Nous sommes tous confrontés, à divers degrés et de diverses façons à au moins une épreuve dans notre vie: deuil, divorce, maladie incurable, dépendance, dépression, perte d’un emploi, terrible accident, agression...
J’ai moi-même connu la dépression, la tentative de suicide, l’hôpital psychiatrique, l’esclavage de la dépendance, divers accidents, le divorce de mes parents, etc.
Mais en tant que chrétien, je sais que l’épreuve est un don du Dieu bienveillant et souverain. Je dois donc l’accepter avec joie.
Je suis conscient de 3 choses en écrivant ces lignes: il s’agit de la vérité de la Parole de Dieu, selon la nature et la violence de l’épreuve elle peut demeurer longtemps incompréhensible, Christ console réellement car il a été solidaire jusqu’à la mort.
En 2015 après avoir passé 11 mois alité, dont 9 à l’hôpital et 2 opérations du dos, j’ai voulu écrire pourquoi je pensais cela… Aujourd’hui, les épreuves ne sont pas finies. J’ai parfois l’impressions qu’elles font une course de relais. Mais mon avis n’a pas changé!
Quand il nous appelle à le suivre, Christ nous prévient qu’il ne nous évitera pas l’épreuve (Lc 9.23-27).
Elle ne doit donc jamais être une surprise. La persévérance dans l’épreuve a toujours été un sujet de prière et d’étude doctrinale dans ma piété personnelle.
Nous devons avoir une théologie biblique et solide de la souffrance pour mieux vivre l’épreuve, car elle survient tôt ou tard et parfois dans une violence extrême. La théologie n’est pas que pour les pasteurs. Elle est indispensable à tous les disciples.
Quand je n’avais pas la force d’ouvrir ma Bible à cause des médicaments, de l’abattement ou de la douleur, l’Esprit-Saint nourrissait mon âme en me rappelant les vérités de l’Écriture qu’il avait fait pénétrer dans mon cœur.
L’étude du problème théologique du mal et de la souffrance n’est pas que pour les étudiants en théologie, mais pour tous ceux qui veulent suivre Christ.
L’une de mes grandes craintes à ma conversion était qu’un jour je puisse abandonner la foi à cause de l’épreuve.
Puis dans mes études théologiques, j’ai découvert ce que l’on appelle la doctrine de la persévérance des saints. Cela fût une grande source de réconfort pour moi: J’appartiens à Christ pour l’éternité (Jn 10.1-18).
Effectivement, durant ma maladie, pas un seul instant je n’ai douté de mon Dieu et de son amour envers moi. Mais surtout, je sais que cette fidélité envers lui ne vient pas de moi, mais du Saint Esprit qui vit en moi.
Perdre la foi impliquerait que Satan, par l’épreuve, remporte la victoire sur le Saint-Esprit qui vit en moi. Impossible!
Comme l’affirme Pierre: « vous êtes gardés en la puissance de Dieu, par la foi, pour le salut » (1 P 1.5).
À ce sujet, John Owen disait:
La foi donne toute la gloire à Dieu pour sa grâce, glorifie Jésus-Christ et dépouille le pécheur de toute confiance qu’il pourrait encore entretenir en lui-même pour son salut.
Certains amis m’ont encouragé en me disant que j’étais courageux dans l’épreuve.
C’est faux! Je suis minable! Rien venant de moi ne peut me permettre de plaire à Dieu.
Je suis dépendant du Saint-Esprit qui me secourt dans ma faiblesse et intercède en ma faveur pour moi (Ro 8.26). C’est lui qui produit en moi l’attitude qui plait à Dieu.
Le courage c’est dire: « Je suis fort », la foi c’est dire « il est fort ».
C’est alors que je commençais un nouveau ministère, plein d’enthousiasme et d’encouragements autour de moi, Dieu m’a arrêté. Il m’a plongé dans la souffrance et cloué dans un lit. Pourquoi?
Parce que…
vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu. – 1 Co. 6.20
Mais ma vie ne m’appartient pas. J’ai été racheté. Il m’a rappelé qu’il n’avait pas besoin de moi. Il m’a rappelé que je n’étais pas sauvé pour le servir, mais pour le glorifier. Que ce soit dans le service, ou dans l’épreuve.
« Suis-je suffisant pour te combler? » Voilà la question qu’il m’a posé au travers de ces souffrances. Cela m’a humilié. Mais plein d’amour, il m’a consolé en me montrant qui il est.
