9 mauvaises manières de lire la Bible (et la bonne)

Doctrine de l'ÉcritureLecture de la Bible

Un livre de bonnes nouvelles

Pour beaucoup d’entre nous, la Bible n’a rien d’une lecture vivifiante, elle est plutôt perçue comme contraignante. Notre Bible est posée là sur notre table basse. Nous savons que nous devrions la lire. Parfois, nous le faisons. Mais c’est généralement par obligation. Nous nous disons que la vie est suffisamment pénible comme ça. Pourquoi se créer des contraintes supplémentaires? Faut-il en plus écouter des injonctions sur notre manière de vivre?

Ces pensées sont légitimes. Mais c’est faire fausse route. Cela m’amène au cœur de mon propos sur la Bible, en m’interrogeant sur comment de vrais pécheurs peuvent aspirer à un réel changement dans leur vie. La Bible est une bonne nouvelle, pas un message d’encouragement. Une nouvelle. C’est quoi une nouvelle? C’est l’annonce de quelque chose qui s’est produit. La Bible, c’est comme la première page du journal, pas la rubrique de conseils en tous genres.

Bien sûr, la Bible contient aussi beaucoup d’instructions. Mais les exhortations et les commandements de l’Écriture découlent directement du message central de la Bible, un peu comme les côtes qui sont attachées à la colonne vertébrale, les étincelles qui jaillissent d’un feu ou les règles de la maison qui sont données à des enfants. Paul a dit que l’Ancien Testament a été écrit « afin que […] par le réconfort que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance. » (Rm 15.4). Il a ajouté que « les saintes Écritures […] peuvent […] rendre sage en vue du salut par la foi en Jésus-Christ. » (2 Tm. 3.15).

La Bible est une aide, pas une punition. Elle est là pour nous faire avancer dans la vie, pas pour nous faire tomber. Notre vision négative de Dieu est la raison pour laquelle nous rechignons à ouvrir la Bible et à nous y soumettre.

Si nous bâillons devant la Bible, c’est comme si un asthmatique sévère, en pleine crise d’asthme, alors qu’il s’étouffe, bâillait devant l’offre gratuite d’un inhalateur. Lisez la Bible non pas en vous demandant qui imiter ou comment vivre, mais plutôt en vous demandant ce qu’elle révèle à propos du Dieu qui aime sauver, et à propos des pécheurs qui ont besoin d’être sauvés.

Quelques mauvaises manières de lire la Bible

Évidemment, pour vous, la Bible peut être une bonne nouvelle. Pourquoi la lire sinon? Mais, voici neuf approches courantes et mauvaises de lire la Bible:

1. L’approche gros câlin -lire la Bible pour vivre une expérience subjective de Dieu, enflammée par les mots du texte, sans forcément en comprendre le sens. Résultat: une lecture superficielle.

2. L’approche grincheuse -lire la Bible avec pour seule motivation « il faut le faire », pour ne plus avoir Dieu sur mon dos le reste de la journée. Résultat: une lecture rancunière.

3. _L’approche mine d’o_r -lire la Bible comme si j’étais dans une mine gigantesque, à la fois sombre et profonde, dans laquelle je tombe de temps en temps sur une pépite de sagesse. Résultat: une lecture désordonnée.

4. L’approche héroïque -lire la Bible comme si c’était le temple des héros de la foi où je trouve exemple sur exemple de géants spirituels et héroïques à imiter. Résultat: une lecture désespérée.

5. L’approche à principes -lire la Bible à la recherche de commandements à respecter qui renforcent subtilement mon sentiment de supériorité vis-à-vis d’autrui. Résultat: une lecture pharisienne.

6. L’approche Indiana Jones -lire la Bible comme si c’était un ancien manuscrit décrivant des événements survenus au Moyen-Orient il y a des millénaires et qui n’ont aucun lien avec ma vie actuelle. Résultat: une lecture ennuyeuse.

7. L’approche boule de cristal -lire la Bible à la manière d’une carte routière m’indiquant où travailler, qui épouser et quelle voiture acheter. Résultat: une lecture anxiogène.

8. L’approche Fables de La Fontaine -lire la Bible comme une collection de belles histoires, indépendantes les unes des autres, chacune ayant une belle morale à la fin. Résultat: une lecture déconnectée.

9. L’approche doctrinale -lire la Bible comme un référentiel théologique à exploiter pour avoir des munitions en vue de mon prochain débat théologique au café du coin. Résultat: une lecture insensible.

La bonne méthode

Il y a une part de vérité dans chacune de ces approches. Mais en choisir une seule comme grille de lecture pour lire les Écritures, c’est transformer la Bible en un livre qui n’a jamais existé. La bonne manière de lire la Bible c’est l’approche évangélique. Lire chaque passage de la Bible comme étant constitutif, d’une manière ou d’une autre, de l’histoire unique et globale de l’Écriture sainte et qui culmine en Jésus.

