Confessons nos péchés ensemble

      Combat contre le péchéAccompagnement bibliqueRedevabilité
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      La confession des péchés, en privée ou partagée, est essentielle à la vie chrétienne. Comme le souligne Bonhoeffer, la grâce de Dieu nous appelle à nous approcher de lui tels que nous sommes, pécheurs rachetés, et à vivre la réconciliation par une confession sincère.

      Celui qui est seul avec son péché est complètement seul […]. Mais c’est la grâce de l’Évangile, si difficile à comprendre pour ceux qui sont pieux, qui nous confronte à la vérité et nous dit: “Tu es un pécheur, un grand pécheur, un pécheur désespéré; maintenant approche-toi, tel que tu es, du Dieu qui t’aime.”

      La plupart d’entre nous reconnaissent que la confession des péchés, fondée sur l’Évangile, est une composante vitale de la vie spirituelle personnelle. Mais nous devenons souvent mal à l’aise lorsqu’il s’agit d’en envisager la dimension communautaire. Il n’est pas trop difficile de se confesser en silence lorsque la liturgie nous y invite durant le culte du dimanche, mais, dans un petit groupe, nous recourons volontiers à des formules vagues comme: “Je me bats avec tel ou tel péché…” Nous pressentons alors que ces (non-)confessions floues n’accomplissent pas réellement l’exhortation de Jacques:

      Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres afin que vous soyez guéris.

      Jacques 5.16

      Trois raisons qui freinent la confession

      Notre difficulté à pratiquer la confession en groupe découle au moins de trois causes possibles.

      1. Que vont penser les autres?

      La première est l’écart entre notre vie publique et notre vie privée. Nous craignons le regard des autres si nous révélons nos pensées secrètes, notre avarice (pas seulement matérielle), notre esprit critique ou notre irritabilité constante. Ne risquent-ils pas de suspecter ensuite chacune de nos actions? Allons-nous perdre leur respect? Refuser de confesser nos péchés, c’est en réalité manquer d’intégrité.

      2. Qui craignons-nous?

      La deuxième cause est liée à la première: une peur mal orientée. Tragiquement, nous redoutons davantage des êtres humains pécheurs comme nous que le Dieu dont la présence est empreinte de sainteté. Il connaît parfaitement toutes les dimensions de notre cœur (Ps 44.20-21; Pr 21.2; Lc 16.14-15) et rien ne peut lui être caché (Jr 23.24). N’est-il pas insensé de craindre ceux qui ne peuvent que nous faire honte, plutôt que celui devant qui, un jour, tous les secrets de nos cœurs seront révélés (Lc 12.2-5; Lc 8.17; Rm 14.10)?

      3. Qu’est-ce que la confession?

      Les deux premières causes sont liées à la troisième: une mauvaise compréhension de la confession et de ses effets. La confession n’est pas optionnelle pour les chrétiens. Jean affirme que la marque d’une communion authentique avec Dieu n’est pas seulement la reconnaissance de notre tendance au péché (1Jn 1.8), mais aussi la confession qui l’accompagne (1Jn 1.9). Et, comme nous l’avons vu, elle doit aussi se vivre en communauté (Jc 5.16).

      Pourquoi confesser nos péchés?

      Pour les chrétiens, la confession des péchés est une mise en pratique essentielle de l’Évangile. Elle associe une contrition humble devant Dieu, une appropriation par la foi de la grâce de la réconciliation et une reconnaissance profonde pour l’œuvre accomplie par Christ à la croix. Martin Luther a écrit:

      Être chrétien consiste essentiellement à reconnaître que nous sommes pécheurs et à prier pour la grâce.

      Confesser nos péchés devant Dieu nous permet de reconnaître notre besoin constant de sanctification. Bien que nous soyons mis à part comme enfants de Dieu (1Co 6.11), nous continuons à pécher (Col 3.1-11). La confession fait donc partie intégrante de la vie de disciple. C’est pourquoi Bonhoeffer affirme que “confesser, c’est être disciple”.

      Jésus enseigne que la confession régulière doit nourrir notre communion avec Dieu (Lc 11.4), particulièrement dans la prière secrète (Mt 6.6). Les Écritures offrent de nombreux exemples d’un cœur contrit (Ps 51; Ps 130). Par l’exhortation (Jc 5.16) et l’exemple (Ac 5.1-11), elles nous avertissent contre une dureté de cœur qui évite la confession (1Jn 1.8) ou contre l’orgueil qui cherche l’approbation publique sous couvert de confession (Mt 6.1-18; Lc 18.9-14). Par-dessus tout, elles rappellent que la purification et l’expiation, en réponse à la confession, reposent non sur nos actes, mais sur la perfection du corps brisé et du sang versé de Christ (1Jn 1.9-2.2).

      Confesser en communauté

      Enfin, la Bible souligne l’importance de la communauté dans la confession des péchés. Se confesser en présence d’autres croyants permet à la fois de mettre en pratique l’Évangile et de s’en réjouir. Nous sommes tous des pécheurs sanctifiés qui avons besoin de plus de grâce pour grandir en sainteté, et nous devons nous le rappeler ensemble. Jean l’exprime merveilleusement bien:

      Mes petits enfants, je vous écris cela afin que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu’un a péché, nous avons un défenseur auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.

      1 Jean 2.1-2

      La confession mutuelle célèbre l’expiation de notre péché et l’action de Dieu qui nous sanctifie par la croix du Christ (1Jn 1.9). Se confesser à un autre chrétien nous empêche de nous absoudre seuls sans repentance authentique (2Co 7.10). Bonhoeffer écrit que Dieu nous donne la certitude "à travers nos frères" que nous avons affaire au Dieu vivant.

      Lorsque nous apportons nos péchés à un autre croyant, ils deviennent concrets et leur gravité ne peut être dissimulée. La confession, qu’elle soit secrète ou partagée avec un chrétien bienveillant, honore Christ (Ga 6.2). Jean Calvin l’exprime ainsi:

      Par la confession de notre propre misère, nous montrons la bonté et la miséricorde de notre Dieu au milieu de nous et au monde entier.


      Ryan Griffith

      Ryan Griffith est professeur adjoint au lycée et à l’université. Il enseigne l’herméneutique (l’étude de la Bible), l’histoire de l’Église, la mission et les langues bibliques.

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