L'exode: le plus important récit de naissance de l'Ancien Testament

HerméneutiquePentateuque

Pourquoi le livre de l’Exode?

Dans les pages d’ouverture du livre de l’Exode, nous assistons à une naissance. Oui, nous lisons la naissance et la délivrance des garçons des Hébreux par la main de deux sages-femmes courageuses[1]. Et, nous lisons ensuite la naissance et la délivrance de Moïse par la main de deux autres femmes courageuses, sa maman et sa sœur (sans rien dire de la fille de Pharaon). Mais ces naissances et délivrances ne servent que d’images de la plus grande naissance et délivrance soulignée dans le livre de l’Exode, celle de la nation d'Israël. Dans les fléaux de l'Égypte, nous voyons une image vivante des douleurs de l'enfantement. Et dans l'acte de l'Exode lui-même, marqué par la traversée de la mer Rouge, nous assistons au moment même où la bande des Hébreux devient une nation singulière.

Quelle est l’importance de ces événements et de ceux qui suivent dans le livre de l’Exode? Paul répond à cette question dans 1 Corinthiens:

Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber!

1 Corinthiens 10:11-12

Ainsi, ces récits de l’Ancien Testament ne sont pas des histoires dépassées qui n’ont aucune pertinence pour nos vies d’aujourd’hui. Au contraire, ils ont beaucoup à nous apprendre, si nous prenons le temps de creuser en profondeur et de comprendre leur message universel. 

La délivrance: Exode 1-15

Pensons à Exode 1. Où est-ce que le livre commence? Dans quelles circonstances  se trouve le peuple de Dieu à ce moment? Où est Dieu? Que s’est-il passé avec les promesses faites à Abraham et sa postérité tout au long du livre de la Genèse? 

Le livre de l’Exode ouvre là où le livre de la Genèse clôture, avec la généalogie des descendants de Jacob qui sont arrivés de Canaan en Égypte à l’époque de Joseph. En quelques générations, les fils d’Abraham passent d’environ 70 à une multitude si importante qu’elle devient une véritable menace pour le pharaon. Ils ne sont plus considérés favorablement, comme à l’époque de Joseph; ils deviennent plutôt les esclaves de Pharaon. De plus, alors qu’ils continuent de croître en nombre malgré leur cruelle oppression, ils deviennent victimes de génocide, car le Pharaon ordonne le meurtre de tous les fils mâles nés des Hébreux. 

Dans les premiers chapitres, nous voyons comment Dieu répond aux cris de son peuple. Il choisit un porte-parole réticent nommé Moïse, qu’il envoie à Pharaon avec un simple message: « Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve. » (Ex 9.1)

Sauvés pour servir

« Servir » est un des mots clés du livre d’Exode. Et nous voyons que c’est le but pour lequel Dieu fait sortir son peuple de l’esclavage. Il prend ceux qui servent un roi païen, et il les transforme en ses enfants pour qu’ils le servent. Et en quoi consiste leur service? Construire des villes pour Dieu comme ils l’avaient fait pour Pharaon? Certainement pas! En fait, Dieu promet de les faire entrer dans un pays où coulent le lait et le miel, avec des villes construites par les mains des autres (Dt. 6.10-12). Non, Dieu ne cherchait pas de main-d’œuvre. Il cherchait des adorateurs.

Il en est de même aujourd’hui. Nous aussi, nous avons été délivrés de l’esclavage d’un maître dur et cruel. Selon 1 Jean 3.10, nous étions autrefois enfants du diable. Et au lieu de servir Dieu, nous servions l’ennemi de nos âmes, ainsi que les convoitises de la chair. Mais Christ nous a racheté pour que nous le servions, non plus sous un joug de péché, mais comme esclaves de justice! En 2 Corinthiens 6.14-7.1, Paul écrit à l’Église de Corinthe pour les exhorter à vivre en vue des promesses de Dieu, des promesses faites au peuple d’Israël dans le livre d’Exode! Il cite en partie Exode 29.45-46:

J’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je serai leur Dieu. Ils connaîtront que je suis l’Éternel, leur Dieu, qui les a fait sortir du pays d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux. Je suis l’Éternel, leur Dieu.

Quel plus grand service pourrions-nous avoir que d’adorer notre grand Dieu et Roi! Quelle grâce!

Les 10 fléaux

Nous voyons, donc, que par main forte et à bras étendu, Dieu délivre son peuple de l’esclavage en Égypte (Ps. 136.12). Comment? Par une série de dix fléaux. À plusieurs reprises, Pharaon promet de libérer le peuple, mais il change d’avis dès que Dieu démontre sa compassion et met fin au fléau. 

Finalement, avec le dernier des fléaux, Pharaon en a assez. Vous souvenez-vous ce que c’était? La mort des premiers-nés de toute l’Égypte. Pharaon avait tué les fils des Hébreux, et maintenant, Dieu lui ôte son propre fils, son héritier. Le pharaon a eu neuf avertissements douloureux dont il ne tient pas compte.