De même que vous n’allez pas commencer un roman par le milieu ou lire un paragraphe hors contexte et tout comprendre de suite; de même vous ne pouvez pas vous attendre à percer la signification d’un passage de l’Écriture sans le situer dans le grand récit biblique. Or, le sujet principal de la Bible c’est que Dieu a envoyé son Fils, Jésus, pour accomplir ce qu’Adam, Israël et nous-mêmes n’avons pas réussi à faire: honorer Dieu et lui obéir pleinement. Chaque mot de la Bible soutient ce message. Jésus lui-même l’a dit. Lors d’un débat théologique avec l’élite religieuse de son temps, Jésus a dit à ceux qui prétendaient être fidèles à Moïse et s’opposaient au Christ:

Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, puisqu’il a écrit à mon sujet.- Jn 5.46

Jésus a dit à ses disciples: « Il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes », c’est-à-dire dans l’ensemble de l’Ancien Testament (Lc 24.44).

La Bible est une bonne nouvelle. Elle doit être lue en tant qu’Évangile. Avec cette approche-là, notre lecture nous transforme. Nous grandissons. Comme l’a dit Luther:

Celui qui veut lire correctement et avec profit les Écritures doit veiller à y trouver le Christ; alors, certainement, il y trouvera la vie éternelle. D’un autre côté, si je n’étudie pas et ne comprends pas Moïse et les prophètes de manière à découvrir que le Christ est venu du ciel pour mon salut, qu’il s’est fait homme, qu’il a souffert, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, qu’il est ressuscité et qu’il est monté au ciel afin que, par lui, je bénéficie de la réconciliation avec Dieu, du pardon de tous mes péchés, de la grâce, de la justice et de la vie éternelle, alors ma lecture de l’Écriture n’est d’aucune utilité pour mon Salut. Je peux, bien sûr, devenir un homme instruit en lisant et en étudiant les Écritures et prêcher ce que j’ai appris, mais tout cela ne me servirait à rien.1

Une habitude essentielle

En cherchant à grandir en Christ pour devenir un être humain à part entière, acceptez et adhérez à cette vérité: vous n’approfondirez pas plus le Christ que vous n’approfondissez les Écritures. Lire l’Écriture, c’est lire le Christ. La lire, c’est entendre sa voix. Et entendre sa voix qui réconforte et qui conseille, c’est entendre l’invitation à devenir l’être humain que Dieu nous a destiné à devenir.

Que la lecture de la Bible fasse partie de votre vie de la même manière que votre petit-déjeuner en fait partie. Après tout, nous, les humains, sommes des créatures qui formons des habitudes. Notre café du matin, notre dessert du soir, la façon dont nous entretenons notre voiture, dont nous décompressons en faisant du jogging, en allant au cinéma ou en observant les oiseaux -toutes nos habitudes sont le fruit d’un long processus. Nous construisons des rituels quotidiens sans lesquels notre journée ne serait pas vraiment normale.

J’ajouterai: que la lecture de la Bible soit votre rituel quotidien principal. Qu’elle devienne l’habitude sans laquelle votre journée ne serait pas normale. Mais, n’en faites pas, non plus, une loi qui vous domine et vous condamne. La bénédiction de Dieu n’est pas compromise si vous ne lisez pas la Bible certains jours. Mais estimez-vous sous-alimenté, si sauter ce repas spirituel devient quelque chose de normal. Luttez pour rester en bonne santé. Restez branché sur la fréquence de l’Évangile: de l’aide, du conseil et de la promesse, en lisant la Bible chaque jour. Puisez vie et force dans les Écritures.

Pour en revenir à notre métaphore initiale: prenez votre âme asthmatique dans une main et la bouteille d’oxygène de la Bible dans l’autre, et réunissez-les ensemble. Lire la Bible, c’est respirer à plein poumon.

1. Martin Luther, Sermons I, dans Luther’s Works, ed. Jaroslav Pelikan et Helmut T. Lehmann, 55 vol. (Philadelphie : Fortress, 1955-1986), 51:4.
Cet article est tiré du livre Deeper : Real Change for Real Sinners. de Dane C. Ortlund, et traduit de l’anglais avec autorisation. © 2001-2022 Crossway, USA. Merci à Christine Davée pour la traduction.

Pour aller plus loin:

Dane Ortlund

Dane C. Ortlund (PhD, Wheaton College) est chef d'édition en chef et éditaur biblique à Crossway. Il est éditeur pour la série Knowing the Bible and la série Short Studies in Biblical Theology. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Gentle and Lowly, et Edwards on the Christian Life. Il est ancien à la Naperville Presbyterian Church en Illinois. Dane est marié à Stacy. Ils ont 5 enfants.

Ressources similaires

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F. Varak