Un pasteur vous répond

Est ce que les morts intercèdent pour les vivants? (Épisode 85)

Textes difficiles

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Publié le

29 juin 2017

Lors de l'épisode 81, il y a eu quelques discussions autour d'une remarque de Florent Varak. Il précise dans cet épisode ce qu'il entendait précisément par là, et clarifie ce qu'il enseignait.

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

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Si tu as une question adressée à Florent Varak, commence par consulter la liste des podcasts existants ici et si le sujet n’a pas encore été traité, tu peux poser ta question à l’adresse: contact@toutpoursagloire.com.

Transcription :

"Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont mises à disposition mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. N’hésitez cependant pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance."

La question est posée: “Est-ce que les morts intercèdent pour les vivants?”

Voilà le contexte de cette question : dans un précédent podcast, le numéro 81 pour être exact, j’ai tenté de répondre à la question "Comment annoncer l’Évangile à quelqu’un qui a perdu un proche non croyant ?". J’ai fait plusieurs remarques et j’ai dit quelque chose comme : "les personnes qui sont séparées de Dieu aujourd’hui, dans le séjour des morts, intercèdent pour ceux qui n’y sont pas encore afin qu’ils n’y aillent pas". Alors ça a suscité quelques réactions que tu pourras retrouver sur le site de ToutPourSaGloire, il y a eu quelques discussions à ce sujet, et cela m’amène à considérer la question avec plus de précision.

Mais avant de commencer à aborder la question directement, je voudrais vraiment exprimer ma reconnaissance. Un grand merci d’avoir pris le temps de formuler des questions, des réserves ou même des corrections aux enseignements que j’ai pu donner. Je suis très conscient qu’il n’y a que la vérité de la Bible qui mérite d’être considérée. La vérité c’est la Parole, la parole vivante c’est-à-dire Jésus-Christ, la parole inspirée par l’Esprit c’est-à-dire la Bible. C’est ça qu’il faut défendre, c’est ça qu’il faut comprendre et il faut que nous nous exhortions les uns les autres avec attention. Aucun enseignant n’est à l’abri d’une erreur et donc je vous remercie de tout cœur d’écouter avec vigilance ce que je dis pour qu’on reste attentif, les pieds solidement ancrés dans la parole de Dieu. Parfois, on restera sur une différence d’interprétation sur des points que j’espère secondaires, mais d’autres fois, j’aurai besoin de me repentir ou de retirer un podcast maladroit ou erroné. C’est important que chacun écoute avec tout le discernement que l’Esprit-Saint peut donner à ceux qui sont ses enfants, et qu’on s’attache toujours à comprendre ce que la Bible dit plutôt que ce qu’un individu ou une personne peut avoir comme conviction.

Comment aborder cette question : est-ce que les morts intercèdent pour les vivants ? Une auditrice écrit : "Pour moi, Luc 16 est juste une illustration que notre Seigneur donne mais certainement pas pour nous dire que les morts prient pour nous." Même si elle consent plus tard : < < Oui, je suis d’accord qu’une fois que nous sommes décédés nous continuons à louer, à adorer Dieu et à Lui parler, d’après tout ce que l’on peut voir dans les Écritures. Mais décidément cela ne justifie pas ce que vous avez dit "les personnes qui sont séparées de Dieu aujourd’hui dans le séjour des morts intercèdent pour ceux qui n’y sont pas encore afin qu’ils n’y aillent pas" > >. Un autre auditeur se demande s’il n’y a pas une contradiction entre le fait que les morts prient pour nous et le fait qu’il n’y ait qu’un seul médiateur, Christ, entre Dieu et les hommes.