Il en va de même aujourd’hui. Dieu veille sur ses enfants face à l’opposition, face à la persécution, face aux attaques spirituelles. Nous pouvons nous souvenir de sa fidélité dans les générations précédentes et être assurés de sa bienveillance dans la nôtre.

La substitution pénale

Et qu’arrive-t-il aux fils premiers-nés du peuple de Dieu? Ils sont épargnés. Mais comment? Par substitution. Nous voyons ici un principe qui court à travers l’Écriture comme un fil conducteur écarlate.

Où, dans les Écritures, voit-on la première mort substitutive? À la chute. Adam et Eve prennent du fruit défendu. Leurs yeux s’ouvrent. Ils voient leur propre nudité. Ils se cachent de Dieu. Dieu les renvoie du jardin, mais pas avant d’avoir fourni des vêtements de peau pour couvrir leur nudité, leur honte. 

Quelle grâce! Plutôt que le jugement et la mort immédiate, Adam et Ève reçoivent grâce et miséricorde. Nous voyons cela se répéter tout au long de des Ecritures. Chaque fois que le peuple de Dieu offre un animal en sacrifice, c’est le substitut qui verse son sang pour des pécheurs. Cela ne commence pas dans l’Exode, car Noé, Abraham, et ses fils offrent des sacrifices. C’est juste en Exode le système sacrificiel est codifié.

L’agneau pascal

Dieu avertit les enfants d’Israël en Égypte que le jugement arrive. Il leur donne aussi le remède pour échapper à l’emprise de ce jugement. L’agneau pascal doit être tué et son sang appliqué sur les linteaux des portes de chaque foyer. Sans exception. Ce qui est implicite, c’est que tout foyer qui ne prendra pas ces instructions au sérieux ne sera pas épargné.

Cela vaut également à notre époque. L’Agneau Pascal, Jésus-Christ, a versé son sang pour sauver des pécheurs. Mais si nous n’appliquons pas son sacrifice aux linteaux de nos cœurs, nous ne serons pas épargnés du jugement à venir.

Nous voyons, donc, que le sang d’un agneau innocent sert de substitut, et qu’il couvre chaque maisonnée des enfants d’Israël. Cependant, le pharaon et son peuple ne sont pas épargnés, et dans son chagrin et son état de choc, il libère ses esclaves. Mais il se remet rapidement de son choc, et il part à la poursuite de ses captifs libérés.

Pèlerinage dans le désert: Exode 13-19

Vous vous souvenez de la suite, n’est-ce pas? Dans les chapitres 13-19, nous lisons comment, coincé entre une puissante armée en pleine poursuite et une mer féroce, le peuple de Dieu vacille dans l’incrédulité. Malgré toutes les merveilles que l’Éternel a accompli pour eux jusqu’à présent, ils lancent encore des accusations contre Moïse: « Nous as-tu amenés ici pour mourir? » (Ex. 14.11).

Heureusement, Dieu est patient et compatissant. Il ne laisse pas le peuple d’Israël se débrouiller tout seul. Au contraire, il sépare la mer devant eux et les conduit en toute sécurité sur la terre ferme pendant qu’il noie Pharaon et son armée dans les profondeurs de la mer.

La naissance de la nation

Comme j’ai mentionné en introduction et selon de nombreux théologiens, cette période marque la naissance de la nation d’Israël. Jusqu’alors, il s’agissait de nomades errants, puis des immigrants sous la domination d’une puissance étrangère. Mais dans l’Exode, nous sommes témoins de leur transformation en une nation libre sous la protection spéciale de Dieu[1]. Un peuple élu en route vers son destin promis des siècles auparavant, sous la bannière de leur Libérateur et Maître.

Dans les chapitres suivants, Dieu continue de démontrer sa patience envers un peuple au cœur rebelle. Malgré leurs plaintes et leur manque de foi, il pourvoit de l’eau dans le désert, ainsi que du pain et de la volaille qui tombent du ciel. Puis, au plein milieu du livre, l’Éternel leur donne le plus précieux de tous les cadeaux: sa sainte loi. 

À suivre…

Cela nous mène à la deuxième moitié du livre de l’Exode. Restez à l’écoute pour mon prochain article, dans lequel je continuerai avec la seconde moitié du livre de l’Exode et son application pour le peuple de la nouvelle alliance.

[1] Je suis redevable à Jonathan Spencer et le webinaire qu’il a donné sur le livre de l’Exode.


Ressources pour aller plus loin


Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans, dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent à l'Église Baptiste Évangélique Emmanuel et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Aurélie Bricaud. Elle est également Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec) et blogueuse sur le site The Gospel Coalition Canada.

Ressources similaires

webinaire

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Ce replay du webinaire de Frédéric Bican a été enregistré le 12 février 2019.

Orateurs

F. Bican