Un pasteur vous répond

Que se serait-il passé si les juifs avaient reconnu Jésus-Christ comme le Messie? (Épisode 28)

Histoire du Salut

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Publié le

04 mai 2016

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

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Si tu as une question adressée à Florent Varak, commence par consulter la liste des podcasts existants ici et si le sujet n’a pas encore été traité, tu peux poser ta question à l’adresse: contact@toutpoursagloire.com.

Transcription:

« Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont mises à disposition mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. N’hésitez cependant pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance. »

La question est posée:

Que se serait-il passé si les juifs avaient reconnu Jésus-Christ comme le Messie?

Cette question fait partie de ce qu’on peut qualifier de théologie spéculative.

Et en réalité il n’y a pas de réponse satisfaisante à cette question puisque c’est difficile d’y répondre en l’absence d’une pleine connaissance de toutes les options possibles.

Il existe pas mal de questions de ce genre, et j’ai décidé de l’aborder parce qu’on peut s’amuser un peu de temps en temps. Par exemple, certains se posent la question : « Est-ce que Jésus aurait pu pêcher en Matthieu 4 ? Est-ce que c’était théologiquement possible que Jésus pêche en Matthieu 4 ? », « Est-ce qu’il aurait pu céder à la pression de Gehtsémané ? » (si cette question t’intéresse, tu n’as qu’à la poser et on l’abordera), « Est-ce que Jacques aurait été tué si l’Eglise avait prié comme elle a prié pour l’apôtre Pierre en Actes 12 ? », « Paul aurait-il eu un ministère plus fructueux s’il n’avait pas cherché à accomplir un vœu à Jérusalem ? », et on peut multiplier ce genre de questions. Je suppose que tu as eu dans ton cœur ou dans tes conversations plein de questions de ce type qui sont finalement des questions très spéculatives ; « Que se serait-il passé si Adam et Eve n’avaient pas choisi de désobéir à Dieu ? », etc…

Ce qui est intéressant c’est que Jésus lui-même évoque un type de réflexion similaire ou plutôt analogue : en Luc 10. 13, il dit : « Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi Bethsaïda ! car, si les miracles faits au milieu de vous l’avaient été à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties, avec le sac et la cendre. » Donc Dieu connaît le jeu des possibles, Dieu connaît absolument toutes choses et les conséquences de toute décision, au point qu’il peut même spéculer « si ça ça avait eu lieu, il y aurait eu ça qui se serait produit ». En même temps, les événements de l’Histoire, de la perspective de Dieu, ne surgissent pas de façon aléatoire.

Je me restreins à deux textes pour rappeler combien le Seigneur est maître des événements qui ont lieu.

En Ephésiens 1. 9-10, je crois que c’est un des versets clés et fondamentaux sur cet aspect : « Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il s’était proposé en lui pour l’exécuter quand les temps seraient accomplis : réunir sous un seul chef, le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. » Et donc on a dans ce verset cette absolue souveraineté de Dieu. Dieu a un mystère, celui de sa volonté – mystère dans le sens : il a besoin d’être dévoilé, on ne le connaît pas – et il se dévoile comment ? il se dévoilera quand les temps seront accomplis c’est-à-dire réunir sous un seul chef, le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. Dieu a un projet et il conduit l’histoire humaine avec cette ambition de réunir toutes choses sous l’autorité bienveillante et bienfaisante de Jésus-Christ.

e remarque également que sa volonté, elle est unifiée : LE dessein bienveillant, LE projet bienveillant. Dieu a UN projet et il l’accomplira. Un équivalent en Esaïe 48. 3 nous dit : « Dès longtemps j’ai annoncé les événements du début, c’est sorti de ma bouche, et je l’ai fait entendre : soudain j’ai agi, et ils se sont accomplis. » Rien ne prend Dieu par surprise ni par hasard ; Dieu règne, et ce qui a lieu c’est ce qu’il avait prévu qui ait lieu. Il est donc difficile de répondre à ces questions « qu’est ce qui se serait passé si… ? ». En fait ce qui s’est passé, c’est exactement ce que Dieu voulait, c’est impossible que ça se passe autrement.