Alors évidemment ça m’a fait réfléchir, et c’est bien, c’est utile. J’ai consulté les quelques ressources que j’ai à ma disposition chez moi, des livres de théologie systématique comme celui dirigé par Alain Nisus qui s’intitule "Pour une foi réfléchie" et celui de Wayne Grudem, "Théologie systématique", deux ouvrages de référence que je conseille de commander à Noël – au moins celui de Nisus qui est quand même un peu plus accessible que celui de Grudem. J’ai également repris un livre magnifique sur le paradis, probablement le meilleur livre qui ait été écrit sur la question, qui s’intitule "Heaven", c’est Randy Alcorn qui en est l’auteur. Et j’ai regardé également un peu sur internet s’il y avait les informations qui me manquaient. Curieusement, dans les ouvrages de théologie systématique, on a peu d’informations qui seraient susceptibles de nous donner une réponse argumentée et précise sur la question qui est abordée ici. En fait, la plupart s’intéressent, et c’est logique dans un contexte très catholique, non pas au fait que les morts prient mais au fait qu’il faille solliciter leurs prières. Et ça, c’est une problématique qui est un petit peu différente et peut-être à l’origine du malaise qu’a pu susciter mon propos. Voilà où j’en suis et je vais le redire un petit peu différemment, je reste sur ce que j’ai dit mais avec une petite modification.

Premièrement, je veux souligner que le terme prier signifie simplement demander, demander quelque chose à Dieu. Intercéder, c’est intervenir auprès de, c’est demander une audience en quelque sorte pour le bénéfice d’un tiers ou pour son propre bénéfice. La question doit donc être simplifiée de cette manière : est-ce que les morts n’ont jamais demandé à Dieu de sauver des vivants ? N’ont-ils jamais tenté de plaider leur cause pour un vivant, et ce qu’il soit sauvé ou qu’il soit perdu ? Donc ça c’est vraiment le cadre un petit peu plus précis de la question.

Deuxièmement, "Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Marc 12. 27). Pour lui, tous les êtres humains sont vivants. Selon la Bible, la mort physique n’est qu’une porte sur l’éternité où chacun continuera de vivre éternellement, en enfer ou au paradis, c’est-à-dire en tant que personne sauvée ou en tant que personne perdue. Sachant par ailleurs que l’enfer ou le paradis n’ont pas encore commencé, ils ne commenceront qu’à la résurrection, mais que dans l’état intermédiaire ils se trouvent déjà dans une situation séparée, avec des sensations, des émotions, des sentiments, une compréhension, qui sont bien différents si l’individu est sauvé ou si l’individu est perdu. Et à ce titre, de la même manière que Dieu connaît intimement toutes nos pensées humaines et toutes nos paroles, c’est le Psaumes 139 qui le dit entre autres – il y a d’autres passages qui le suggèrent également – il connaît la pensée, les désirs, les soupirs de tous les morts, qu’ils soient sauvés ou qu’ils soient perdus. Alors comment qualifier la pensée d’une mère de famille décédée pour ses enfants encore vivants sinon comme une prière ? Est-ce aller trop loin ? Pas du tout à mon sens, comme le montrent les points qui suivent.

Troisième remarque : les martyrs qui sont devant le trône de Dieu prient pour ce qui se passe sur terre. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Apocalypse 6. 10 qui l’affirme. Ils intercèdent pour ce qui se passe sur terre, pour que la justice de Dieu soit faite, et quelle justice est supérieure à celle de l’évangile ? Apocalypse 5. 8-9 évoque la prière des saints comme une offrande. Je ne vois pas pourquoi restreindre cette offrande à la prière des saints qui sont encore vivants et pourquoi ne pas y voir la prière de tous les saints, y compris des morts – des morts en Christ bien sûr quand il est question des saints. C’est un parfum qui plaît à Dieu. Et je ne vois pas comment mon intercession future dans le séjour des morts serait moins alignée avec l’intercession missionnaire qui est chère au cœur de Dieu. Quand je serai au ciel, je serai encore plus aligné à la pensée de Dieu que je ne le suis aujourd’hui bien entendu.

Quatrième remarque : dans le séjour des morts des perdus, les gens restent conscients et Dieu est toujours Dieu. Alors il n’est pas le Sauveur des perdus puisqu’ils l’ont rejeté, mais il reste quand même leur Dieu parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu, le Dieu créateur de tous les hommes. Et quand Jésus en personne rapporte cette parabole du riche et de Lazare, je crois que le cri du riche qui est perdu dans cette histoire, qui est éloigné de Dieu, qui souffre un regret puissant et profond et qui demande que Dieu intervienne pour parler à ses frères qui sont encore vivants afin qu’ils ne viennent pas dans ce lieu, je suis conscient que si on parle là d’une intercession peut-être je vais trop loin, mais c’est quand même une prière, c’est quand même une demande. Et même si on réduit cette parabole à des notions très simples centrées sur son sens principal, les actions que Jésus évoque sont quand même évocatrices d’émotions, d’activités qui ont lieu dans l’état intermédiaire pour les perdus avant la résurrection finale.

