"À quoi te sert-il de faire des bonnes œuvres, puisque tu es déjà pardonné de tous tes péchés?" – c'est le genre de phrase habituelle qu'on peut recevoir en annonçant fidèlement l'Évangile à quelqu'un. Preuve en est le discours de Paul dans Romains chapitre 6 introduit par la même question:"Que dirons-nous donc? Allons-nous persister dans le péché afin que la grâce se multiplie?". La réponse de Paul? "Certainement pas!" Mais pourquoi?
Lors de la dernière conférence de T4G (Together for the Gospel), Kevin DeYoung, a donné une prédication au titre provocateur comme on les aime tant « Peut-on atteindre la glorification sans passer par la sanctification? ». Le titre de cet billet est le sous-titre de son intervention: « Bonnes œuvres, Bonne Nouvelle et assurance chrétienne ».
Parce que, trop souvent peut-être, nous voyons l’Évangile d’une part, et la discipline ou les impératifs du Nouveau Testament d’autre part, comme difficiles à mettre dans le même sac. Qu’est-ce que Dieu veut de nous exactement? Qu’on essaie? Qu’on fasse de notre mieux? Qu’on limite la casse? Qu’on soit réellement saints?! Le propos de DeYoung était de montrer qu’une vie de bonnes œuvres suit forcément le salut dans la vie d’un homme et précède l’arrivée, qui est la consommation de cette période centrale de sanctification, jusqu’à la glorification.
C’est pourquoi il a, entre autre, cité François Turretin dans ce qu’il a présenté comme une définition « dense mais majestueuse » du rapport entre les œuvres et notre vie de chrétien. Voici cette citation, entrecoupée de ses quelques commentaires :
« On peut envisager le rôle de nos œuvres de 3 manières : en rapport à la justification, à la sanctification et à la glorification.
- Pour la justification, nos œuvres n’ont aucun rapport d’antécédence (elles ne viennent pas avant le salut), ni d’efficience (elles ne causent pas le salut) ni de mérite (c’est assez clair), mais elles sont consécutives (le résultat du salut) et déclaratives (elles témoignent de la réalité du salut chez une personne).
- Pour la sanctification, un rapport constitutif (c’est la définition de la sanctification) et promotionnel (elles encouragent à la sainteté).
- Pour la glorification, un rapport d’antécédence (les bonnes œuvres précèdent la glorification) et d’ordre (il veut rappeler par là que Dieu a décrété ces bonnes œuvres nécessaires comme les moyens et non les causes pour arriver jusqu’à cette fin de la glorification).
Nous fêterons bientôt les 500 ans de la Réforme. Notre histoire protestante nous a aidés à redécouvrir et insister sur le rôle de nos œuvres dans la justification, le salut. Nos œuvres ne peuvent pas nous permettre de nous justifier. Puissions-nous ces prochaines années être connus comme ceux qui ont également compris le rôle de nos bonnes œuvres dans une vie de sanctification. Des œuvres préparées par Dieu pour rendre témoignage de sa vie en nous et nous amener, pas à pas, jusqu’à ce pour quoi nous avons été sauvés: la sainteté totale.
[1] Traduction libre de « Works can be considered in three ways: either with reference to justification or sanctification or glorification. They are related to justification not antecedently, efficiently and meritoriously, but consequently and declaratively. They are related to sanctification constitutively because they constitute and promote it. They are related to glorification antecedently and ordinatively because they are related to it as the means to the end. » – Open Letter on the Kinnaird Controversy, Turretin, 17.3.14)
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