Ces souvenirs qui bousculent Noël

      La naissance de ChristRoyaume de DieuNoël
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      L’une des joies de cette période de l’année consiste à se remémorer les Noëls précédents. Nous nous souvenons aussi de tous les incidents mémorables des mois de décembre passés, en particulier ceux qui ne se sont pas déroulés comme prévu.

      Une fois, j’ai oublié de mettre le frein à la poussette de mon fils et elle s’est précipitée dans le lac. (Il s’en est sorti !) Un Noël, le vent était si fort que nous n’arrivions pas à ouvrir la portière de la voiture pour en sortir. Une année, je me suis moqué des aptitudes culinaires de mon beau-père et j’ai dû dîner tout seul dans le jardin.

      En écrivant ce livre, je suis allé voir mon voisin et lui ai demandé quel était son souvenir de Noël le plus marquant. Sans hésiter, il m’a parlé de l’année où un homme en maillot de rugby était venu à l’église avec sa famille le jour de Noël. Il était couvert de sang, parce que sa petite amie venait de le frapper à la tête avec un marteau.

      Il m’est arrivé, à moi aussi, de voir mon Noël chamboulé par un invité inattendu. Certes, il ne s’agissait pas d’un homme ensanglanté, mais d’un hamster. Nos voisins (les mêmes, en l’occurrence) étaient absents pendant les fêtes et nous avaient demandé de nous occuper de leurs animaux. Nous sommes consciencieusement passés tous les jours voir le hamster et les poules. Mais le jour de Noël, nous nous sommes rendu compte que quelque chose de très étrange était arrivé au hamster. Il était – il n’y a pas d’autre mot pour le dire – aplati. Ce n’est pas qu’il était plus petit que d’habitude : c’était comme si on avait appuyé sur son corps avec un fer à repasser. Je veux dire qu’il avait l’air d’avoir été repassé. Il ressemblait à un soufflé effondré.

      Nous n’avons jamais su comment il est mort. Peu importe. Mais c’est ainsi que je me suis retrouvé à organiser, le jour de Noël, dans le jardin de mes voisins, une cérémonie funéraire surréaliste. J’essayais aussi de ne pas me faire repérer par des enfants que ce spectacle aurait pu traumatiser. L’invité inattendu qui a piraté mon Noël et m’a offert un de mes souvenirs marquants était un hamster mort.

      Des invités inattendus (vivants, non ensanglantés, non aplatis) sont également au cœur du premier Noël.

      Quand l’histoire ne se déroule pas comme prévu

      Imaginez un instant que l’histoire chrétienne soit vraie. Imaginez que le Dieu qui a inspiré l’Ancien Testament et qui a fait des promesses aux Juifs pendant des siècles (et les a tenues) ait finalement envoyé son fils pour être leur Roi : leur lumière, leur Emmanuel, leur Sauveur. Le Roi naît, les anges annoncent sa naissance, quelques bergers éveillés à proximité vont le voir, et puis…

      Qui, selon vous, seront les prochaines personnes à le rencontrer et à lui rendre hommage ?

      Ce sera certainement un groupe de Juifs zélés et pratiquants qui connaissent les Écritures et attendent avec impatience la venue du Roi promis par Dieu, le Christ. C’est ainsi que l’histoire devrait se dérouler. Mais justement, elle ne se déroule pas ainsi. Regardez ce que Matthieu nous dit à propos de ceux qui viennent voir Jésus et de ce qu’ils font quand ils le trouvent. Remarquez aussi qui sont ceux qui ne vont pas voir Jésus, même après avoir appris son existence :

      Jésus était né à Bethléhem en Judée, sous le règne du roi Hérode. Or, des mages venant de l’Orient arrivèrent à Jérusalem. Ils demandaient : “Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus lui rendre hommage.”


