Ce que j'ai appris de mon ministère pastoral

Ministère pastoral

Récemment, je [Kevin deYoung] suis intervenu lors d’une rencontre de femmes de notre Église. C’était une sorte de discours d’adieu pour mon épouse et moi. Durant le temps de questions-réponses, notre amie (et responsable du groupe) a demandé: "Qu’avez-vous appris en tant que pasteur dans notre Église, à URC [University Reformed Church]?" J’aurais pu mentionner des douzaines de choses, mais voilà ce que j’ai répondu à ce groupe de dames.

Note: l’article suivant est une transcription peu retouchée de ma réponse, d’où l’oralité de l’article.

J’ai beaucoup appris.

Quand nous sommes arrivés ici, nous n’étions pas vieux. Maintenant, j’ai presque 40 ans. J’ai été dans cette Église un tiers de ma vie. Trisha et moi avons vécu dans la région plus longtemps que nous avons vécu ailleurs. J’espère avoir sans cesse grandi dans ma fonction de pasteur. Et nous espérons avoir tous les deux grandi dans un grand nombre de domaines.

Je dis souvent aux gens que lorsque je suis arrivé à URC, j’ai indiqué au conseil qui s’occupait des candidatures que ma philosophie du ministère reposait sur trois « P »: prédication, prière et présence auprès des gens. Ces trois domaines sont vraiment bons. Ils continuent d’être ce sur quoi je veux faire reposer mon ministère. Mais j’ai dû apprendre un quatrième « P »: la patience.

Je sais que j’ai été naïf en m’imaginant la manière dont les choses changent – le temps qu’il faut pour aborder les sujets et combien il faut pouvoir créer de la confiance avant qu’un changement ait lieu. Je plaisante toujours à propos du fait que lorsque je suis arrivé, je disais que les Anciens auraient réglé certaines préoccupations au bout de six mois. Puis, j’ai dit qu’il nous faudrait peut-être six autres mois. Puis, j’ai parlé de six ans. Et maintenant, je pense qu’on les aura peut-être réglées lorsqu’on sera au paradis!

Je sais que j’ai beaucoup appris au sujet de la patience. Je souhaiterais avoir plus de patience envers mes enfants (les enfants sont souvent le domaine de la vie dans lequel il est le plus compliqué d’apprendre la patience). Mais je pense que j’ai grandi dans ma compréhension de la manière dont les choses changent et sur la durée que cela peut engendrer.

Il existe un grand nombre de petites choses que vous apprenez en tant que pasteur, et certaines d’entre elles font simplement partie de la croissance. Comme le fait d’apprécier les petits mots d’encouragement, d’envoyer des fleurs ou une carte de sympathie, ou d’écrire un petit mail avec comme unique phrase: « je t’aime et je prie pour toi. »

Et voici la dernière chose que je souhaiterais mentionner. C’est à propos de l’histoire biblique de Jacob lorsqu’il lutte avec l’ange. Vous vous souvenez peut-être que Jacob a été touché à la hanche et a, depuis, marché en boitant. C’est une vérité: au bout de quelques années, tout le monde finit par marcher en boitant.

Ce n’est pas la même difficulté pour tout le monde. J’ai moins souffert que beaucoup d’autres personnes. Mais si vous vivez assez longtemps, vous constaterez que tout le monde a des blessures. Vous découvrirez qu’au sein des couples mariés, l’idylle est moins présente que ce qu’elle en a l’air. Que les enfants posent plus de soucis qu’en apparence, ou qu’il y a eu une fausse couche, ou encore de l’infertilité. Qu’un parent est malade, ou quelqu’un affecté de manière constante par le décès d’un autre. Que la relation au sein du couple est tendue, ou qu’il y a une dépendance qui fait du mal, ou qu’il existe une maladie invisible. On peut subir un très grand nombre de peines.

Tous les gens auxquels vous vous adressez sont des pécheurs et des personnes qui souffrent. En tant que jeune personne remplie d’une bonne théologie, il m’était plus facile de connaître le côté « pécheur ». Mais je me dois de ne jamais oublier le côté « souffrance », sous peine d’être un bien piètre ami et pasteur. La compassion sans suivi ou sans correction n’est pas un véritable amour. Toutefois, c’est seulement un côté de l’équation. Vous devez vous souvenir que les gens portent beaucoup de blessures, de tristesse, de peurs. J’ai dû apprendre que les gens ne sont pas juste des pécheurs, ce sont aussi des personnes en souffrance. Cela façonne la manière dont vous traitez le péché et dont vous faites croître la miséricorde. C’est cela, que j’espère surtout avoir appris.

Merci à David Steinmetz pour la traduction de l’article.

Kevin DeYoung

Kevin DeYoung est le pasteur de l'Église University Reformed Church. Auteur de nombreux livres dont Et si Dieu voulait autre chose pour moi…, il écrit régulièrement sur le blog DeYoung, Restless, and Reformed.

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