"PRAY 4 PARIS", le slogan qui me gêne

L’histoire de Julien

Ça fait déjà 10 ans que Julien a quitté la maison de ses parents. Ça passe tellement vite. Il se souvient. Quand il était petit, ils ne lui laissaient pas le choix: il était obligé de les suivre pour aller visiter leur vieille tante.

En grandissant, ils lui avaient laissé un peu plus de champ libre. Il se souvient que c’était bien pratique de pouvoir, quand même, à certains moments aller récupérer les gros billets que la vieille dame lui tendait, toujours heureuse de le revoir. Il lui suffisait de promettre qu’il reviendrait le mois suivant. Et, de toute façon, elle ne lui faisait jamais de reproches.

Ce qui gêne Julien, c’est que depuis le départ de chez ses parents il a accumulé des dettes. Il est dans le besoin. Ça peut paraître déplacé, mais il s’est souvenu de cette source de revenu facile. D’autant plus que la vieille tante était tellement généreuse qu’il a même calculé: il lui suffirait de la visiter tous les mois pendant 1an et demi et ses dettes seraient épongées. Facile.

Mais comment expliquer ces 10 ans d’absence? Et peut-il vraiment espérer être bien reçu?

Julien, Paris, les français

Le malaise que ressent Julien est tout à fait normal, n’est ce pas? Refaire surface après 10 ans d’absence; pour demander un service, c’est au minimum vachement culotté.

J’utilise cette histoire, pas très bonne parce qu’inventée de toute pièce pour mettre doucement en lumière ce qui m’a irrité aujourd’hui.

J’aime ma nation, j’aime ma génération, j’aime mes amis. Au point où j’ai choisi d’être missionnaire en France et d’y implanter, avec ma femme et nos 3 enfants, de nouvelles Églises. Et nous n’avons pas attendu ce terrible vendredi soir pour prier pour les français et pour leur souhaiter ce qui peut leur arriver de mieux au monde.

C’est aussi pour ça que je suis indigné et irrité aujourd’hui de voir tous ces appels à la prière lancés par ceux qui étaient hier ouvertement ennemis de Dieu. Je sais que ce slogan n’est qu’un slogan, et que personne ne pèse réellement le poids de ces mots relayés sur les réseaux sociaux; mais c’est justement cela qui me peine toujours plus: le monde entier semble avoir réduis la prière à un slogan. Sans même éprouver le besoin de savoir à qui il devrait adresser ces prières.

J’ai bien peur que ceux qui prennent ce slogan à la lettre (même si j’avoue avoir très peu d’espoir que cela arrive) puissent se retrouver dans la même situation que ceux qui sont venus à Jésus lui rapporter un drame national :

En ce temps-là, quelques personnes vinrent lui raconter ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.

Il leur répondit : Pensez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert de la sorte ? Non, vous dis-je. Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même. (Lc13.1-3)

Il est grand temps d’ouvrir les yeux. Les « valeurs » dont on parle tant et qui sont chères à ma patrie ne sont pas celles de « la République ». Ces valeurs, c’est du christianisme très bas de gamme; un christianisme vide de son sens. Ces valeurs, c’est du « ianisme » à l’image de ce qu’est devenue la prière.

Mon humble prière pour Paris

Je redis tout mon soutien à mon peuple, et je lui souhaite, dans ces jours sombres, de trouver celui qui l’appelle à revenir à lui.

Je prie pour Paris. Je prie pour la France et les français. Je prie que tous les Français surmontent leur honte et reviennent à celui qui les appelle depuis tellement de temps. Je prie que chaque Français demande sincèrement pardon pour son absence. Je prie que les Français trouvent le réconfort dans la réconciliation (ou en se réconciliant) avec celui qui est la résurrection et la vie. Pour que Paris ne prie plus dans le vide..

Franck Godin

Disciple de Jésus, Franck le sert à l’Église Protestante Les Deux Rives, à Toulouse. Il est marié à Flavie, ils ont 5 enfants.

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