Les évangéliques décryptés par un reportage France 2

J’ai été assez déçue du reportage de France 2 sur l’église évangélique de Mulhouse. Il y a principalement trois choses qui m’ont interpellée : l’insistance sur la simplicité du culte au détriment du « pourquoi », le mélange entre la justification et la sanctification et enfin ce que j’appellerai « le risque de la guérison ».

  • Le danger de ce genre de reportage est de faire croire à ceux qui n’y connaissent rien ou très peu en histoire du christianisme que la principale différence entre un culte évangélique et une messe catholique est la forme du culte. Alors que ce serait vivant et joyeux chez les premiers, on aurait tendance à s’ennuyer chez les partisans du « genre cathédrale ». En fait, la forme de louange a très peu d’importance. Ce qui est intéressant, c’est de comprendre qu’au-delà des genres musicaux, la vraie louange est celle qui la plus authentiquement possible exprime votre amour pour Dieu et est en accord avec le style et la personnalité que Dieu a choisi pour vous.

  • Le reportage sur la Porte Ouverte de Mulhouse confond foi et œuvres. Ou si vous voulez, justification et sanctification. La justification, c’est le fait d’être déclaré juste aux yeux du Dieu pour avoir tout simplement reconnu l’œuvre de Jésus-Christ : « Tous ont péché et sont privés de la présence glorieuse de Dieu. Mais Dieu, dans sa bonté, les déclare juste à ses yeux, gratuitement, par Jésus-Christ notre Seigneur. » (Romain 3. 23-24). C’est être réconcilié avec Dieu au nom du Christ et non au nom d’un quelconque comportement méritoire ou salvateur (nous en serions bien incapables, même les plus honnêtes et serviables d’entre nous !). C’est ce qui est au fondement de notre foi et ce à quoi nous encourageons tous les hommes. Celui qui accepte ce qu’a accompli Jésus passe du statut de créature de Dieu à celui d’enfant de Dieu. Il s’opère en lui un processus de sanctification, un changement de comportement qui est le fruit de la grâce reçue. Par l’action de l’esprit de Dieu, le croyant distingue ce qui est bon et juste, et ce qui est mauvais. Il recherche à imiter Jésus et tend vers la sainteté. Mais ne confondons pas. C’est parce qu’il a reçu la grâce de Dieu, qu’il cherche ensuite sa volonté et donc qu’il se démarque de l’esprit du monde. Se démarquer de l’esprit du monde en soi n’est pas ce qui est au fondement de notre foi. Dans l’épître aux Romains, Paul nous montre bien comment des non chrétiens appliquent au quotidien certains commandements de Dieu sans même reconnaître sa présence.

  • Enfin, il faut être prudent et ne laisser aucune ambiguïté dans l’esprit de ceux qui ne connaissent pas la doctrine chrétienne. Nous n’aimons pas Dieu uniquement parce qu’il nous guérit d’une maladie déclarée incurable ou parce qu’il répond à nos prières, même si nous devons lui en rendre grâce. Le pasteur Serge Oberkampf explique bien cela :  « Ce que l’Evangile affirme, c’est que Dieu en Jésus-Christ ne supprime pas la souffrance et la mort mais s’y tient à nos côtés, et qu’un jour viendra où la défaite du Mal apparaître au grand jour. Dieu donne par grâce, au sein des vicissitudes que connaît toute l’humanité quelque chose de plus que l’existence : la vie éternelle. L’existence du chrétien, comme celle de tous les hommes est aléatoire. Certains périssent à vingt ans, d’autres à 60, d’autres à 90.  Le résultat est qu’on ne peut rien fonder sur nos existences sauf l’urgence de trouver la Vie. » Bref, notre espérance ne repose pas sur les plaisirs que nous pourrions prendre dans ce monde.

Il y a un aspect qui était, je trouve, tout de même bien illustré. Le souci des églises évangéliques de faire connaître le message de l’évangile dans leur entourage. Mais encore faut-il que ce message soit bien compris !

Myriam J.

Myriam a fait une licence d'histoire à la Sorbonne. Elle a été une contributrice régulière au site TPSG durant plusieurs années.

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