Cinquièmement, Luc 15 évoque la joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent. Alors c’est certainement une indication du souci du ciel pour le salut des vivants, non seulement parmi les anges mais aussi probablement pour l’ensemble du paradis intermédiaire.

Sixièmement, je dirais donc que toutes les informations bibliques vont dans le sens d’une vie spirituelle des morts qui attendent la résurrection, d’une prière que la justice de Dieu soit faite sur terre. Je ne vois aucun texte scripturaire qui me dise le contraire ou qui me dise que les morts ne prient pas ou ne sont pas soucieux de ce qui se passe sur terre et ne maintiennent pas une relation à Dieu, même dans la situation de la perdition. Le fardeau de la preuve biblique appartient donc à ceux qui rejettent l’idée d’une activité spirituelle ou d’une activité de prière chez les morts. Et si je trouve ces indications dans les Écritures alors, à ce moment-là, je me repentirai de cette perspective que j’évoque ici, je changerai mon fusil d’épaule pour ainsi dire et je supprimerai aussi ces podcasts.

Je conclus donc de la même manière mais avec, je l’ai dit, une petite modification, la voici : je ne veux pas donner l’idée d’une sorte d’intercession paisible des morts sans Christ, c’est-à-dire que je ne veux pas imaginer que les morts sans Christ disent "ah ben Seigneur, tu vois effectivement j’aimerais vraiment que tu interviennes pour mon frère qui est autant impie que moi, qui ne se soucie pas du salut". Et là je crois que ce serait une erreur parce que nous voyons que le tourment est terrible. Le regret de la séparation d’avec la beauté de la gloire de Christ, la communion avec tout ce qui est beau, tout ce qui est amour, est terrible ! Et ça ne donne pas lieu à une sorte de réunion de prières des morts ; leur prière est un cri, une supplique. Et en cela elle est de qualité, d’un ordre différent que l’intercession des saints qui prient pour ce qui se passe et pour les gens qui sont sur terre.

Ceci dit, j’ai essayé de comprendre pourquoi cette phrase que j’avais prononcée avait eu cet effet. Probablement, le problème vient de différents facteurs. On a, je crois, très peu réfléchi à la notion de paradis, à la notion de paradis intermédiaire ; on a, je crois, très peu évoqué ces considérations dans nos Églises, ce qui se passe après la mort réellement, peut-être parce qu’on a crainte de la mort ou qu’on n’en parle pas de façon très fréquente ou qu’on essaie de l’éloigner de nos pensées.