      Quand le roi Hérode apprit la nouvelle, il en fut profondément troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il convoqua tous les chefs des prêtres et les spécialistes de la loi que comptait son peuple et il leur demanda où devait naître le Messie. “À Bethléhem en Judée, lui répondirent-ils, car voici ce que le prophète a écrit : Et toi, Bethléhem, village de Juda, tu n’es certes pas le plus insignifiant des chefs-lieux de Juda, car c’est de toi que sortira le chef qui, comme un berger, conduira Israël mon peuple.”


      Là-dessus, Hérode fit appeler secrètement les mages et se fit préciser à quel moment l’étoile leur était apparue. Puis il les envoya à Bethléhem en disant : “Allez là-bas et renseignez-vous avec précision sur cet enfant ; puis, quand vous l’aurez trouvé, venez me le faire savoir, pour que j’aille, moi aussi, lui rendre hommage.”


      Quand le roi leur eut donné ces instructions, les mages se mirent en route. Et voici : l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait. Elle parvint au-dessus de l’endroit où se trouvait le petit enfant. Et là, elle s’arrêta. En revoyant l’étoile, les mages furent remplis de joie. Ils entrèrent dans la maison, virent l’enfant avec Marie, sa mère et, tombant à genoux, ils lui rendirent hommage. Puis ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent en cadeau de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Cependant, Dieu les avertit par un rêve de ne pas retourner auprès d’Hérode. Ils regagnèrent donc leur pays par un autre chemin.


      Matthieu 2.1-12

      Voici Matthieu, un Juif, qui écrit pour des lecteurs juifs l’histoire d’un homme qu’il présente comme le roi des Juifs. Et ce sont les non-Juifs qui l’adorent en premier !

      Des invités inattendus

      Un cantique célèbre affirme que les hommes au centre de ce récit étaient “trois rois” qui venaient de “l’Orient”. La tradition nous donne leurs noms et ajoute qu’ils étaient venus à dos de chameaux. Mais Matthieu ne précise rien de tout cela – il nous dit très peu de choses à leur sujet.

      • Nous ne connaissons pas leurs noms.
      • Nous ne savons pas comment ils sont arrivés.
      • Nous ne savons pas combien ils étaient.

      Nous savons simplement qu’il ne s’agit pas du tout des personnes que l’on s’attendrait à voir adorer “le roi des Juifs”. Ils viennent d’un pays lointain, quelque part en "Orient". Ils appartiennent à une autre culture. Ils sont très probablement d’une autre religion. (Rien n’indique qu’ils connaissaient l’Ancien Testament – s’ils l’avaient lu, ils auraient déjà su que Dieu avait promis que ce Roi à venir naîtrait à Bethléhem, plutôt qu’à Jérusalem.) Ce sont donc les invités les plus inattendus qui soient. Et pourtant, ils se mettent en chemin, font un long voyage, arrivent à l’improviste et refusent de rentrer chez eux avant d’avoir rencontré “celui qui vient de naître roi des Juifs”. Lorsqu’ils le voient, les voilà qui s’agenouillent et lui présentent les plus beaux cadeaux qu’ils puissent offrir.

      Pendant ce temps, les chefs religieux juifs, qui connaissent très bien leur Bible, restent… à Jérusalem. Au lieu d’aller voir si le Roi promis par Dieu est né à Bethléhem, ils restent dans la capitale, se pliant aux exigences du roi Hérode, qui (attention, je vends la mèche) est en train de réfléchir à la manière de faire mourir Jésus.

      C’est comme si Jésus naissait aujourd’hui, et que les théologiens et les pasteurs – des gens comme moi – étaient trop absorbés par leur pouvoir, leurs privilèges et leur influence pour remarquer sa venue. Alors que les premières personnes à venir le trouver et à l’adorer sont des fondamentalistes islamiques qui l’ont vu en rêve, ou des sorciers tribaux qui ont découvert sa venue en scrutant les os de leurs ancêtres. Nous sommes tellement habitués à voir les mages sur nos cartes de Noël que nous ne percevons pas à quel point leur présence est inattendue et bizarre.

