Comprendre l’importance des mots dans nos Églises

Doctrine de l'Écriture

Peut-être vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les chrétiens insistent tellement sur l’importance des mots dans le culte. On vous a peut-être déjà reproché, à vous ou à votre Église, d’être trop porté sur les longues phrases, trop tourné vers les discours, trop… adepte du verbiage. Eh bien, voici 25 raisons pour lesquelles la proclamation de la Parole et des vérités bibliques – à travers la lecture, la prédication, le chant ou la prière – devrait occuper une place prépondérante au sein de notre culte.

  1. La foi vient de ce que l’on entend (Rm 10.14-15). Nous ne pouvons pas faire appel à Jésus si nous ne croyons pas en lui, et nous ne pouvons pas croire en lui s’il n’y a pas de messager pour nous parler de lui. La foi commence avec des mots.
  2. Dieu a choisi des dons et des ministères axés sur les mots pour bâtir son Église (Ep 4.11-12).
  3. Dieu crée par sa parole (voir Gn 1; Col 1.16). L’œuvre créatrice de Dieu est toujours un acte de parole.
  4. Dieu régénère par sa parole. Nous naissons de nouveau par la parole vivante et permanente de Dieu (1 P 1.23). Ici, « parole » ne fait pas uniquement référence à Christ, mais également à la parole annoncée aux auditeurs de Pierre (v. 25).
  5. Dieu appelle son peuple à suivre ses commandements et à garder sa loi. Jésus dit: « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jn 14.15; cf. Dt 11.1). Nous ne pouvons pas aimer si nous ne sommes pas obéissants, et nous ne pouvons pas obéir si nous n’avons pas été instruits dans la loi du Seigneur. C’est la raison pour laquelle le psalmiste ne trouve pas seulement son plaisir dans la personne de Dieu, mais fait également ses délices de ses décrets et de ses prescriptions (Ps 119.16, 24).
  6. On voit dans toute la Bible que l’importance d’écouter l’emporte souvent sur celle de voir. Contrairement aux religions populaires des peuples alentour, Dieu se présente avec insistance comme un Dieu invisible (voir Ex 20.3-4). Lorsque Moïse demande à Dieu de pouvoir le voir, le Seigneur refuse en disant: « Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Ex 33.20). Néanmoins, il fait passer sa bonté devant Moïse en proclamant son nom – Yahvé – et en affirmant son caractère: « Je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde. » La foi biblique, c’est l’assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas (He 11.1; cf. 1 P 1.8).
  7. Dans tous les cultes de l’Église primitive dont le déroulement nous est rapporté, on retrouve cette prééminence des mots. Bien qu’il y ait une multitude de choses que nous ignorons à propos du culte des premiers croyants, nous savons qu’ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières (Ac 2.42). Nous savons qu’ils se consacraient à la lecture publique des Écritures (1 Tm 4.13). Nous savons également qu’ils apportaient un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation (1 Co 14.26). En d’autres termes, si nous pouvons tirer des inférences et émettre des avis prudents sur l’utilisation des arts visuels au sein du culte à l’époque, nous pouvons être certains que lorsque les premiers chrétiens se rassemblaient, les mots étaient au cœur de leur culte.
  8. Jésus-Christ est la Parole de Dieu préexistante, incarnée et éternelle (Jn 1.1). On nous dit parfois que notre culte devrait se focaliser sur la Parole, Jésus, et non sur la Parole écrite, la Bible. C’est exact. Nous adorons Christ, pas les Écritures. Mais dissocier la Parole de Dieu faite chair (Jésus) et la Parole de Dieu (les Écritures), ce serait aller trop loin dans le raisonnement. Nous ne croyons pas que la Bible est Jésus-Christ, mais n’oublions pas qu’il existe une corrélation entre les deux. Dieu crée par le biais du logos éternel (sa sagesse, son discours, sa voix et sa parole). En même temps, nous savons que Dieu a tout créé par et en Jésus-Christ. Ces deux vérités démontrent que le logos est l’agent médiateur, dans toute la création et dans toute la révélation, que ce soit en tant que voix divine ou en tant que personne de Jésus-Christ qui l’incarne. En d’autres termes, la Parole qui est révélée et incarnée en Jésus est la même Parole que celle par laquelle Dieu se révèle dans les pages des Écritures.
  9. Paul attachait beaucoup d’importance à la plus grande intelligibilité au sein du culte (1 Co 14.1-25). Il y a des moments et des situations où l’ambiguïté et la subtilité ont leur place. Le culte, en revanche, est le temps de la proclamation. Les mots sont la manière la moins ambiguë qui soit par laquelle la vérité peut être proclamée (bien qu’ils ne soient pas non plus toujours clairs comme du cristal). La danse peut être un moyen d’honorer Dieu, la peinture un moyen de louer notre Créateur et la musique un moyen de lui plaire, mais aucune forme d’art ne permet de proclamer la vérité d’une manière aussi intelligible que les mots. Même les paraboles, souvent citées pour justifier l’importance des histoires et du théâtre, étaient trop ambiguës. C’est d’ailleurs pour cette raison que Jésus les utilisait: pour ne pas être clair. « C’est à vous qu’a été donné le mystère du royaume de Dieu », dit Jésus à ses disciples, « mais pour ceux qui sont dehors tout se passe en paraboles, afin qu’en voyant ils voient et n’aperçoivent point, et qu’en entendant ils entendent et ne comprennent point, de peur qu’ils ne se convertissent, et que les péchés ne leur soient pardonnés. » (Mc 4.11-12).
  10. Jésus était un prédicateur. « Mais il leur dit: il faut aussi que j’annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu; car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Lc 4.43).
