Élections présidentielles: tous pourris ou pas?

Politique et sociétéVision chrétienne du monde

Nos politiciens sont-ils tous pourris? Non! Enfin, si bien sûr… Mais pas comme… Bref, je m’explique.

Certains hommes politiques ont marqué l’histoire pour le pire, d’autres pour le meilleur. Parfois pour les deux. Tomber dans la caricature est dangereux et simpliste. Nous-mêmes, nous sommes parfois dignes de confiance, parfois non.

Tous les candidats ont en commun l’ambition de vouloir diriger notre pays. Et nous le savons, le pouvoir est un danger pour l’homme. Il exacerbe le péché et expose à diverses tentations inhérentes à son exercice: culte de la personne, amour de l’argent, manipulation, corruption et j’en passe…

Alors, tous pourris?

Oui… mais plus que nous tous?

S’ils sont tous pourris, n’oublions pas que c’est parce que nous sommes tous pourris (Ro 3.23). Oui, ils sont pécheurs comme chaque homme.

J’illustre: ceux qui ont jugé Jérôme Cahuzac ou les époux Balkany sont-ils tous innocents de vol? Ceux qui ont jugé DSK sont-ils tous innocents d’adultère? Ceux qui condamnent François Fillon sont-ils innocents?

Comprenons-nous: bien entendu, je suis pour que toute violation à la loi et l’éthique soit dénoncée et jugée au tribunal.

Mais en disant cela, je me rappelle que je ne suis pas au-dessus de ces personnes.
Je me rappelle aussi, que sans la grâce de Dieu, ce qu’ils font, je pourrais le faire. Peut-être même en pire.

Comme l’affirmait Théodore Monod:

Malade entre tous les malades est celui qui se croit en santé, aveugle entre les aveugles celui qui pense y voir clair; s’il est dangereux de regarder longtemps à notre misère, hélas! trop réelle, il est bien plus dangereux de nous reposer complaisamment sur des mérites imaginaires.

Refuser donc de s’intéresser à qui sera le prochain président de la République selon ce prétexte du « tous pourris », c’est leur jeter la première pierre, alors que nous ne sommes pas plus vertueux qu’eux.

Certains sont plus proches des valeurs bibliques, mais dans certains domaines seulement; j’y reviendrai dans l’entre-deux-tours.
Dieu connaît les cœurs, et certains ont des motivations secrètes plus nobles que les autres. De plus, il y a ceux dont les fautes nous sont connues, et puis il y a les autres.

Comment agir?

  • Prions pour que Dieu accorde la sagesse, l’intégrité et des valeurs qui viennent de lui au prochain président. Qu’il le pousse à servir l’intérêt de son pays avant le sien. Que ce soit un homme ou une femme de paix et de justice.
  • Prions aussi pour que Dieu nous protège, chacun à notre niveau de responsabilité, de toute ambition inique et de jugements hâtifs.

Ainsi, je pense que ne pas vouloir voter sous le prétexte du « tous pourris » est une erreur de jugement. Pour autant, quels espoirs pouvons-nous placer en eux?

Pouvons-nous élire… l’Élu? (celui qu’on attend dans Matrix ou Star Wars)

Pendant des années, j’ai fait l’erreur de ne pas voter pour les raisons suivantes: je n’avais confiance en aucun politique, et aucun programme ne me satisfaisait en tout point. Aucun ne méritait ma voix, et je suis loin d’être le seul dans ce cas.

Mais cela révèle une chose importante: nous exigeons des hommes et des femmes politiques qu’ils aient réponse à tout, soient parfaits dans tout. Nous voulons comme président celui qui arrivera à pacifier le monde, unifier la nation, faire prospérer chaque famille et protéger chaque personne. Nous voulons qu’il éradique le mal et les injustices et qu’il mette fin à toute forme de misère.
Bref, nous voulons élire l’Élu… Et quelques mois plus tard… on s’étonne  d’être déçu!

Tout bien considéré, beaucoup d’électeurs exigent du président qu’il soit celui que le monde rejette… le Christ!
Tous les candidats aimeraient être le sauveur de la Nation. Quand je regarde les débats ou lis des interviews, je constate que nombre des candidats rejoignent des valeurs bibliques. Ce que le monde rejette, c’est l’autorité du Roi des rois (Jn 15.18).

C’est pour cela que Christ a rappelé que son royaume n’était pas de ce monde. En revanche, il nous commande de ne pas nous en retirer (Jn 18.36, Jn 17.15-16).

Comment agir?

  • Notre allégeance revient à Christ seul. Si tomber dans le « tous pourris » est une erreur, tomber dans l’idolâtrie n’est pas mieux.
  • Les périodes électorales mettent en lumière deux choses: le monde va mal, et il cherche désespérément la solution. Je suis convaincu que ces temps de débats sont une aubaine pour le témoignage chrétien: elles créent le dialogue autour des valeurs et de l’espérance. Les élections nous donnent donc l’occasion de parler de notre espérance et du royaume de Dieu (1Ti 1.1).
  • Nous ne devons pas attendre des hommes et des femmes politiques ce que nous ne pouvons attendre que de Christ. Sinon, nous ne voterons jamais. Il faut accepter de voter pour une personne imparfaite.

Pour info, vous trouverez ici un très bon document du CNEF, Les évangéliques en France, convictions. Il vous aidera à mûrir votre intention de vote. Prions pour leur travail de représentation des évangéliques auprès des autorités!

PS: Voici un comparateur de programmes bien fait: Figaro. N’oubliez pas d’aller voter (même blanc)!

Article publié pour la première fois lors des présidentielles en 2017, republié à l’occasion des présidentielles 2022.

Pour aller plus loin:

Raphaël Charrier

À 17 ans, Raphaël s’engage dans l’armée dont il est renvoyé moins de deux ans après. Il reprend alors l’école et obtient le bac à 23 ans. C’est à ce moment qu’il découvre la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et place sa foi en lui pour être sauvé. Il poursuit ses études et devient Éducateur Spécialisé. Il s’oriente ensuite vers des études de théologie à l’Institut Biblique de Genève, puis à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-Sur-Seine, afin de se consacrer au service de l’Évangile.

Après un premier poste pastoral à plein temps à l’ECE de Grenoble pendant 9 ans, il partage aujourd'hui son ministère entre une charge pastorale à Sola Gratia, l'enseignement dans des institutions de formation théologique, l’écriture et le blogging. Il est marié à Marion et ils ont deux enfants. Il est auteur de plusieurs livres, dont Vivre pour Jésus qui a pour objectif d'aider les chrétiens à poser les bons fondements de la vie chrétienne.

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Orateurs

F. Varak et T. Le Gall