Récemment, je suis tombé sur un article de la Revue Réformée traitant des différences entre calvinistes et arminiens concernant la doctrine du Salut. J'avais déjà parlé de l'assurance du Salut dans ma recension du live Stop asking Jesus into your heart. Mais j'ai trouvé ces deux paragraphes rafraichissant.
En se dressant comme la pointe d’un iceberg, les doctrines de l’assurance du salut et de la persévérance des saints révèlent la sotériologie et l’anthropologie si caractéristiques de la pensée réformée et mettent en perspective les différentes confessions chrétiennes. Dans ce qui précède, nous nous sommes efforcé d’exposer le fait que la persévérance dans la foi et l’assurance du salut ne peuvent exister que parce que leur fondement est en Dieu, lui en qui il n’y a pas ombre de variation. Nous avons donc souligné le caractère objectif de ces deux réalités. Cependant, nous ne pouvons pas terminer cet article sans parler également de ce que nous appellerons la dimension subjective. Par cette expression, nous qualifions la conscience que le croyant a, ou peut avoir, de cette assurance de la foi et de la confiance en sa persévérance. Il nous faut donc distinguer entre ce sur quoi cette assurance repose, à savoir les promesses et l’œuvre de Dieu – qui sont oui et amen en Christ – et la perception que nous en avons. Comme le dit le théologien John Murray: « Les fondations sur lesquelles repose le salut sont tout aussi sûres pour la personne qui n’a pas une pleine assurance [de son salut] que pour la personne qui l’a. »
Nous touchons là à quelque chose de très important, tant sur le plan de l’expression de la doctrine que sur celui de la pastorale. Car si « cette assurance n’est pas une simple conjecture ou une opinion probable établie sur un espoir douteux, mais une infaillible certitude de foi… », comme le dit la Confession de foi de Westminster, cette assurance infaillible n’appartient pas pour autant à l’essence de la foi. Autrement dit, le croyant peut normalement avoir l’assurance de son salut – l’adverbe signifiant que cette assurance fait partie des bienfaits que le Saint-Esprit lui applique par l’entremise de la Parole et des moyens de grâce – qui n’est donc pas le fruit d’une révélation extraordinaire; mais il est tout autant légitime de reconnaître qu’un vrai croyant peut attendre longtemps et se battre avec maintes difficultés avant de goûter à cette assurance. Une fois de plus, nous percevons là la dimension profondément pastorale de la théologie réformée, qui ne se place pas sur le terrain d’une logique abstraite et implacable, mais s’adresse au fidèle dans la réalité de son quotidien. L’assurance du salut ne peut être qu’une assurance de foi et ne peut, par conséquent, que se déployer dans le cadre d’une communion vécue avec le Rédempteur. En d’autres termes, le croyant, lors d’une période de doute et d’incertitude, n’a pas à remettre en question la réalité de l’œuvre de Christ à son égard, mais est appelé, au contraire, à s’appuyer d’autant plus sur celui qui est l’auteur de la foi et qui la mène à son accomplissement, selon la parole de l’épître aux Hébreux.
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