Mais j’aimerais réfléchir un peu à cette question sous un autre angle. Déjà d’un côté ça pose la question des décrets de Dieu. Dieu a un décret : c’est sa volonté, le dessein bienveillant qu’il s’est proposé d’accomplir, c’est ce que nous dit Ephésiens 1. 9-10. Mais son décret met en jeu un ensemble de contingences, un ensemble d’éléments humains, spirituels, démoniaques, angéliques, scientifiques, etc, qui fait que son plan s’accomplit selon une multitude de causes et d’effets, que nous on ne voit pas, mais que lui maîtrise très bien.

Et lorsque Dieu agit, ça ne veut pas dire qu’il agit au-dessus de la volonté apparente, de liberté, des êtres humains. Il y a un verset qui le résume admirablement parce qu’il met en tension cette souveraineté absolue de Dieu, et en même temps cette liberté ou ce libre arbitre qu’il ne faut pas rendre absolu. L’homme n’est pas pleinement libre ; il est libre d’agir selon son cœur pêcheur, souillé, donc c’est une liberté qui est très mesurée, mais il a une forme de liberté. Actes 4. 27-28 est remarquable parce que nous lisons : « Il est bien vrai qu’Hérode et Ponce Pilate se sont ligués, dans cette ville, avec les nations et les peuples d’Israël contre ton saint serviteur Jésus que tu as consacré par onction. Ils ont accompli tout ce que ta main et ta volonté avaient décidé d’avance. » Tu vois le lien ? C’est extraordinaire ! D’un côté tout ce que Dieu avait décidé d’avance s’accomplit, Dieu est souverain, mais d’un autre, ça passe par la main des êtres humains, par les nations qui choisissent de faire des choses et parfois ils ne se rendent même pas compte qu’ils accomplissent en cela la volonté de Dieu.

Revenons à la question : que se serait-il passé si les juifs avaient reconnu Jésus-Christ comme le Messie ? D’abord je voudrais relever que beaucoup l’ont reconnu : les apôtres sont des juifs, Jésus est juif évidemment, la première église était juive, beaucoup de pharisiens ont reconnu Jésus comme leur Messie. Ce n’est que plus tard qu’il y a eu cette scission un peu dommage qui a fait que le christianisme est devenu plus lié aux nations qu’au judaïsme, mais le christianisme est fondamentalement une secte du judaïsme, on pourrait dire en quelque sorte ; plus qu’une secte : l’accomplissement du judaïsme, mais ça c’est évidemment notre conviction. Tout au long de l’Histoire, il y a eu des juifs, il y a eu des rabbins, il y a eu des grands maîtres du judaïsme qui ont reconnu en Yeshua le Messie promis dans la Bible juive. Ce n’est pas une réalisation complète, large, mais il y a un grand nombre d’individus dans l’histoire du judaïsme qui ont reconnu en Jésus leur Messie, il faut quand même le relever. J’ai appris que 34% des juifs américains aujourd’hui considéraient qu’il était tout à fait possible d’être juif et de reconnaître en même temps que Jésus était le Messie promis à son peuple.

Alors était-il possible que le peuple reconnaisse Jésus au moment où il est venu sur terre ? Absolument pas. Pourquoi ? Parce que les prophéties messianiques annoncent clairement que le Messie serait rejeté. Il faut lire les Psaumes 22, 69 et 118, Esaïe 53, Zacharie 11 à 14, pour connaître les passages principaux qui annoncent le rejet par Israël de son Messie.

Mais il faut faire attention parce que quand on dit ça, on évoque un spectre absolument horrible et inacceptable d’une hypothèse qui est née dans les nations dites chrétiennes, que la nation juive serait le peuple déicide, le peuple qui aurait tué Dieu, qui aurait tué le Messie.

Mais c’est totalement ridicule comme perspective. Pourquoi ? D’abord parce que le Psaume 2 nous dit que ce sont les nations qui se sont liguées contre le Messie, donc Israël et la nation romaine – qui représente en cela toutes les nations non juives – ensemble ont conspiré en quelque sorte pour crucifier Jésus, mais en cela pour accomplir en même temps le plan de toute éternité.

