée par l’Évangile libérateur de Jésus-Christ après une série d’épreuves. En 1953, ils ont tous été baptisés.

Marianne a suivi fidèlement son Seigneur et a manifesté un grand dévouement envers la famille de Dieu. Jeune adulte, elle m'a enseigné à l'école du dimanche. Sa persévérance et son esprit doux ont toujours été pour moi un modèle. Quelques années plus tard, alors que j'avais entre 12 et 15 ans, avec son amie Carole, elles étaient responsables du groupe de jeunes.

Marianne aimait beaucoup rire et s'amuser, mais elle savait aussi nous transmettre des principes de vie pour de jeunes chrétiens. En observant sa vie et ses choix, j'ai pu constater qu'elle vivait ce qu'elle enseignait.

Par exemple, elle a choisi de servir Christ plutôt que de se marier. Attachée à l'appel qu'elle avait reçu, elle a mis fin à une relation avec un jeune homme formidable qui n'avait pas le même appel. Ce choix m'a profondément marqué et m'a conduit à mettre Christ en priorité dans mes propres relations.

4. Comment le Seigneur a-t-il transformé un échec ou un échec apparent dans votre vie pour sa gloire et votre bien?

À l'appel du Seigneur, nous avons quitté une situation remplie de joie et de bénédictions à Alma, au Lac Saint-Jean, Québec, pour un pays où l'Évangile progressait difficilement: la Belgique. Petit à petit, avec d'autres collègues pasteurs et missionnaires, nous avons pu nous réjouir des progrès et de la croissance de l'œuvre.

Cependant, un jour, l'adversaire a semé la division et tout s'est effondré. Le Seigneur nous a alors ouvert une nouvelle porte de service en France. Partir après avoir œuvré corps et âme pendant dix-sept ans pour ce qui semblait être un échec était difficile à accepter. Nous n'arrivions pas à faire le deuil de cette période.

Mais le Seigneur prend soin des cœurs! Environ deux ans plus tard, lors d'une retraite d'une semaine, un prédicateur a prêché sur la dépression d'Élie après le glorieux événement du feu tombé du ciel. Le problème d'Élie était qu'il espérait ardemment que le peuple se tourne résolument vers l'Éternel et abandonne ses idoles. Il désirait voir la gloire de Dieu sur le pays. Mais cela ne s'est pas produit.

Élie, menacé de mort, a dû s'exiler, se sentant seul, sans personne pour le défendre ou se lever pour l'Éternel. À quoi bon continuer à vivre? Cela décrivait bien nos propres émotions. Nous voulions tant voir l'Église de Dieu grandir, devenir forte et être une lumière dans ce pays, mais le contraire semblait se produire. Dix-sept ans d'efforts nous paraissant vains.

Le Seigneur nous a alors rappelé que les résultats lui appartenaient, et non à nous. Nous étions jugés non sur les résultats, mais sur notre fidélité. Il était capable de se glorifier sans nous. Nous avons pu lui abandonner nos attentes et nous laisser réconforter par sa grâce et son amour.

Quelques années plus tard, nous sommes retournés en Belgique. Le Seigneur nous a donné la joie de voir des enfants que nous avions connus, maintenant devenus adultes et parents, activement engagés dans leur Église. Nous avons vu des Églises qui s’étaient développées, qui avaient grandi et créé des ministères pour atteindre la population avec l'Évangile.

Nous étions infiniment reconnaissants. Le Seigneur est au contrôle de son Église. C'est lui qui la bâtit, pas nous!

5. Avez-vous déjà eu envie d'abandonner le ministère? Si oui, qu'est-ce qui vous a permis de tenir?

Nous avons connu des moments très difficiles dans notre ministère. Nous avons versé des larmes, nous avons traversé des périodes de déprime et de découragement, et nous nous sommes sentis incompétents, submergés et démunis. Cependant, jamais nous n'avons envisagé d'abandonner.