À l’hôpital l’un des objectifs est de traiter la douleur. On me demandait plusieurs fois par jour:
Sur une échelle de 0 (aucune douleur) à 10 (la plus grosse douleur que vous pourriez imaginer) où situeriez-vous votre douleur monsieur?
Cette question m’a fait longuement réfléchir: je ne supporte pas de vivre avec de la souffrance, mais comme je tolère bien de vivre avec mon péché!
C’est seulement quand l’homme ressent son péché comme le malade ressent sa souffrance qu’il en appelle au divin médecin pour en être libéré.
Alors je vous pose la question que je me suis posé: Sur une échelle de 0 à 10 à quel point votre péché fait-il souffrir votre âme? Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin d’un médecin, mais les malades disait Jésus (Mt 9.12).
Nul part vous ne trouverez dans les Écritures que la santé est ce qu’il y a de plus important. Si les chrétiens avaient autant de zèle de prier pour la sainteté qu’ils en ont pour prier pour des guérisons, et des miracles, je suis convaincu que l’Église serait en meilleure santé… spirituelle.
Dans la souffrance, mon cœur est pressé, ainsi je vois à quel point ce qui en ressort est noir et puant.
Comme le forgeron tape sur la barre tordue pour lui donner la forme qu’il veut voir, il me fait passer par l’épreuve pour m’examiner.
Mais il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes; le châtiment qui nous donne la paix est (tombé) sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. – Es 53.20
Je peux ainsi avoir la certitude que mon épreuve est une bénédiction et non une malédiction.
Certes, je dois m’examiner et prier pour discerner si Dieu dans sa grâce veut me discipliner, mais cela n’est en aucun cas une preuve que Dieu m’a abandonné ou qu’il m’a rejeté. Au contraire, il me rappelle qu’il y a quelque-chose ici-bas qui ne va pas, il me rappelle qu’ici-bas il a souffert pour moi.
Compte tenu de mon état de pécheur racheté par le sang de Christ, toute revendication d’insatisfaction à propos de mon état n’est que caprice.
Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu (…) il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l’image de son Fils. – Rm 8.28-29
Durant mon épreuve, beaucoup de frères et sœurs et de proches m’ont dit: « On ne comprend pas pourquoi le Seigneur permet cela… quelle épreuve pour toi et ta famille… Mais pourquoi? »
Dans un certain sens, ils n’avaient pas tort. Toutes ces questions sont légitimes quand elles sont l’expression de leur compassion. Mais si elles sont le fruit d’un sentiment d’injustice, elle dénotent une incompréhension à l’égard de la bienfaisante souveraineté divine.
Ainsi je comprends la place de l’épreuve dans le plan de Dieu: elle est une grâce car elle fait grandir en moi, par le Saint-Esprit l’image de Jésus-Christ (Rm 8.28-29).
Connaître cette vérité est déjà une bénédiction, la vivre en est une plus grande. (Jb 42.5)
C’est en foi et en pureté que Paul encourageait Timothée à être un modèle (1 Tm 4.12).
Il ne souhaitait pas qu’il évite les souffrances, mais qu’il les supporte (2 Tm 4.5).
Le Seigneur m’a rappelé que je dois être avant tout un modèle en foi et en pureté. Ce n’est pas gagné… J’ai un orgueil démesuré!
Mais pour mon âme, mieux vaut une bonne épreuve qui m’abaisse, qu’une bonne prédication qui m’élève. Ma place est à genou au pied du trône de la grâce, et trop souvent je l’oublie.
Jésus s’est totalement identifié à moi, et il veut que je m’identifie totalement à lui.
Paul avait compris cela. Il aimait tellement Jésus qu’il voulait tout partager avec lui:
Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort. – Ph. 3.10
J’ai trouvé le réconfort auprès de ceux qui ont souffert avant moi.
Quand un frère, un mentor, qui a accompagné son épouse durant vingt ans dans la maladie jusqu’à la mort vous parle, vous l’écoutez attentivement.
J’ai été porté par les prières des frères et sœurs.
Je sais que Dieu a aimé les écouter et qu’il leur a répondu selon sa volonté. Tout le monde est heureux, car tout le monde a confiance en lui.
J’ai appris que deux sœurs, l’une à Saint-Etienne, l’autre au fin fond de l’Alsace, se sont téléphonées pour prier pour ma femme tous les jours pendant un mois! Je n’en reviens toujours pas.
Ma famille a été soutenue quotidiennement par de l’aide concrète et tellement précieuse.
Grâce à leur exemple et leur service, j’ai appris qu’il n’y a rien de plus spirituel que de garder un enfant un après-midi ou que de préparer un repas pour le soir. Je retiens la leçon.