      Il règne sur tous

      Vous vous dites peut-être : “Et alors ?” (À moins que vous ne soyez un fondamentaliste islamique ou un sorcier.) Eh bien, le fait est que Jésus est le Roi de tout le monde. Jésus est venu pour tous. Il n’est pas seulement le roi des Juifs ; il est le Roi de ceux qui viennent de quelque part en Asie pour l’adorer. Il est le Roi de ceux qui viennent d’Afrique – le continent où il a vécu ses premières années. Il est le Roi de ceux qui viennent de pays situés au-delà du monde connu par Matthieu – de cette île étrange et brumeuse qu’est la Grande-Bretagne ou de ces continents non découverts (par les Eurasiens) que sont l’Amérique et l’Australie. Il est le Roi des bons démocrates modernes qui ne pensent peut-être pas avoir besoin de lui, mais qui reconnaissent au fond d’eux-mêmes que leurs aspirations les plus profondes ne peuvent être satisfaites par la richesse, l’éducation ou l’influence et qu’ils ont peut-être besoin de quelque chose (ou de quelqu’un) d’autre.

      Cela signifie que, si vous vous êtes toujours considéré comme bien loin de Jésus et du christianisme, l’arrivée des mages est une merveilleuse invitation pour vous. Peut-être venez-vous d’une culture qui s’intéresse peu aux choses chrétiennes ? Peut-être êtes-vous né dans un pays où Jésus n’a que peu d’importance ? Peut-être avez-vous mené jusqu’ici une vie où Jésus n’avait pas sa place ?

      Rien de tout cela ne doit vous empêcher de venir à lui. Si vous prenez conscience que ce Jésus pourrait bien être la lumière dont vous avez besoin, le Dieu dont vous avez besoin, le Sauveur dont vous avez besoin, alors rien dans votre passé ne vous empêche d’être invité. Souvent, les personnes qui voient le plus clairement à quel point la venue de Jésus est exaltante sont celles qui viennent juste de le rencontrer.

      En fait, le récit de Matthieu est un défi… c’est un défi pour ceux qui ont grandi en tant que "chrétiens religieux", et non pour les autres. Si vous êtes toujours allé à l’église, si votre culture vous a abreuvé d’anecdotes sur Jésus, si vous essayez de vivre selon les règles exposées dans la Bible, alors faites une petite pause. Les chefs religieux de l’époque de Jésus étaient comme vous. Et ils sont passés à côté. Cela vaut donc la peine de vous assurer que vous ne restez pas à "Jérusalem", en quelque sorte. Peut-être ne voudrez-vous pas renoncer aux avantages et au confort acquis dans votre vie ? Il est alors possible que vous hésitiez à venir à Jésus et à l’adorer comme votre Roi.

      Mais qui que nous soyons et d’où que nous venions, notre attitude à l’égard de Jésus ne change en rien qui il est (pas plus que le rejet d’Hérode ou la reconnaissance des mages). Le règne de Jésus n’est pas soumis à un vote. Sa position ne serait pas menacée, même si toute l’humanité se transformait en Hérode, rejetant et défiant son règne. Souvenez-vous :

      La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas étouffée.

      Jean 1.5

      Quelle bonne nouvelle ! En effet, comme nous l’avons vu, il est le dirigeant dont nous avons besoin : il peut faire pour nous ce dont personne d’autre n’est capable. Mais c’est aussi une vérité qui interpelle. En effet, quel que soit le nombre de personnes qui croient en lui ou le suivent, Jésus est le Roi. Il est le roi des Juifs. Il est le Roi des non-Juifs. Il est le Roi.



      Andrew Wilson

      Andrew Wilson est pasteur enseignant dans une Église à Londres. Il est également auteur de plusieurs livres dont Il y a comme un parfum de Noël dans l'air, et chroniqueur pour le magazine Christianity Today.

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