En ce moment, je lis Le Dieu qui est là de Don Carson. Ce livre nous conduit dans un panorama de la Bible, pour mieux comprendre notre place dans le métarécit biblique. Très accessible, direct et facile à lire, je le conseille vivement. En attendant de le lire, je vous partage un extrait que j’ai aimé. On commence souvent par « Je » alors qu’on devrait commencer par « Dieu ».
La première partie du XVIIe siècle a ensuite marqué l’essor de ce qu’on appelle aujourd’hui la pensée cartésienne (sous l’influence de René Descartes et des ses disciples). La pensée traditionnelle concernant le savoir a changé. De plus en plus de personnes ont basé leur savoir sur l’axiome rendu célèbre par Descartes : « Je pense donc je suis ». Aujourd’hui encore, cette maxime est présentée à tout étudiant en première année de philosophie. Descartes lui-même croyait ce postulat essentiel à toute connaissance humaine. Après tout, si vous pensez, vous ne pouvez nier votre propre existence : le fait même que vous êtes en train de penser prouve que vous existez. Descartes recherchait un principe fondamental qui soit indiscutable, que l’on soit chrétien, athée, musulman, matérialiste ou spiritualiste. À partir de ce principe et d’autres approches, il développa progressivement un système complet de pensée destinée à convaincre les gens de devenir catholiques.
Mais voyez comme cet axiome est formulé : « Je pense, donc je suis ». Deux cents ans auparavant, aucun chrétien n’aurait dit cela avec aisance, car l’existence de Dieu et le savoir absolu de Dieu étaient déjà des évidences. Notre existence dépendait de la sienne et notre savoir n’était qu’une minuscule partie du sien. Il était communément considéré comme correct de commencer par Dieu et non par le « je » de « je pense donc je suis ». Si nous existons, c’est par son pouvoir. Notre savoir, notre existence même, dépendent finalement de lui. Mais aujourd’hui, à la suite de l’influence cartésienne, nous commençons par « je ». Je commence par moi. Ainsi, je suis en position d’évaluer non seulement le monde qui m’entoure, mais également les mœurs, l’histoire et même Dieu, si bien que Dieu devient, au mieux, la déduction de ma réflexion. Cela change tout.
Toutefois, la Bible ne suit pas cette manière de voir les choses. Dieu est, tout simplement.
— Don Carson, Le Dieu qui est là, Éditions Clé, p. 22