  11. L’Église a été fondée sur l’enseignement des apôtres et des prophètes (Ep 2.20; cf. Jn 16.13).
  12. L’enseignement et la prédication constituaient une norme dans le culte des premiers chrétiens. Ces derniers avaient hérité des Juifs une pratique solide de l’enseignement et de la prédication (voir Ac 13.14-16; 15.21). Par exemple, depuis au moins l’époque d’Esdras, nous savons que les Lévites « expliquaient la loi au peuple. Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu, et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu’ils avaient lu » (Né 8.7-8; cf. 2 Ch 15.3). Dans l’Église du Nouveau Testament, nous constatons que la même importance est donnée à ces deux aspects. Paul était avant tout un prédicateur (Ep 3.6-9). Il exhorte Timothée à prêcher et à enseigner (1 Tm 4.13) et à instruire d’autres personnes pour qu’elles fassent de même (2 Tm 4.2). Paul donne à Tite pour mission principale de dire ce qui est conforme à la saine doctrine (Tt 2.1). L’un des principaux rôles des anciens était d’enseigner (1 Tm 3.2 ; cf. Ac 6.2), au point que « les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement » (1 Tm 5.17). On voit clairement qu’enseigner et prêcher les Écritures avec autorité constituait la norme lors des rassemblements des premiers chrétiens, si ce n’était l’élément central de leur culte.
  13. Nous vivons de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt 8.3; Mt 4.4).
  14. L’Évangile est avant tout une nouvelle (Rm 10.15). Si donc l’Évangile est en premier lieu un message, les mots doivent avoir une place centrale dans le culte. Il ne s’agit pas premièrement d’une expérience, d’une expression ni même d’un commandement, mais de l’annonce de la Bonne Nouvelle.
  15. La prédication, lorsqu’elle est inspirée par le Saint-Esprit, peut être à l’origine d’expériences émotionnelles fortes. Mettre la priorité sur les mots ne signifie pas court-circuiter nos sentiments. Notre objectif n’est pas que la prédication repose sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que les réalités spirituelles soient exprimées à travers un langage spirituel (1 Co 2.4, 13). La véritable prédication n’est pas seulement celle qui remplit notre tête de connaissances, mais celle qui retire le voile de nos yeux (2 Co 4.3) et dépeint de manière claire Jésus-Christ crucifié (Gl 3.1).
  16. La Parole de Dieu n’est pas une lettre morte. Elle est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur (Hb 4.12; cf. Ac 2.37).
  17. Être transformé à la ressemblance de Christ représente finalement une activité mentale et cognitive. Nous avons besoin de paroles et de vérités pour être transformés par le renouvellement de notre intelligence et parvenir à la maturité dans la connaissance du Fils de Dieu (Rm 12.1-2 ; Ep 4.13).
  18. Jésus demeure en nous par ses paroles. La distinction entre la personne de Jésus et ses paroles n’est pas rigide. Nous connaissons Jésus au travers de ses paroles. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous » dit Jésus à ses disciples, « demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé » (Jn 15.7). Pour Jésus, le fait de demeurer en lui et celui d’avoir ses paroles qui demeurent en nous sont interchangeables. Lorsque ses paroles demeurent en nous, nous demeurons en lui.
  19. Les promesses de Dieu sont notre appui dans les moments difficiles. Par exemple, le psalmiste déclare: « Souviens-toi de ta promesse à ton serviteur, puisque tu m’as donné l’espérance! » (Ps 119.49); « Si ta loi n’eût fait mes délices, j’eusse alors péri dans ma misère » (Ps 119.92); « Je devance l’aurore et je crie; j’espère en tes promesses » (Ps 119.147). Seule la Parole de Dieu a le pouvoir de nous maintenir debout lorsque la vie cherche à nous écraser.
  20. Dieu a magnifié sa parole au-delà de tout renom (Ps 138.2).
  21. Toutes choses passeront, mais la parole de Dieu subsistera éternellement (Es 40.7-8; 1 P 1.24-25).
  22. La seule arme dont nous disposions dans le combat spirituel est l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu (Ep 6.10-18; Mt 4.1-11). Lorsque le diable nous pousse à la désobéissance et au désespoir, nous luttons en proclamant les promesses de Dieu et en ayant conscience de qui nous sommes à ses yeux. Ainsi, nous résistons au diable par des paroles et par la foi en les paroles que Dieu nous adresse.
  23. Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice (2 Tm 3.16).
  24. Par les promesses les plus précieuses et les plus grandes de Dieu, nous devenons participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise (2 P 1.4).
  25. L’Écriture ne peut pas être anéantie (Jn 10.35). La célébration du culte par l’assemblée implique beaucoup de flexibilité; mais puisque nous savons que les Écritures sont inviolables, que nous sommes sanctifiés par la vérité et que la Parole est la vérité (Jn 17.17), nous serions idiots de ne pas prioriser la Parole qui, nous le savons, a le pouvoir de sauver et de transformer, et qui subsiste éternellement.
Article traduit avec autorisation. Merci à Corinne Banziger pour la traduction.

Kevin DeYoung

Kevin DeYoung est le pasteur de l'Église University Reformed Church. Auteur de nombreux livres dont Et si Dieu voulait autre chose pour moi…, il écrit régulièrement sur le blog DeYoung, Restless, and Reformed.

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Ce replay du webinaire de Florent Varak a été enregistré le 11 juin 2019.

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F. Varak