C.A.N.C.E.R. quand tu frappes à notre porte

ProvidenceSouffranceTémoignage

Le cancer: Un petit mot qui vient bousculer notre quotidien et remettre en question nos priorités alors que nous avons vite fait de nous laisser embarquer dans les tracas du quotidien. Il est venu frapper à la porte de chez moi le 15 janvier 2021 mais ce n'était pas une surprise extraordinaire. En effet depuis le mois de juin 2020 je savais que j'avais un nodule "pas très beau" dans la thyroïde et la personne qui a fait ma ponction thyroïdienne le 30 décembre m'avait préparée au fait que c'était très certainement un carcinome.

Au-delà de cela, le Seigneur lui-même m’avait préparée, avec une histoire familiale maternelle où le cancer est omniprésent, et où l’on apprend très rapidement qu’il est le début d’un combat, mais pas une fin en soi. Je viens de passer une petite année entre de nombreux soulagements et de multiples préoccupations. Effectivement, j’ai écopé d’un « gentil » cancer qui se soigne très bien depuis longtemps, par une ablation totale de la thyroïde et des ganglions autour en prévention, et il n’y a ni chimiothérapie, ni radiothérapie, mais la prise d’un comprimé d’iode radioactif qui détruit les restes de cellules thyroïdiennes.

C’est un cancer qui ne fait normalement pas de métastase. Lorsque j’ai appris cela, j’avais tout le temps pour prévoir mes soins puisque je terminais un stage, et qu’il ne me reste plus que mon mémoire à travailler. D’un autre côté, j’avais sous-estimé ce que c’est que de se réveiller avec la gorge tranchée, et deux drains de redon de chaque côté. Je n’avais pas imaginé non plus le coup porté au moral de savoir que j’avais finalement des métastases en dehors de la thyroïde. Mes migraines n’étaient visiblement pas dues aux changements hormonaux, et continueraient à me faire souffrir toutes les semaines. J’ai perdu le contrôle de ma voix qui devient rauque à tout moment. Je n’ai pas d’explication pour chaque symptôme. Enfin, je vais devoir me faire une raison: on ne peut pas tout comprendre, tout expliquer…

Pendant ces hauts et ces bas, ces moments d’enthousiasme et ces moments de déprime, j’ai voulu m’accrocher à ce qui a vraiment de l’importance et de la valeur. Je ne voulais pas me laisser aller à une vision autocentrée du monde, mais lever les yeux et apercevoir ce que le Seigneur veut me montrer. Voici comment je récapitulerais ces derniers mois de réflexions, et ce que je veux me rappeler quelles que soient les suites de mes soins.

C → Confiance

Avant toute chose, je veux garder à l’esprit que je peux avoir confiance dans la souveraineté sans faille de l’Éternel et dans la bonté de Père. Oui je veux reconnaitre comme Nebucadnetsar « il (le Très-Haut) agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise: Que fais-tu? » (Dn 4.35), ou bien aussi comme Job:

Je reconnais que tu peux tout, et que rien ne s’oppose à tes pensées.

Job 42.2

Rien n’est un hasard sur cette terre. Tout a été pensé et pesé par mon Père bien-aimé afin que son Église soit sanctifiée pour sa gloire. Je peux ainsi me rappeler que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. » (Rm 8.28). Je peux réciter le Psaume 121 que je ne vais pas citer ici, mais que je vous encourage à relire.

A → Amour

Oui, les mauvaises nouvelles ont tendance à nous replier sur nous-mêmes, nous centrer sur nous. Souvent, après l’annonce d’un diagnostic sérieux, les proches nous encouragent à prendre soin de nous, nous reposer, penser à nous… Et sans nul doute que ce sont des conseils remplis d’amour, pourtant je reste persuadée que ce n’est pas ce dont nous avons réellement besoin. Nous avons été créés pour des œuvres bonnes préparées d’avance, nous avons besoin de refléter notre Père Céleste pour être heureux, pour être là où nous sommes censés être.