Donc il n’y a aucunement l’idée que c’est un peuple particulièrement méchant qui aurait tué Jésus. Il fallait que ça s’accomplisse.

Le peuple Juif de l’époque par ses responsables a commis ce crime, les nations non-juives par Pilate ont commis ce crime, mais en réalité le vrai meurtrier de Jésus ce n’est ni les juifs ni les romains ni les autres nations, c’est en quelque sorte toi et moi, mais surtout Dieu le Père qui a choisi un plan de sauvetage pour nos péchés, qui a fait en sorte que nos péchés se soient retrouvés sur les épaules de Jésus, Dieu le Fils incarné, qui est venu pour cela, et qui est venu pour mourir en sacrifice. Il était nécessaire que Jésus meure en sacrifice pour le péché des hommes. J’ai entendu une fois un ami qui me disait « Tu sais Florent, on aurait pu imaginer que les juifs reconnaissent en Jésus le Messie et le mènent à la croix en pleurant », mais je n’y crois absolument pas. D’abord parce qu’on ne mène pas à la croix – supplice absolument terrible – quelqu’un que l’on aime et dont on reconnaît les mérites. C’est psychologiquement absolument insoutenable, presque d’un sadisme, d’une cruauté terrible : autant ne pas le reconnaître, et le faire mourir plutôt que de le reconnaître et le tuer, ça n’a pas vraiment de sens. Et puis je dois dire que c’est l’expression même du péché des hommes qui devait mener Jésus à la mort et ensuite à la résurrection, accomplissant le sacrifice expiatoire qui nous permet d’avoir de l’espoir.

Qu’en est-il du peuple juif ?

Je voudrais quand même souligner une chose, c’est que nous devons au peuple Juif tellement de choses extraordinaires : la Bible, le Messie, et moi qui suis d’origine juive, j’apprécie tellement cet héritage qui nous est donné, qui est laissé à toutes les nations. Et il est important que les chrétiens aient vraiment à cœur de prier pour le peuple juif, de soutenir des œuvres qui témoignent auprès des juifs, que ce soit Juifs pour Jésus, que ce soit le Berger d’Israël, que ce soit toutes ces organisations qui visent à avoir un ministère aimant, bienveillant, et qui communiquent la réalité théologique que Yeshua HaMashiah est le Messie du peuple juif. Romains 11. 11-12 en tout cas nous dit la chose suivante : « Je demande donc : » Serait-ce pour tomber que les Israélites ont trébuché ? « Certainement pas ! Mais grâce à leur faux pas, les non-Juifs ont eu accès au salut afin de provoquer leur jalousie. Or, si leur faux pas a fait la richesse du monde et leur déchéance la richesse des non-Juifs, cela sera d’autant plus le cas avec leur complet rétablissement. »

En sorte que le jour vient où, si je comprends bien les Ecritures, et en fait même des théologiens amillénaristes comme Henri Blocher le reconnaissent, le temps vient où le peuple juif va ouvrir les yeux sur la réalité messianique de Jésus, comme c’est annoncé et promis en Jérémie 31, Ezéchiel 36, Zacharie, etc.

Et que, de ce fait là, il va y avoir un réveil spirituel qui touchera l’ensemble des nations. Et il est fondamental que nous qui sommes disciples de Christ nous puissions avoir cette attitude aimante, priante et déterminée aussi à proclamer cette bonne nouvelle qui est dans la Bible juive, autant que ce qui a été son complément avec le nouveau testament, que Jésus est le Messie promis qui devait être rejeté ; mais qui n’est rejeté qu’ un temps, pour ce qui est du peuple juif. Le jour vient où Dieu va greffer de nouveau son peuple à ses promesses et réaliser ce qu’il avait prévu et annoncé de toute éternité.

Que se serait-il passé ?

Ce n’est pas une question vraiment légitime aujourd’hui, parce que Dieu règne et qu’il a conduit les choses en sorte que sa volonté et seule sa volonté ne s’est faite. Quel encouragement pour nous qui sommes confrontés aussi aux difficultés de la vie ! Dieu règne et il accomplit sa volonté. Nous pouvons prier pour cela avec sérénité.