Pardonnons nos frères: 2 motivations (1/3)

ÉvangilesPardonCombat contre le péchéVie d’Église

Dans la parabole de Matthieu 18.21-35, Pierre s’approche de Jésus et lui dit (je paraphrase): "D’accord, j’ai compris qu’il faut pardonner, mais combien de fois dois-je pardonner?"

Cette question peut nous sembler bizarre, parce que si on nous demandait, on dirait qu’il faut pardonner sans limites. Mais c’est souvent autrement qu’on agit. Si une même personne nous blesse une fois, ça va, deux fois, ça passe, mais trois fois, je laisse tomber. On pense: “Je ne vais pas m’épuiser avec celui-là, il m’a déjà blessé tant de fois, je lui ai pardonné tant de fois… Ma patience a des limites.” Mais Jésus répond qu’il ne doit pas y avoir de limite à notre pardon.

La question du pardon nous concerne tous, parce que nous sommes tous pécheurs. Si vous passez assez de temps avec une personne, il est certain que vous arriverez à un moment où vous devrez soit demander pardon, soit accorder le pardon. Là où deux ou trois pécheurs sont assemblés, les conflits vont émerger. Nous le vivons tous les jours dans nos familles, dans nos couples, dans notre foyer, ou encore au travail. Et l’Église n’est pas exempte de cette réalité, nous serons tous amenés, tôt ou tard, à demander ou à offrir le pardon à un frère ou à une sœur.

1ʳᵉ motivation: Pardonnons à nos frères, parce que Dieu nous a pardonnés (Mt 18.23-34)

On pourrait découper la parabole en trois actes:

  1. Le roi fait grâce à son serviteur
  2. Le serviteur condamne son compagnon
  3. Le roi condamne son serviteur

1. Le roi fait grâce à son serviteur

La parabole s’ouvre sur un roi à qui l’un de ses serviteurs devait 10000 talents. La somme est astronomique. Le talent était la plus grosse unité monétaire de l’époque et représentait environ 20 années de travail. 10000 était la plus grande valeur numérique de l’époque. Cette somme imaginaire était donc la dette la plus grande qu’on puisse imaginer. Impossible à rembourser! Le roi ordonne qu’on le vende comme esclave lui et sa famille, ce qui était courant à l’époque, alors le serviteur se prosterne devant le roi et le supplie de lui accorder du temps pour qu’il le rembourse. Bien sûr, il ne pourrait pas rembourser une telle somme.

2. Le serviteur condamne son compagnon

Le deuxième acte de la parabole est presque strictement parallèle au premier dans sa construction, mais diffère complètement dans son contenu. Le serviteur va trouver un de ses compagnons qui lui doit de l’argent et l’étrangle en lui réclamant l’argent qu’il lui doit. De la même manière que le serviteur avait supplié le roi, le compagnon va supplier d’avoir un peu plus de temps pour régler sa dette. La situation est presque la même, mais totalement différente. Dans les deux tableaux, le serviteur et son compagnon ont tous deux une dette.

Mais deux choses différencient grandement les deux tableaux:

  1. D’abord, la dette. La dette du premier était mirobolante, impossible à payer. Le second avait une dette de cent deniers, ce qui représentait cent jours de travail. Une somme importante, mais dérisoire en comparaison de la première. Ce serait comme comparer 3 mois de travail contre 200.000 ans de travail.
  2. Ensuite, la grande différence se situe dans la réaction de celui à qui on doit de l’argent: dans le premier cas, le roi fait grâce, parce qu’il est touché de compassion; dans le deuxième, le serviteur est sans pitié et jette son compagnon en prison après l’avoir étranglé.

3. Le roi condamne son serviteur

Cette histoire éveille en nous un profond sentiment d’injustice. Et c’est normal. C’est ce même sentiment qui pousse ceux qui ont assisté à la scène à aller la raconter au roi. Le roi est en colère et reproche au serviteur de ne pas avoir eu pitié de son compagnon comme lui a eu pitié du serviteur.

Parfois, les paraboles ne sont pas faciles à comprendre.

Mais là, Jésus nous donne la clé:

2ᵉ motivation: Pardonnons à nos frères, pour que Dieu nous pardonne

La conclusion de la parabole est très solennelle. Jésus déclare:

C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur.

Matthieu 18.35

C’est la deuxième motivation que donne Jésus: nous devons pardonner à nos frères pour que Dieu nous pardonne. Cette déclaration a surement résonné fort chez les disciples de Jésus et résonne encore fort à notre époque.

Mais il faut faire attention à bien comprendre ce que dit Jésus. Jésus ne dit pas que notre pardon est la cause du pardon divin. Le pardon que Dieu nous accorde n’est pas motivé par celui que nous accordons aux autres. Sa grâce n’est pas le résultat de notre pardon. Au contraire, notre pardon est le résultat de sa grâce.

Mais Jésus pose notre pardon comme une condition du pardon de Dieu. D’ailleurs, à chaque fois que nous prions le "Notre Père", nous l’annonçons: “Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi, nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés” (Mt 6.12) et le commentaire de Jésus sur cette parole est clair:

Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.

Matthieu 7.14-15

On pourrait le résumer ainsi: Traitons nos frères comme Dieu nous traite, sinon Dieu nous traitera comme nous traitons nos frères.

Cette parabole nous donne donc deux raisons de pardonner:

  1. Nous pardonnons à nos frères parce que Dieu nous a pardonnés (imitation)
  2. Nous pardonnons à nos frères pour que Dieu nous pardonne (condition)

Demain, nous verrons 5 enseignements à tirer de cette parabole.

Matthieu Giralt

Matthieu Giralt est cofondateur du ToutPourSaGloire.com. Il est pasteur dans l’Est de la France. Il est titulaire d’un DNSEP de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, et d’un Master de recherche de la Faculté Jean Calvin. Il est le mari d’Alexandra, ils ont deux fils.

Ressources similaires

webinaire

Comment vivre la pureté au siècle de la pornographie?

Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 9 octobre 2018. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.

Orateurs

R. Charrier