Cette année, attendez-vous à être déçus

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Si vous pensez que cette nouvelle année sera différente des précédentes, cet article vise à vous ramener à la réalité. C’est l’Ecclésiaste lui-même qui l’a dit!

Face à une nouvelle année, il est facile de penser que le changement sera enfin là. Ce qui n’a pas marché l’année dernière pourra marcher l’année prochaine. La satisfaction que l’année précédente ne nous a pas donnée va enfin venir dans cette nouvelle année. Nous sommes peut-être remplis de projets, d’idées, de choses qui nous enthousiasment. Pourtant, il nous faut faire face à la réalité: l’année qui vient sera décevante, tout aussi décevante que celle qui a précédé.

Tout est vanité?

Ce n’est pas moi qui fais ce constat, mais c’est l’Ecclésiaste lui-même. Regardez le constat qui vient dès le début de ce livre – la thèse de base que tout le livre va démontrer:

Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.

Ecclésiaste 1.2

"Vanité des vanités" est une expression devenue populaire, mais qu’est-ce que cela signifie? On pourrait aussi traduire cela par "futilité complète", ou "tout est dérisoire". Le mot que l’on traduit par "vanité", c’est littéralement le mot "vapeur". Tout dans cette vie est comme de la vapeur.

C’est-à-dire que non seulement cela ne dure pas: c’est comme la buée qui sort de notre bouche quand il fait froid, et disparaît aussitôt. Tout dans cette vie est éphémère. Mais aussi, la "vanité" ou "vapeur" évoque le fait que cela n’a pas de consistance, c’est creux, ce n’est pas fiable, c’est décevant. C’est, selon l’image que l’Ecclésiaste utilise, comme courir après le vent!

Tout essayé…

L’Ecclésiaste est le nom de ce livre, mais c’est aussi le nom d’une personne. C’est un titre qui évoque l’idée d’un sage, d’un enseignant. Dans ce livre, c’est lui qui parle et qui tire sa conclusion sur la vie. Il a tout essayé. Vraiment tout. Il était roi d’Israël et avait accès à tout ce que l’on peut imaginer, tout ce qui existe sur cette terre. La sagesse, la connaissance, le pouvoir, la richesse, les plaisirs. Il a tout essayé, et il nous révèle sa conclusion:

Moi, l'Ecclésiaste, je suis devenu roi sur Israël à Jérusalem. J'ai pris à cœur de rechercher et d'explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous le ciel; c'est un souci fâcheux que Dieu donne aux humains comme moyen d'humiliation. J'ai vu tous les ouvrages qui se font sous le soleil; voici que tout est vanité et poursuite du vent.

Ecclésiaste 1.12-14

L’Ecclésiaste nous dit: “Les amis, après avoir tout essayé, je confirme: tout est vanité et poursuite du vent. Tout est déception.”

La vie "sous le soleil"

Il serait naturel de penser que cela fait référence à la vie sans Dieu. Oui, sans Dieu on sera constamment frustrés. Mais avec Dieu, alors il n’y aura pas de déception face aux choses de cette vie! Et pourtant, ce n’est pas tout à fait juste de dire cela. La conclusion de l’Ecclésiaste, ce n’est pas la conclusion d’un incroyant qui rejette Dieu. À plusieurs reprises dans le livre, on voit que l’Ecclésiaste reconnaît que Dieu existe et qu’il contrôle toutes choses (Ec 1.13; 2.24-26; 9.7-9). Malgré cela, il conclut quand même que tout est "vanité".

La clé est de comprendre que l’Ecclésiaste décrit le monde "sous le soleil". C’est une expression qui revient régulièrement dans le livre pour décrire la vie sur terre, le monde que l’on connaît. Ce monde, c’est un monde qui se trouve entre Genèse 3, la chute et la malédiction, et le retour de Jésus. C’est un monde corrompu qui subit les conséquences du péché. C’est un monde qui a été "soumis à l’inconsistance", comme Paul le dit dans Romains 8.20. Depuis l’entrée du péché dans le monde, tout est atteint par cette vapeur, cette inconsistance, cette vanité. La création tout entière est esclave de ce cycle sans fin, et l’être humain est impuissant pour le briser. Ça fait partie de la vie ici-bas. L’Ecclésiaste décrit tout simplement notre monde, notre vie.

S’attendre à être déçu

Cela ne nous amène pas à tomber dans la déprime. Plutôt, cela nous amène au réalisme. Alors que nous abordons une nouvelle année, ou n’importe quel jour de l’année, nous devons nous attendre à être déçus. Nous allons faire face à la déception, à la vapeur, à la vanité, dans tout ce que nous faisons.

Par exemple, on connaît le sentiment d’attendre des vacances avec impatience, pendant plusieurs mois. Mais au bout de quelques jours, c’est déjà terminé, et il faut retourner au boulot. On dévore une série Netflix pendant plusieurs semaines, c’est passionnant. Et puis c’est terminé, et on se demande ce qu’il en reste… On a hâte de faire un pique-nique avec des amis, mais ils sont tous en retard et untel a oublié d’amener le tire-bouchon…

Ce sont des exemples pratiques, de notre vie ici-bas, mais dans lesquels nous nous retrouvons tous. De manière plus profonde, nous connaissons peut-être ce sentiment dans notre travail, en n’arrivant pas à y trouver de satisfaction? Métro, boulot, dodo...? C’est normal dans un sens. C’est ça la vie sous le soleil. C’est la même déception que l’on connaîtra dans nos relations et nos amitiés: rien ne sera à la hauteur de nos espérances.

Il nous faut donc avoir les bonnes attentes, et refuser d’être naïfs. Nous ne serons jamais pleinement satisfaits avec la vie sous le soleil. Nous ne trouverons pas la joie ultime, ni dans ce loisir, ni dans cette amitié, ni dans cette vidéo YouTube, ni dans notre famille ou nulle part ailleurs.

Tout jeter à la poubelle?

Cela ne veut pas dire qu’il faut rejeter ces choses. Cet article n’a pas pour but de développer cela, mais l’Ecclésiaste offre deux autres messages face au caractère décevant de la vie:

  • Il faut profiter du bonheur tant qu’il est là (voir Ec 3.12-13 et 9.7-10)! Ces choses nous offrent de la joie et une certaine satisfaction, mais cette satisfaction ne durera pas. Il faut donc en profiter tant que l’on peut.
  • De manière plus profonde, ce livre nous amène à trouver refuge en Dieu. C’est lui qui fait ce qui dure toujours (Ec 3.14), ce qui n’est pas de la vapeur.

Quoi qu’il en soit, recevons la conclusion de l’Ecclésiaste comme un bon rappel pour cette nouvelle année. La vie sous le soleil sera ce qu’elle a toujours été.

En faisant cela, nous pouvons aussi tourner nos regards vers celui qui a brisé ce cycle de la vanité, celui qui a libéré la création de l’esclavage de la corruption, le Seigneur Jésus. Par sa mort et sa résurrection, Jésus a réglé le problème à la racine. Il a remporté la victoire sur le péché, la mort, et la vanité, pour toujours. Gardons les yeux fixés sur celui qui nous donne la promesse d’un monde libéré de toute vapeur, où nous vivrons la satisfaction complète en sa présence.

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica, papa d'une petite fille, et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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