Ce qui nous a permis de tenir, c'est la réalisation que le Seigneur savait comment nous réconforter. Parfois, cet encouragement était monumental et nous remplissait d'une énergie renouvelée. Souvent, il se manifestait à travers de petits signes: “Je suis là. Je ne vous abandonne pas.” Nous avons appris à les reconnaître et à en être reconnaissants. Grâce à cette présence constante et rassurante du Seigneur, nous avons trouvé la force de continuer malgré les épreuves.

À cela, le Seigneur a ajouté le soutien de frères et de sœurs qui ont été prêts à nous écouter ou à combattre avec nous, nous épaulant mutuellement. Nous avons réalisé qu’il faut apprendre à voir les interventions de notre Père céleste. Nous souhaiterions parfois que les choses changent plus vite ou qu’il fasse place nette de certaines situations ou même de certaines personnes.

Si notre Père est rempli de grâce pour nous, il l’est aussi pour les autres. Nous avons appris à pardonner, à être patients et à attendre que Dieu lui-même ouvre le chemin plutôt que de vouloir l’ouvrir nous-mêmes.

Et dans sa grâce, il nous a bénis et donné des occasions inattendues pour servir et être utiles. Il nous a toujours donné une place et confirmé notre appel et notre raison d’être. C’est un Dieu merveilleux et bon!

6. Comment gérez-vous la tension entre rester fidèle à vos convictions et rester ouvert à de nouvelles idées et perspectives?

C'est un exercice délicat, mais essentiel. Il y a quelques convictions fondamentales, qui sont immuables et ne peuvent évoluer avec de nouvelles idées. Toutefois, ces dernières sont assez peu nombreuses. Elles forment le socle de notre foi et de nos valeurs profondes. Pour tout le reste, nous réalisons que notre Dieu est un Dieu de variété, de couleurs et de différences.

Dieu laisse à ses enfants beaucoup de latitude quant à leur compréhension de sa Parole et à sa mise en pratique. Il est surprenant le nombre de sujets qui peuvent être l’objet d’interprétations diverses tout en respectant le socle de notre foi. Cette diversité témoigne de la richesse de la création divine, ainsi que de la complexité et de la grandeur de la sagesse de notre Père céleste.

En reconnaissant cela, nous comprenons qu'il est essentiel de rester humbles. Il est facile de condamner trop rapidement un frère ou une sœur qui a un avis différent, mais cela serait contraire à l’esprit de paix, d’amour et d’unité que Dieu attend de nous. Cette humilité implique d’écouter activement et de considérer sérieusement les perspectives des autres, même lorsqu'elles diffèrent des nôtres.

Cependant, cela n’empêche pas d’avoir des préférences et des arguments solides pour défendre nos convictions. Toute opinion n’est pas forcément valable, et il est crucial de trouver les textes qui appuient ou réfutent un argument. La Bible nous offre des ressources abondantes pour nourrir notre réflexion et affiner nos positions. Apprendre à interpréter et à appliquer ces textes tout en restant ouverts aux différentes perspectives enrichit notre compréhension et notre foi.

Ainsi, pour gérer cette tension, nous nous efforçons de maintenir un équilibre entre la fidélité à nos convictions et l'ouverture aux nouvelles idées. Cela implique de:

1. Identifier clairement les convictions fondamentales qui sont immuables.
2. Reconnaître la diversité des interprétations et des pratiques comme une richesse plutôt qu'une menace.
3. Écouter activement et avec humilité les perspectives différentes.
4. Développer des arguments fondés sur des textes solides pour défendre nos positions.
5. Rester flexibles et prêts à réévaluer nos points de vue à la lumière de nouvelles informations ou perspectives.

En somme, rester fidèles à nos convictions tout en étant ouverts aux idées nécessite une combinaison de fermeté, d’humilité, de tolérance et de réflexion continue. C’est un chemin d’apprentissage constant, guidé par la foi et la sagesse qui nous vient de Dieu.