L’évangélisation ne se réduit pas à transmettre une idée: c’est l’expression vivante de l’Évangile incarné, une main tendue vers ceux qui se perdent. Mais c’est aussi une œuvre que l’Esprit opère à travers le croyant pour conduire hommes et femmes à Christ. Robert Coleman l’a brillamment résumé dans son livre, dont voici un extrait.
Un artiste voulut un jour dépeindre l’évangélisation. Il représenta une tempête en mer, d’orageux nuages noirs et menaçants qui remplissaient le ciel. Illuminée par un éclair, une petite embarcation était projetée contre les brisants par des vagues rageuses. Elle se désintégrait sous les coups de l’océan, tandis que les marins se débattaient au milieu des eaux tourbillonnantes, lançant, angoissés, des appels à l’aide. Mais il n’y avait pas d’aide en vue.
La seule lueur d’espoir pouvait se voir au premier plan, où un énorme rocher émergeait de l’eau. Là, un matelot solitaire s’agrippait désespérément de ses deux mains.
La scène était émouvante, et à regarder cette peinture, on pouvait voir dans la tempête le symbole de la condition humaine: le désespoir total. Ainsi, comme le souligne l’Écriture, le seul chemin de salut était le Rocher des Âges, le refuge dans la tempête.
Comme l’artiste méditait sur son travail, il comprit qu’il n’avait pas exactement dépeint l’évangélisation.
Il se mit donc à peindre une autre toile.
La scène était similaire à la première, avec la même tempête: les nuages noirs, les éclairs et les eaux agitées. Il y avait le même bateau, qui s’écrasait sur les brisants et dont l’équipage essayait vainement de se débattre dans les flots.
Au premier plan se tenait le même rocher de secours, avec le même matelot qui s’y agrippait pour son salut. Mais cette fois, l’artiste apporta un changement: sur cette nouvelle toile, le survivant saisissait le rocher d’une main seulement, tandis qu’il tendait l’autre sous les vagues pour en ressortir un ami qui s’enfonçait dans les eaux noires.
Voilà l’image de l’évangélisation dans le Nouveau Testament: cette main qui se tend vers les perdus, leur offrant la vie. Sans cette main tendue, il n’y a aucun espoir, et il n’y a pas de Bonne Nouvelle non plus.
Cette Bonne Nouvelle est que Dieu a agi en vue de sauver un peuple pour qu’il lui appartienne.
Pour en comprendre la signification, il nous suffit de regarder à Jésus. Il est l’Évangile incarné – la Bonne Nouvelle vivante. Pendant quelques courtes années, il a pris sur lui notre identité et a démontré, parmi nous, qui est Dieu et combien il nous aime. Tout ce qu’il a dit et fait était intégré dans sa mission.
C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.
Matthieu 20.28
Il a lui-même porté nos péchés dans son corps à la croix.
1 Pierre 2.24
L’Évangile implique quelqu’un et non quelque chose. Il ne pourra jamais devenir une théorie abstraite ou un programme mécanique, puisqu’il est une expression de l’amour de Dieu et que Dieu est une Personne. On peut suivre une certaine méthodologie pour rendre le message compréhensible, mais la main qui invite est bien de chair et de sang.
Ceux qui sont près de la mort, qui se tournent vers Jésus et sentent son étreinte salvatrice ne s’appartiennent plus à eux-mêmes. Nous appartenons à celui qui nous tient par sa grâce, et dans son appartenance, nous accomplissons sa mission.
L’évangélisation devient donc une expression naturelle de l’Église. En tant que corps de Christ (Ép 4.16; 5.23, 30; Col 1.18; 2.19), nous reflétons dans nos vies individuelles ce pour quoi il a donné son corps de chair sur terre. Vivre autrement reviendrait à renier notre nature de rachetés.
Pour que les choses soient claires, Jésus annonça à ses disciples que puisque le Père l’avait envoyé dans le monde, lui aussi nous envoyait dans le monde (Jn 17.18; 20.21). Tous ceux qui croient en lui sont maintenant appelés pour son œuvre (Jn 14.12), et il n’y a aucune exception. Qu’on le réalise ou non, chaque chrétien est une démonstration personnelle de la Bonne Nouvelle, "connue et lue de tous les hommes" (2Co 3.2-3).
Mais comment réaliser cela? Après tout, ne sommes-nous pas tous des êtres mortels? Comment des personnes, ayant toutes les faiblesses et les perversions d’une humanité corrompue, pourraient-elles manifester la vie et le ministère de Jésus-Christ?
La réponse à cette question de base nous amène à la personne du Saint-Esprit. Le Père, c’est Dieu qui dirige; le Fils, c’est Dieu qui se révèle; et l’Esprit, c’est Dieu qui agit. Partout où Dieu est connu, l’Esprit est la puissance par laquelle il travaille et Jésus est la Parole par laquelle il s’est révélé.
Ainsi, la fonction de faire connaître et aimer le Christ fait partie de la sphère d’activité de l’Esprit. Il convainc le monde de péché et appelle à la repentance. Il régénère et sanctifie le cœur du croyant, il guide dans la vérité, il répond aux prières, il aide dans les infirmités et nous rend aptes au service. En tout cela, il glorifie le Fils, et ce faisant, il attire des hommes et des femmes au Père.
Manifestement, l’évangélisation ne peut pas être soumise à une législation de comités d’Églises, ou fabriquée par des croisades à l’organisation complexe, aussi bien intentionnées soient-elles. L’effort humain est totalement vain sans le Saint-Esprit, et notre travail ne peut porter du fruit que dans la mesure où nous permettons à l’Esprit de glorifier le Christ en nous et par nous.
webinaire
Évangélisation relationnelle: la clé pour témoigner aujourd'hui?
Jean S'chott et Yan Z'borowska nous parlent des opportunités de témoignage qu'offre “l'évangélisation relationnelle” dans notre société qui s’éloigne toujours plus du christianisme. Replay du webinaire enregistré le 13 janvier 2022.
Orateurs
J. S'chott et Y. Z'borowska