Durant mes mois d’hospitalisation, beaucoup sont venus me visiter.
Ce fût un beau témoignage auprès du personnel soignant et un réconfort pour moi car nous pouvions prier ensemble et parler de Dieu (en espérant que mon voisin de chambre écoute!).
J’ai constaté que je n’était pas non plus une « prothèse inutile » à son corps.
J’ai pu aussi consoler les autres malgré tout, car je pouvais ressentir la consolation de Dieu en moi et sa compassion. Au sein de l’Église, il n’y a pas de saint inutile!
Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père compatissant et le Dieu de toute consolation, lui qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans toutes sortes d’afflictions! – 2 Co 1.4
J’ai appris à être content dans l’état où je me trouve. – Ph 4.11
Le puritain Thomas Watson disait que celui qui est content possède suffisamment. Allongé sur mon lit j’ai vécu cela.
L’épreuve est une excellente école pour apprendre à se détacher des choses du monde et découvrir que le contentement est un don de Dieu.
Le contentement c’est comprendre que la vraie consolation est auprès de Dieu et non dans la guérison. Sa bonté vaut mieux que la vie.
Il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir. – Rm 8.18
La grâce de Dieu c’est que dès aujourd’hui, en pensant à la gloire future, son éclat m’éblouit même dans l’épreuve et la rend déjà aujourd’hui moins grave. Je me rappelle que j’ai été semé corruptible, mais je serai ressuscité, incorruptible, glorifié, éternel (1 Co 15).
Par la souffrance Dieu me pousse a penser au ciel.
Existe-t-il quelque chose de plus réconfortant? Quelle bénédiction… La création toute entière souffre du péché (Rm 8) et j’ai cette assurance qu’un jour je serai complètement libéré du péché et de ses conséquences dans ma chair.
Je serai en parfaite santé! Quelle grâce! Mon corps glorifié pourra enfin adorer et servir le Roi des rois pour l’éternité. Je serai libre.
Alors que Paul était critiqué par certains sur un prétendu manque de sagesse dans sa stratégie d’évangélisation l’ayant conduit en prison, il dit aux Philippiens:
Je veux que vous le sachiez, frères: ce qui m’est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l’Évangile. – Ph 1.13
Dans ma situation, je m’approprie ce qu’affirme l’apôtre.
Quand on est dans un hôpital, on est entouré de gens qui côtoient la maladie et la souffrance (personnel ou patients). Ma situation m’a rappelé l’urgence du mandat missionnaire et la puissance de l’Evangile. Le confort de la vie quotidienne a tendance à m’endormir.
Souffrir rappelle l’urgence d’échapper aux peines éternelles.
Alors du coup, on pense moins à ce que les autres vont dire de nous et on ne se cache pas sous prétexte d’être sage et « d’attendre le bon moment parce que tu comprends, aujourd’hui tout de suite ça fait secte », alors qu’en fait, on a peur, on a honte.
À chaque voyage en ambulance, chaque infirmière, chaque camarade de chambre j’expliquais l’Évangile et j’étais heureux. Je me suis fait deux amis qui souhaitent en savoir plus, et nous allons commencer un parcours découverte de la Bible. Peut-être que je reverrai certains ambulanciers au ciel.
Marion a souffert avec moi, et a porté à bout de bras sa famille avec amour, sans s’économiser, dans un esprit de service, de sacrifice. J’ai vu Christ en elle.
Je n’aurais pas pu imaginer un jour avoir une épouse comme elle. Je ne la mérite pas. Dieu m’a fait ce cadeau par ma maladie: il m’a montré combien ma femme est belle et j’en ressors admiratif et encore plus amoureux.
Le livre des Proverbes nous dit que le mari de la femme vertueuse publie ses louanges aux portes de la ville. Alors je vous le dit: ma femme est extraordinaire!
Si je vous ai partagé cela c’est parce que je sais que Dieu, selon ses desseins bienveillants, Dieu nous fait tous passer par l’épreuve pour faire éclater la gloire de celui qui a vaincu le mal à la croix pour nous ; alors je désir lui exprimer mon amour sans partage dans la louange.
Je laisse la conclusion à Thomas Watson:
Celui qui donne à Dieu la peau de l’adoration peut-il espérer d’avantage que la coquille de la consolation?
webinaire
Covid-19: j'accuse Dieu!
Ce replay du webinaire de Florent Varak et Raphaël Anzenberger a été enregistré le 22 avril 2020.
Orateurs
F. Varak et R. Anzenberger