Mon dernier coup de gueule date de septembre 2011. Il est bien temps d’en lancer un nouveau. On reste dans le domaine du livre, mais contrairement à la dernière fois, je m’adresse cette fois-ci à tous les éditeurs et je le dis d’emblée: je n’ai aucun espoir de changer les choses. Je m’attaque à tout le monde de l’édition en France. Et en Allemagne aussi d’ailleurs! Alors, tu peux passer ton chemin si tu n’aimes pas les faits divers. Mais si tu aimes les livres et tu as deux minutes, il y a certainement une leçon à retenir de cette histoire si tu me lis jusqu’au bout.
Je vais aborder un grand mystère qui me hante depuis des années. N’ayant trouvé aucun article sur le sujet sur Internet, j’espère devenir le master-geek du sujet. Je m’explique. On va voir deux choses: l’impression des titres et l’emplacement de la table des matières des livres français.
Vous avez déjà remarqué le dos d’un livre français? Je ne parle pas de la 4e de couverture, mais du côté, la partie visible quand un livre est sur une étagère. Si vous avez une bibliothèque franco-anglaise, vous avez peut-être déjà constaté, que les titres ne sont pas imprimés dans le même sens. Exemple dans cette photo. Notez comment vous devez pencher votre tête à droite pour lire les titres anglais et à gauche pour les livres français:
Pourquoi cette différence? Aucune idée. Je ne sais même pas depuis quand existe cette différence. Ça fait des années déjà que je pose ces questions et Google n’a aucune idée. Il faut savoir que les éditeurs allemands sont dans le camp français. Et ça se corse. Certains éditeurs évangéliques en France ont hésité avant de choisir leur camp. Les premiers livres des éditions Première Partie ont donc des dos à « l’américaine ». Les éditions ELB ont aussi fait ce choix, du moins jusqu’à leur reprise par les éditions BLF. J’ai comme preuve un livre de 1987 (McDowell, Josh. La Résurrection. Braine-L’Alleud: ELB, 1987). J’imagine que c’est l’influence américaine. Et déjà que nous évangéliques français sommes un peu réticents d’avouer tout ce que l’on doit à nos cousins étasuniens, j’imagine que ça ne le faisait pas d’imprimer ses livres à l’endroit comme eux, alors que tous les autres éditeurs faisaient leurs rigolos avec des côtes de livre à l’envers.
Oui, j’ai bien dit que les américains ont fait le bon choix. Je n’ai aucun problème avec ça. C’est pourtant simple de voir qui avait raison. Simple comme « un, deux, trois ».
Tu peux lire le titre? Eh bien non, tu as posé ton livre français à l’endroit, mais le titre est à l’envers! Exemple d’une pile mixte de mes livres, seuls les livres en anglais sont lisibles:
J’apprends toujours plus à apprécier la table des matières (TdM) d’un livre. C’est un excellent moyen de faire connaissance avec un livre. On voit rapidement s’il est superficiel ou exhaustif. Le sommaire permet aussi d’aller directement à l’information qui nous intéresse. En France les TdM sont à l’arrière des livres. Aux USA, elles sont en début de livre. Là encore, les États-Unis ont fait le bon choix. Je m’explique.
Les éditeurs proposent parfois un extrait gratuit de leur livre. Un extrait est généralement un certain nombre des premières pages du livre. Faites le tour et vous verrez que les extraits de livres anglais contiennent toujours la TdM. C’est beaucoup moins certain pour un livre français.
C’est encore pire avec les livres numériques (pensez Amazon et iBookstore d’Apple) dont les extraits sont générés automatiquement, basé sur un pourcentage du nombre de pages. La brillance américain est visible dès le premier extrait feuilleté. Téléchargez un extrait d’un ebook anglais et vous aurez toujours la TdM. C’est beaucoup plus rare avec un extrait de livre français, car c’est une manipulation de plus.
À noter une exception. À ma connaissance, La Maison de la Bible est le seul éditeur francophone à mettre sa table des matières à l’avant des livres. Je ne sais pas si c’est une évolution récente. Mais vous pouvez constater ça par exemple en feuilletant Le Dieu prodigue (Tim Keller). En écrivant cet article, j’ai aussi vu un extrait BLF avec une TdM en début: L’Évangéliste sous toutes ses formes (Raphaël Anzenberger). Mais je ne sais pas si la version papier à aussi le sommaire à l’avant. Les livres BLF publiés en 2012 on la TdM à l’arrière.
Je conclus rapidement. La leçon à retenir est simple: commence avec la fin en vue.
Une deuxième leçon serait: sois prêt à changer ta façon de faire les choses s’il existe une meilleure manière de le faire. Je ne sais pas quand les éditeurs français et américains ont commencé à faire les choses différemment. Mais un jour, ils ont changé et ils avaient certainement une raison pour ça. Mais depuis, surtout avec l’évolution des technologies, je ne vois pas de raison pour que les éditeurs continuent à proposer des livres imprimés à l’envers et des TdM en fin de livre.
Note: Je ne m’attends pas à des miracles. Du moins, je pense que c’est impossible de changer toute l’industrie du livre sur l’histoire des dos des livres imprimés à l’envers. Par contre, j’attire à l’attention des éditeurs évangéliques la décision de la Maison de la Bible. Pourquoi ne pas suivre le pas?
Note 2: un coup de gueule brise le 2ᵉ commandement du blogueur. Mais allez, ça fait 2 ans que je n’en ai pas fait. Et puis, le ton est gentil.