Être tendance, ce n'est pas forcément faire de la nouveauté! Selon une nouvelle étude réalisée par Gallup, ce qui est le plus tendance dans l'Église aujourd’hui n'est ni la louange ni le pasteur. Ce ne sont pas non plus la fumée et les lumières ou les programmes intéressants et branchés destinés à la jeunesse. Ce n'est même pas le café bio et équitable servi au début ou à la fin du culte.
La chose la plus tendance à l’église aujourd’hui est la prédication. Et c’est non seulement la prédication, mais une forme très spécifique de celle-ci: la prédication basée sur la Bible. Des décennies de modes de croissance de l’Église sont ainsi foulées au sol. Comme le mentionne le journal Christianity Today:
Malgré une nouvelle vague de mots tendance à l’église comme "relations", "pertinence" et "intentionnalité", les gens qui viennent le dimanche à l’église cherchent la chose qui a longtemps été l’ancre de la plupart des cultes: une prédication centrée sur la Bible.
Loué soit Dieu!
Loué soit Dieu, mais s’il vous plaît, ne sautez pas de suite dans le premier wagon pour suivre la tendance! La dernière chose dont nous avons besoin serait d’un groupe de prédicateurs répondant à cette étude en abandonnant soudainement leur série sur les "7 clés pour des relations réussies" ou "5 secrets pour une maison heureuse", afin de se mettre à barboter dans la prédication textuelle. Ce dont nous avons besoin, c’est que les prédicateurs approfondissent l’Écriture, puisqu’ils s’engagent seulement ensuite dans la prédication textuelle.
Pendant des décennies, l’Église occidentale a été dominée par le mouvement "croissance de l’Église", un mouvement qui s’est fortement inspiré des principes commerciaux que l’on trouve dans le pragmatisme. Le pragmatisme insiste sur le fait que la fin justifie les moyens. Il exige que nous établissions des objectifs, déterminions les meilleurs moyens d’atteindre ces objectifs, puis suppose que le succès prouve que le but et les moyens ont été les bons. Comme l’a dit l’un des pères de ce mouvement "croissance de l’Église": “Ne critiquez jamais ce que Dieu bénit.” Selon le pragmatisme, il n’y a pas de distinction entre ce qui fonctionne et ce qui est le fruit de la bénédiction venant de la main de Dieu. L’un prouve l’autre.
Le mouvement "croissance de l’Église" a pour but d’avoir le plus de gens possible qui professent la foi en Jésus-Christ. Pour ce faire, il faut rendre l’Église attrayante pour les non-croyants. Cela a nécessité de changer les cultes pour les rendre attrayants pour ceux qui sont en recherche de Dieu, en changeant la musique pour la rendre plus contemporaine, et même en changeant l’Évangile pour le rendre moins offensant. Bien sûr, cela a également demandé de changer la prédication pour la rendre plus acceptable, et cela s’est traduit par la prédication de thèmes et de principes plutôt que de prêcher la Bible elle-même. Le pragmatisme est tellement enraciné dans le tissu même de l’Église actuelle qu’il est extrêmement difficile de l’en extirper. Les Églises qui en sont imprégnées doivent se battre bec et ongles contre ses séductions. Elles ont besoin d’être renouvelées pour ne pas regarder à ce qui semble fonctionner, mais à ce que la Bible exige.
Mon inquiétude avec les résultats de cette étude est que celle-ci va convaincre de nombreux pasteurs de changer de cap pour des raisons pragmatiques. Ils verront que les gens veulent une prédication textuelle et, par conséquent, ils vont la proposer. Toutefois, ils ne le feront pas sur la base d’une conviction biblique, mais sur la base du pragmatisme. Ironiquement, passer à la prédication textuelle sur la base d’un sondage est l’essence même du pragmatisme. C’est déterminer ce que les gens veulent, puis supposer que c’est bien de le leur donner.
Il ne devrait pas être surprenant que ce que le peuple de Dieu veuille soit la Parole de Dieu. Un bébé ne veut rien de plus que le lait de sa mère parce qu’il n’a besoin de rien de plus que le lait de sa mère. Un chrétien ne veut rien de plus que la Parole de Dieu parce qu’il n’y a rien dont il a plus besoin que de la Parole de Dieu. Le chrétien peut ne pas le savoir, ou ne pas être capable de le verbaliser, pas plus que le bébé ne le peut, mais à l’intérieur de chaque vrai croyant, il y a une faim profonde d’être nourri par la nourriture spirituelle qui ne se trouve que dans la Parole de Dieu. Les Églises qui s’engagent à prêcher d’interminables séries de pseudo-sermons pour les pseudo-chrétiens ne font qu’affamer leur assemblée. Elles affament les brebis afin d’attirer les chèvres.
Aujourd’hui, l’étude de Gallup nous assure que nous nous sommes trompés, que ce que les chrétiens veulent, c’est la prédication de la Bible purement et simplement. Je suis content de lire ces résultats. Je suis heureux que le peuple de Dieu choisisse la Parole de Dieu. Mais je ne veux pas que les pasteurs et leurs Églises sautent dans le premier wagon de la prédication textuelle. Au lieu de cela, je veux qu’ils se plongent dans les Écritures, pour découvrir ce que Dieu dit de la relation de son peuple avec sa Parole, pour comprendre le but des rassemblements hebdomadaires de l’Église locale, et qu’ils s’engagent seulement alors à prêcher la Parole de Dieu au peuple de Dieu.
Qu’en conclure? Finalement, les instituts de sondage, Gallup, Barna, ou qui que ce soit d’autre viendront avec de nouvelles études qui afficheront de nouveaux résultats et alors les opportunistes qui suivent le mouvement se tourneront vers cette nouvelle tendance. Leur pragmatisme profondément enraciné les conduira à la prochaine grande mode à ne pas rater. Mais les gens qui sont convaincus par la Bible qu’il n’y a rien de mieux que de prêcher la Bible maintiendront le cap. Même quand la prédication biblique est la dernière chose que les gens veulent, ces pasteurs sauront que c’est la toute première et la seule chose dont ils ont besoin.
webinaire
Comment avoir une vision biblique du monde et de la culture?
Découvre le replay du webinaire de Raphaël Charrier et Matthieu Giralt (Memento Mori) enregistré le 24 octobre 2018.
Orateurs
M. Giralt et R. Charrier