Peut-être aussi, et plus probablement, il y a un problème qui vient des implications qu’en a fait l’Église catholique. En effet, de la compréhension que les morts prient pour nous, certains en sont venus, y compris plusieurs pères de l’Église d’ailleurs, à demander à ce que l’on prie les morts afin qu’ils prient pour nous. Et là, vraiment, on est en dehors du terrain biblique. C’est peut-être de là que vient cette crispation sur cette notion. Il ne faut pas imaginer que parce que les morts, en Christ notamment, prient pour nous alors soudainement, il faut en faire à la fois une sorte de doctrine et de pratique, et que nous devrions demander aux morts de prier de façon spécifique. Et c’est vrai que ça fait partie des données catholiques. Je reprends le catéchisme catholique : l’article 2683 page 662 nous dit la chose suivante : < < Les témoins qui nous ont précédés dans le Royaume, spécialement ceux que l’Église reconnaît comme "saints", participent à la tradition vivante de la prière, par le modèle de leur vie, par la transmission de leurs écrits et par leur prière aujourd’hui. Ils contemplent Dieu, ils le louent et ne cessent pas de prendre soin de ceux qu’ils ont laissés sur la terre. En entrant "dans la joie" de leur Maître, ils ont été "établis sur beaucoup". Leur intercession est leur plus haut service du dessein de Dieu. Nous pouvons et devons les prier d’intercéder pour nous et pour le monde entier. > > Voilà ce que nous trouvons dans l’Église catholique, cette idée que nous devrions solliciter la prière des saints. Un site catholique assez virulent à l’égard des protestants, Totus Tuus, dit ceci : "Pour autant qu’on veuille dire qu’il soit permis et utile d’invoquer les saints comme intercesseurs pour nous obtenir, par les mérites de Jésus-Christ, ce que nous ne sommes pas dignes d’obtenir à cause de nos démérites, telle est bien, comme l’a déclaré le Concile de Trente, la doctrine de l’Église :" Il est bon et utile [d’]invoquer humblement [les saints] et, pour obtenir des bienfaits de Dieu par son Fils Notre Seigneur Jésus-Christ…, de recourir à leurs prières, à leur aide et à leur assistance. "L’impie Calvin condamnait cette invocation des saints, mais de façon très arbitraire. Il est licite et profitable d’appeler à notre secours les saints vivants et de les supplier de nous assister de leurs prières. Ainsi faisait le prophète Baruch qui disait :" Priez aussi pour nous le Seigneur notre Dieu "(Baruch 1. 13). Ainsi faisait aussi saint Paul :" Frères, priez, vous aussi, pour nous "(1 Thessaloniciens 5. 25)." Bien entendu je m’inscris en faux avec la citation de 1 Thessaloniciens 5. 25 : les frères sont des frères vivants, ce sont les gens à qui l’apôtre Paul a écrit l’épître aux Thessaloniciens donc ils ne sont en rien les morts en Christ. Et donc, comme on le voit, c’est peut-être de là que viennent cette gêne et ce problème. Et effectivement, il est hors de question d’invoquer les morts pour qu’ils intercèdent pour nous. Pourquoi ? D’abord parce que la Bible l’interdit. La Bible interdit de parler à des morts ou de les solliciter, qu’ils soient saints ou malsains, qu’ils soient perdus ou qu’ils soient sauvés ne change en rien. Il y a un grand fossé entre les hommes et les morts, c’est de la nécromancie, c’est une pratique occulte que la Bible condamne. Et on peut le comprendre, c’est la deuxième raison pour laquelle il nous faut nous interdire cette pratique, c’est que ça nous empêcherait de considérer la plénitude de l’œuvre de Christ en notre faveur, et c’est l’un des soucis qui a été relevé dans les questions que j’ai lues. L’œuvre du Christ en tant que prêtre est suffisante, nous avons tout pleinement en Jésus-Christ. Son sacrifice pour nos péchés nous garantit un accès à sa personne alors que nous plaçons notre confiance en lui. Tout est accompli en Christ, tout est suffisant dans notre relation avec Christ et lui intercède pour nous, le Saint-Esprit intercède pour nous. Certes, les morts semblent intercéder pour nous mais notre lien, notre relation, sont centrés sur Christ. Il est l’auteur de la foi et l’amène à la perfection. Et il n’y a pas à rechercher une intercession tierce. La Bible nous invite à prier notre Père qui est aux cieux ; nous prions le Père au nom de Jésus, c’est-à-dire par ses bénéfices obtenus à la croix, et dans la puissance du Saint-Esprit, c’est-à-dire selon la volonté que l’Esprit a révélée dans sa Parole. Et donc, nous aurions tort de rechercher l’intercession des saints ; ce serait une très mauvaise application de ce que j’avais affirmé que de conclure qu’il faille rechercher l’intercession des saints.

Je conclus donc ainsi : la Bible semble bien confirmer que les morts prient mais la Bible interdit aux chrétiens d’invoquer les morts en Christ, les saints, y compris Marie, ou les morts loin de Christ parce qu’une telle activité nous détourne de Christ. C’est lui seul qui est l’auteur de la foi et qui l’amène à la perfection. J’espère que cela aura clarifié la question ou la gêne qu’ont pu susciter mes propos lors du podcast 81. Merci beaucoup !