Saviez-vous que Calvin se méfiait de la musique instrumentale pendant le culte, alors que Luther allait jusqu’à reprendre les mélodies de chants profanes? Pourtant, les deux Réformateurs avaient la même intention: conduire l’Église à louer Dieu. De même, la louange aujourd’hui est bien différente d’il y a 50 ans.
Mais alors, c’est quoi exactement la louange? Qu’est-ce que l’on doit conserver, qu’est-ce qui peut (et doit) évoluer? C’est la question à laquelle répond Christophe Paya (pasteur et prof de théologie pratique à Vaux-sur-Seine), dans son livre Au cœur de la louange.
Il y a quelques décennies, si je vous avais dit: « Nous allons maintenant prendre un temps de louange », vous vous seriez alors sans doute préparé à… prier! Eh oui, il y a encore quelques dizaines d’années, on associait plus l’adoration à la prière qu’au chant.
Le XXe siècle a vu de nombreuses autres évolutions dans le domaine de la louange: finis les recueils de chants harmonisés à quatre voix (de toute façon, c’est toujours les filles qui avaient la mélodie, c’est pô juste!), place au rétro-vidéo-projecteur et à des chants à l’unisson.
Le traditionnel organiste a, lui aussi, été remplacé par un pianiste… et un guitariste… et un bassiste… et un batteur… et des gens au micro… bref, à toute une équipe qui aura préparé et répété les chants pendant la semaine (eh non tonton Albert, tu ne pourras plus proposer “Grand Dieu, nous te bénissons” un dimanche sur deux).
Quant aux cantiques “théologiques”, avec de nombreuses paroles et qui décrivent l’œuvre de Dieu (je pense par exemple à des chants comme Ô grâce merveilleuse ou Dieu tout-puissant), ils ont laissé la place à des cantiques plus “émotionnels”, centrés sur notre réponse à son œuvre (comme Mon ancre et ma voile ou encore Règne en moi).
Deux styles de louange donc, mais de la louange quand même.
Dans son livre Au cœur de la louange, l’auteur revient sur la définition de ce que signifie “louer Dieu”. Il s’appuie pour cela sur les types de louange que l’on trouve dans la Bible (louer, ça ne se limite pas à chanter!). Il regarde aussi la place de l’adoration dans le culte hier et aujourd’hui (vive la qualité et le dynamisme actuels, mais gare à l’esprit de consommation). Il nous parle encore des aspects pratiques à considérer lorsqu’on prépare un moment tourné vers l’adoration.
Pour moi qui suis intéressé par ce ministère dans l’Église (je joue d’un instrument, et je dois préparer des présidences de culte), ce livre est un très bon rappel de ce qu’est la louange et de ce qu’elle n’est pas. Il m’aide à guetter les dangers de la louange sous sa forme actuelle, mais aussi à discerner tout son potentiel. Je regrette toutefois de ne pas trouver une partie pratique plus détaillée (un seul chapitre, court, est consacré à la préparation d’un temps de louange) dans l’ouvrage. Quant à la taille du livre (un petit livre avec beaucoup de chapitres et de points abordés), je trouve qu’elle ne permet pas assez à l’auteur de développer vraiment ses idées. Je suis parfois resté sur ma faim, j’aurais aimé que l’auteur détaille plus ses propos, qu’il donne des exemples tirés de son expérience…
Bref, c’est pour moi un petit livre à mettre entre les mains des présidents de culte, chantres, musiciens, techniciens et autres personnes qui s’intéressent au rôle de la louange dans l’Église, mais peut-être trop théorique et trop théologique pour le grand public!
webinaire
Comment organiser des cultes pour chrétiens et non chrétiens?
Ce replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk et Franck Godin a été enregistré le 3 juillet 2018.
Orateurs
F. Godin et S. Kapitaniuk