Beverly a épousé un pasteur et ils ont eu quatre enfants qui se sont succédé rapidement. Pour elle, le dimanche était le jour le plus stressant de la semaine. Son mari partait tôt pour ouvrir la salle de culte et se préparer pour la matinée. Habiller ses quatre enfants, leur donner à manger et les installer dans leur siège auto toute seule, sans parler de se préparer elle-même, s'avérait parfois insurmontable.
Le fait de savoir qu'elle devrait, et avec joie, s’occuper de ses enfants tout au long de la matinée, tout en accueillant les visiteurs et en se souvenant des préoccupations très réelles des membres de l'Église, ajoutait à son angoisse du dimanche matin. Au moment où elle se garait sur le parking, une idée la traversait: celle de s'enfuir vers un autre endroit sur terre, un endroit où il n’y aurait pas tous ces devoirs et ces attentes auxquels il lui fallait répondre.
Un dimanche, alors qu'elle sortait les enfants de la voiture, elle n'a pas trouvé le sac à langer de son fils âgé de deux ans. Elle avait dû le laisser sur le comptoir de la cuisine, une fois de plus! Quand allait-il enfin apprendre à utiliser le pot? Elle imaginait déjà le sourire forcé de sa responsable d’école du dimanche lorsqu'elle le déposerait les mains vides. Et puis elle a remarqué quelque chose qui l’a encore plus découragée: elle avait mis aux pieds de son fils deux chaussures différentes! Avec le recul, elle trouverait cela plutôt drôle, mais pas ce dimanche-là.
Heureusement pour elle, Helen a vu les larmes dans les yeux de Beverly alors qu'elle passait à côté d'elle, ce matin-là. Après avoir aidé Beverly et les enfants à entrer dans l'Église, Helen a commencé à réfléchir et, quelques jours plus tard, elle a parlé à Beverly d'un plan qu'elle et sept autres femmes voulaient mettre en œuvre: une patrouille zoologique. Chaque dimanche matin, deux de ces femmes âgées bienveillantes se présenteraient à la porte de Beverly une heure avant le début de l'office pour l'aider à nourrir, habiller et transporter son petit zoo jusqu'à l'Église. Quel bienfait pour tout le monde: le pasteur, son épouse, les patrouilleurs du zoo et les quatre petits qui avaient quelqu'un pour les aider avec amour à verser leur lait, à se coiffer et à fermer leur veste.
Je n'ai jamais eu une telle patrouille zoologique, pourtant j'en aurais bien eu besoin! Nous avons vécu en Écosse pendant quatre ans, le temps que Ray obtienne son doctorat à l'université d'Aberdeen. Il aidait notre paroisse et partait tôt le dimanche matin. À l'époque, il m'était difficile de préparer nos quatre enfants, puis de marcher des kilomètres pour nous rendre à l'Église (nous n'avions pas de voiture).
Un jour, j’ai réalisé que je devais faire quelque chose pour atténuer les plaintes et les larmes, ainsi que mon propre ressentiment qui allait grandissant. J'ai donc décidé d'essayer de faire du dimanche matin notre meilleure matinée de la semaine, quelque chose à attendre avec impatience plutôt qu'à redouter. Le samedi soir, je m'assurais donc que les vêtements des enfants étaient prêts pour éviter les pertes de temps du type: “je ne trouve pas mon autre chaussure” ou “ma fermeture Éclair est cassée”. Nous préparions souvent une pâte à brioche le samedi après-midi et nous nous amusions à confectionner plusieurs roulés à la cannelle pour qu'ils lèvent pendant la nuit. Les enfants se réveillaient avec cet arôme alléchant, qui, encore aujourd'hui, nous ramène à notre petite cuisine le long du Royal Deeside. Des œufs brouillés et des fruits frais complétaient notre petit déjeuner dominical.
Après avoir mis la vaisselle dans l'évier, nous nous mettions en route, et j'avais toujours des sucreries dans ma poche pour récompenser l'obéissance joyeuse et rapide. Nous faisions des concours pour voir qui pouvait atteindre la prochaine allée sans se plaindre, ou qui pouvait repérer la prochaine maison avec des fleurs blanches dans le jardin, ou encore qui pouvait penser à une chose qu'il aimait chez son papa avant d'atteindre le magasin au coin de la rue.
En chemin, nous parlions de l'heure spéciale qui s'offrait à nous, l'heure sur les 168 heures de la semaine où nous pouvions adorer Dieu avec nos amis. J'ai demandé aux enfants les plus âgés de nous offrir comme cadeau, à moi et aux autres personnes assises près de nous, de rester assis tranquillement pendant ce court laps de temps, afin que nous puissions prier, chanter et écouter. Je les ai encouragés à essayer de participer à tout cela dans la mesure de leurs possibilités. Lorsque j'ai commencé à leur apprendre à rester assis tranquillement, il m'arrivait de les récompenser en leur donnant d'autres friandises durant le sermon.
Puis, sur le chemin du retour, nous nous réjouissions du temps passé avec l’Église et je les remerciais pour leur amour envers moi, pour avoir respecté les adultes qui nous entouraient et, surtout, d'honorer Dieu au moyen de leur être entier, corps et esprit. Autour de la table du déjeuner, je me vantais auprès de leur père de leur bonne conduite, et ils s'illuminaient sous son approbation enthousiaste.
Chaque dimanche était-il aussi idyllique que je le laisse entendre? Non, bien sûr! Il y avait des dimanches durant lesquels les roulés à la cannelle brûlaient, où l'un d'entre nous était de mauvaise humeur, où, horreur des horreurs, je n'avais plus de bonbons! Chaque dimanche, je devais m'en remettre au Seigneur du sabbat pour la persévérance et la patience, qu'il m'a si gracieusement données en abondance, avec débordement, "grâce sur grâce" (Jn 1.16).
Mais semaine après semaine, c'est devenu un peu plus facile, car nous avons commencé à adopter un modèle qui nous apportait de la joie. Le dimanche matin est devenu, avec l'aide du Seigneur, un plaisir plutôt qu'une obligation. Et j'ajouterais que nos quatre enfants n’ont pas eu de caries! Parfois, je me demande si le Seigneur les a protégés de toutes mes tentatives de corruption par le sucre.
Ce que je veux vous dire, c'est que vous avez la possibilité de transmettre à vos enfants un amour profond pour le dimanche matin. Les enfants apprennent à aimer ce que leurs parents aiment. Ils s'enthousiasment pour ce qui vous passionne.
Laissez-les voir l'étincelle dans vos yeux lorsque vous leur dites: “Devinez quel jour nous serons demain! Oui, c'est dimanche!” Laissez-les entendre la chaleur authentique de votre voix lorsque vous dites: “J'ai hâte d'entendre ce que le pasteur va nous apprendre sur Dieu demain.” Laissez-les ressentir le glorieux privilège de l'adoration collective lorsque vous priez avec eux: “Merci pour notre Église et pour ce jour spécial chaque semaine.” Aidez-les à “goûter et à voir que le Seigneur est bon” (Ps 34.8).
Oui, cela vous demandera du travail supplémentaire, mais cela en vaut la peine! Commencez modestement. Soyez créatifs. Demandez au Seigneur de vous aider. Votre âme pourra mieux se régaler de l'abondance de sa maison (Ps 36.8). Et vos enfants commenceront à dire, comme le roi David:
Je suis dans la joie lorsque l’on me dit: “Allons à la maison de l'Éternel.”
Psaume 122.1
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SOS Parentalité: Comment éduquer à la lumière de l'éternité?
Ce replay du webinaire de Samuel Laurent a été enregistré le 16 juin 2020.
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S. Laurent