Dans ce billet, je présente, en m’appuyant sur deux textes de l’épître aux Romains, une manière moins courante (et trop peu utilisée) de centrer nos pensées (et notre vie) sur la croix.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur une vie centrée sur la croix de Christ.
Nous pourrions, par exemple, nous demander ce qu’il s’est véritablement passé à la croix, du point de vue de Dieu, lorsque Christ y est mort à notre place (j’ai tenté de développer un exemple de cette approche dans cette prédication).
Nous pourrions également chercher à progresser dans le domaine de la reconnaissance pour la croix de Christ.
Mais dans ce billet, j’ai à cœur d’explorer une autre approche, moins connue, et, j’en ai bien peur, moins utilisée par les chrétiens: réfléchir aux bienfaits qu’entraîne la croix de Christ pour notre avenir (à court, moyen et long terme).
Récemment, en lisant Romains 5.9-10 dans le cadre de ma lecture quotidienne de l’Écriture, j’ai immédiatement pensé à Romains 8.31-32 – texte sur lequel j’ai entendu une prédication, il n’y a pas très longtemps.
Après quelques recherches, j’ai constaté que les commentateurs valident cette intuition: ils mettent en relation ces deux passages tirés d’une même épître.
Plus précisément, dans les deux cas, la croix de Christ garantit une bénédiction future aux chrétiens. En outre, nous avons affaire à un raisonnement de type “à combien plus forte raison”: si Jésus est mort pour nous sur la croix, à combien plus forte raison Dieu nous accordera la bénédiction future x ou y.
D’ailleurs, quels sont ces deux bienfaits (x et y) qui nous attendent?
Relisons ces versets en les mettant dans leur contexte:
6En effet, au moment fixé par Dieu, alors que nous étions encore sans force, Christ est mort pour des pécheurs. 7À peine accepterait-on de mourir pour un juste; peut-être quelqu’un irait-il jusqu’à mourir pour le bien. 8Mais voici comment Dieu nous montre l’amour qu’il a pour nous: alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.
Romains 5.6-8
Dans les versets précédents, Paul souligne à quel point la mort de Christ pour nous révèle l’incroyable amour de Dieu à notre endroit – nous qui étions des pécheurs, ennemis de Dieu, et n’avions rien à faire valoir. Poursuivons la lecture.
9Donc, puisque nous sommes maintenant déclarés justes grâce à son sacrifice, nous serons, à plus forte raison encore, sauvés par lui de la colère à venir. 10Alors que nous étions ses ennemis, Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils; à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. 11Mieux encore: nous plaçons désormais notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a obtenu la réconciliation.
Romains 5.6-10
Remarquons que, en Romains 5.9-10, il est question de notre salut futur: lors du jugement dernier, nous échapperons à la colère de Dieu, par pure grâce.
Comment réagissons-nous à ces versets? S'ils nous réjouissent trop peu, c'est peut-être parce que nous ne sommes pas suffisamment conscients de la gravité de notre ancien état. En réalité, nous foncions droit vers… un verdict inéluctable de condamnation. Peut-être avons-nous du mal à le mesurer, pris que nous sommes dans le "brouillard" de notre temps, où n’importent que l’ici et le maintenant, où le culte de l’immédiateté crée une fausse sécurité dans les consciences.
Notre second texte n’est pas moins glorieux:
31Que dire de plus? Si Dieu est pour nous, qui se lèvera contre nous? 32Lui qui n’a même pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas aussi tout avec lui?
Romains 8.31-32
Alors qu’ils sont aux prises avec les détresses du temps présent (Rm 8.18, 26, 28, 34), les chrétiens de Rome trouvent dans ces paroles de l’apôtre un profond réconfort. En définitive, rien ne pourra les arracher à l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ (Rm 8.33-39).
Dans ce contexte, Paul raisonne: si Dieu n’a pas épargné son propre Fils, “comment ne nous donnerait-il pas aussi tout avec lui?” (Rm 8.32).
Certains ont trop chargé la barque de ce "tout", certes étonnant. Dieu nous accorderait-il toutes les bénédictions terrestres que nous souhaitons, sur simple demande? Non, les tenants de "l’évangile de la prospérité" auraient tort de convoquer ce texte.
D’autres, en revanche (plus nombreux dans nos milieux), perçoivent trop peu dans ce "tout" – ou ne le méditent pas suffisamment, tristement.
Ce que Paul indique, en Romains 8.32, c’est que Dieu accordera, à celles et ceux qui sont au bénéfice de la mort expiatoire de son Fils, absolument toutes les ressources et tous les bienfaits nécessaires –spirituels et terre à terre– pour vivre dans la fidélité à Dieu jusqu’à l’achèvement de leur salut. Et ce, quelle que soit la “mesure de joie et de douleur que, pour moi, faible créature, réserve mon Sauveur” (comme le dit le cantique).
Si les spécialistes de l’épître aux Romains mettent ces deux textes en relation, c’est bien parce qu’ils étaient "en dialogue" dans l’esprit de leur auteur, l’apôtre Paul. Nul doute que chacun de ces deux extraits de sa lettre magistrale lui faisait penser à l’autre l’extrait.
En d’autres termes, ces deux passages étaient connectés dans la pensée de l’apôtre, nourrissant un même grand thème: la mort de Christ pour nous est une garantie de bénédictions futures:
webinaire
1h pour comprendre Romains
Découvre le replay de ce webinaire enregistré le 19 octobre 2022. Matthieu Sanders était l'invité de Matthieu Giralt pour nous donner une introduction pédagogique de l'épitre aux Romains afin de mieux le comprendre, l'enseigner et le mettre en pratique.
Orateur