Or, ce n’est pas dans le repli sur soi que nous reflétons la gloire du Père, mais dans la communauté et le partage de la Parole, de ce que nous apprenons du Père. Combien de fois Jésus le dit et nous le montre, il est venu faire la volonté de son Père, son Père est à l’œuvre, alors lui aussi, le fils de l’homme n’a pas d’oreiller où reposer sa tête… Bien sûr, l’activisme n’est pas non plus à souhaiter. Je veux simplement souligner ici le fait que dans l’épreuve, je veux éviter de regarder à moi-même, à mes petits malheurs et continuer d’être un instrument dans les mains de l’Éternel. Qu’il me donne d’aimer toujours plus les autres et de moins me replier sur moi.

N → Nourriture

Je veux parler ici de nourriture spirituelle. Je veux continuer à me nourrir de la Parole, sans me laisser aller au fatalisme, au « à quoi bon? ». Ce n’est pas parce que la maladie me rappelle ma finitude, et que la fatigue et parfois la souffrance sont bien réelles, que j’ai « bien le droit » de manquer à ma discipline spirituelle. Le meilleur moyen de lutter contre les sentiments de déprime n’est pas, là encore, de se laisser aller. Au contraire, lorsque nous sommes faibles, nous avons besoin de nourriture.

Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. […] Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donne pour la vie du monde.

Jean 6.35, 51

C → Confession

Continuer à vivre dans une attitude de repentance. Non, la maladie n’excuse rien, pas de passe-droit ou d’excuse particulière. Aucune souffrance ni douleur physique ou psychique ne justifie un comportement qui ne rend pas gloire à Dieu. Trop souvent, nous utilisons notre souffrance comme un passe-droit pour être désagréable, exiger plus des autres et j’en passe. Nous devons nous repentir d’une telle attitude et ne pas nous y complaire.

E → Écoute.

N’est-ce pas le moment idéal pour revoir ses priorités, réajuster sa vie en fonction de la vision biblique du monde? C’est dans les moments où nos certitudes sont remises en question que nous sommes le plus à l’écoute. Alors, mettons ce temps à profit pour écouter ce que Dieu révèle de nos cœurs dans la souffrance. Qu’est-ce que mes craintes me montrent de mon manque de foi? De mes mauvaises compréhensions de qui est Dieu et de qui je suis? Le Seigneur seul peut nous retirer de la boue de notre péché.

J’avais mis en l’Éternel mon espérance; et il s’est incliné vers moi, il a écouté mes cris. Il m’a retiré de la fosse de destruction, du fond de la boue; et il a dressé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas. Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu.

Psaumes 40.2-4

R → Reconnaissance

Je ne voudrais bien sûr pas oublier la reconnaissance, car ces derniers mois ont été remplis de grâces auxquelles je ne m’attendais pas: le personnel médical si gentil pendant ma première hospitalisation, les amies aux petits soins pour mon mari et mes enfants seuls à la maison, les multiples cartes et textos d’affection, les prières des frères et sœurs de l’Église et jusqu’à cette semaine d’isolement à cause du comprimé d’iode radioactif où je bénéficie d’un temps non négligeable pour lire et écrire avec une vue magnifique sur des collines verdoyantes (alors que je craignais ne pas avoir de fenêtre!) et le chant des oiseaux pour compagnie. Tellement de grâces et de sujets de reconnaissance qui viennent me rappeler que mon Père Céleste est bien meilleur que je ne l’imagine.


Finalement, ce dont je veux me rappeler et les leçons que je veux garder ne sont ni plus ni moins que celles de la vie de tout disciple. Mais il nous faut parfois un bon choc pour prendre le temps de remettre de l’ordre dans ses pensées et ses priorités.

Voici un article dans lequel je présente un livre pour enfant (et pour les grands aussi) sur la prière.

Ici, vous pourrez lire les raisons de ma reprise d’études pour devenir psychologue.

Pauline Laurent

Chrétienne et anciennement professeure des écoles, Pauline a étudié à l'Institut biblique de Genève puis a repris des études de psychologie. Elle est mariée à Samuel et ont trois enfants. Ils ont créé l'association "La Boussole" avec laquelle ils proposent des formations en accompagnement biblique à l'intention des Églises locales. La question de l'accompagnement/counseling biblique est la principale raison de leur présence sur TPSG. ils souhaitent développer et partager une vision biblique du monde autour de l'accompagnement, de la psychologie et des problématiques du cœur humain.

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