Beaucoup d’individus ont découvert la foi dans ces lieux. Beaucoup d’Églises et d’organisations ont bénéficié de son accueil. Après plus de 60 années de bons et loyaux services, le Château de Saint-Albain ferme ses portes. L’occasion de rappeler son histoire.
Le Château de Saint-Albain se définit aujourd’hui comme un centre chrétien d’accueil et de formation. Il appartient depuis près de 60 ans à la mission chrétienne Encompass World Partners, et a été au cœur des efforts de cette mission pour implanter des Églises dans une région déchristianisée de France, et d’Europe.
Le Château de Saint-Albain arbore une très longue histoire religieuse, bien avant d’appartenir à une organisation missionnaire. On a tracé de son existence autour de l’an 800 ap. Jésus-Christ. Il sera légué à l’évêché de Mâcon par l’un des propriétaires de l’époque.
L’évêque de Mâcon en assurera l’extension au 14ᵉ siècle. Il était composé de 4 tours, entourant une chapelle, symbolisant la richesse et du pouvoir de l’Église catholique de l’époque.
Au 16ᵉ siècle, à l’époque des réformateurs et des guerres de religions, les Huguenots prirent le Château de Saint-Albain en otage courtement, avant d’être chassés par les troupes catholiques.
Puis, vient la Révolution française. Partout en France, les révolutionnaires firent disparaitre les symboles de la Monarchie et de son principal soutien, l’Église catholique. Le Château ne fut pas épargné: 400 hommes pillèrent le Château de ses trésors et détruisirent ses bâtiments. Une seule tour survécut à cette intrusion, aujourd’hui devenue emblématique du lieu.
Suite à cela, il devint le domaine familial des Schweitzer, dont sont issus Jean-Paul Sartre et Albert Schweitzer, deux penseurs influents du XXᵉ siècle ayant chacun des avis bien tranchés sur la foi, la religion, et Dieu.
De fait, l’histoire religieuse du Château ne date pas d’hier. Mais c’est en 1964 qu’il prend une nouvelle tournure: l’accent n’est plus mis sur la religion, mais sur le fait d’encourager les gens de tous horizons à chercher une véritable relation avec Dieu.
En 1964 que le Château de Saint-Albain est racheté par un organisme missionnaire. Cette ancienne propriété, qui avait été le théâtre de violences et de destructions, devient alors une maison de paix. Tom et Doris Julien étaient à l’initiative de ce rachat, avec une vision bien particulière pour ce lieu:
Le Château voulait faire l’expérience suivante: dans une région déchristianisée, sans témoignage évangélique conséquent, de nouvelles familles de croyants naîtraient peut-être plus facilement dans un contexte neutre que dans une Église établie. Les relations, et non la religion devraient créer le lien avec les non-croyants. Au sein de ces relations, les chrétiens, tels de la semence, pourraient plus facilement faire germer de nouvelles plantes. Les nouveaux croyants feraient l’expérience de l’Église comme une communauté de croyants, et non comme une organisation ecclésiastique.
Le Château a souvent été décrit comme un pont, un pont entre des gens de tous les horizons. Pendant des années, des centaines de personnes, des jeunes surtout, mais aussi des moins jeunes, en ont franchi les portes, poussés par le désir de savoir si la vie n’avait pas mieux à leur offrir que ce qu’ils vivaient. Alors qu’ils étaient accueillis au Château comme personnes de valeur, beaucoup d’entre eux ont cherché et trouvé leur réelle valeur par leur rencontre de Dieu.
Tom Julien
Avec cette vision, le Château fut le lieu de nombreuses initiatives d’évangélisation, de formations bibliques, de camps d’enfants et de jeunes. Une maison d’édition, les Éditions Clé, a vu le jour au Château, afin de publier des outils d’études bibliques pour le monde francophone. Ce fut également le témoin de moments clés dans la vie de nombreuses personnes: fiançailles, mariages, baptêmes, …
Depuis près de soixante ans, cet espace neutre permet aux personnes de tous horizons de se croiser, de se rencontrer, d’échanger, de se former, de s’engager et de découvrir un peu plus Dieu.
Le résultat de ces initiatives fut, par la grâce de Dieu et du travail sans relâche des équipiers sur place, l’implantation de nouvelles Églises (Charis France) à Montceau-Les-Mines, Le Creusot, Mâcon, Chalon, Dijon et Lyon. Le Château étant également situé quasiment exactement au centre de l’Europe de l’Ouest, une vision a également été développée pour élargir son influence à l’Europe. De nombreux groupes et équipiers d’Allemagne se sont grandement impliqués. Des rencontres européennes de sensibilisation à la mission s’y sont déroulées, avec des répercussions dans toute l’Europe.
Tous ces points de lumières sortant de ce lieu ont grandi depuis, se multiplient, et forment aujourd’hui l’Alliance Charis France et Europe. Chacune d’entre elle porte aujourd’hui la mission menée pendant des décennies par le Château: construire des ponts relationnels afin de toucher les cœurs des Français et faire connaître Dieu. D’un lieu de rassemblement, le Château est devenu un lieu d’envoi.
De fait, la décision a maintenant été prise de clôturer les activités du Château, avec l’objectif de concentrer les efforts au sein des Églises locales. Bien qu’une telle décision soit difficile à prendre, et lourde dans le cœur de nombreuses personnes, la symbolique est forte: le relais est transmis, la relève est bien en marche. Les initiatives d’implantations d’Églises du réseau Charis se multiplient, des personnes se lèvent pour se former et servir l’Église par les dons que Dieu leur a donnés.
Une cérémonie est organisée le weekend du 15 avril, afin de célébrer ces soixante années de ministère, et d’honorer les personnes ayant œuvré pour Dieu pendant toutes ces années. Un culte en commun des Églises Charis se déroulera le dimanche matin, pour clôturer symboliquement les festivités par le fruit même de cette œuvre.
Comme dit Paul: « J’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui a fait grandir » (1Co 3.6). Qu’on ait été témoin, acteur ou bénéficiaire de cette œuvre, nous sommes de nombreux privilégiés à avoir vu ce cycle se dérouler devant nos yeux. Nous nous réjouissons des fruits visibles aujourd’hui, et sommes impatients de voir les grandes choses que Dieu réserve pour la suite pour cette région, ce pays et ce continent. Bien qu’emblématique, ce lieu reste cela: un lieu; une pierre de la construction de l’œuvre de Christ, bien plus grande que nous tous. Ce lieu, et toutes les personnes ayant donné de leur temps, leur énergie, leurs dons, ont permis à d’autres œuvres d’exister, de grandir et de porter la même mission bien au-delà de ces beaux murs de pierre.