Comment Andy Stanley et Tim Keller prêchent en ayant les non-croyants à l’esprit

Ministère pastoralPrédication et enseignement

Un peu plus tôt cette année, j’ai lu en parallèle Deep & Wide: Creating Churches Unchurched People Love To Attend [Larges et profondes: créer des Églises où les gens sans Église aiment se rendre] de Andy Stanley et Une Église centrée sur l’Évangile : la dynamique d’un ministère équilibré au cœur des villes aujourd’hui de Tim Keller. Une curieuse comparaison, je sais.

Ces deux pasteurs viennent de contextes différents (Atlanta vs New York) et de différents courants théologiques (baptiste non-confessionnel vs presbytérien confessionnel). De plus, ils abordent le ministère selon des points de départ différents, et en employant des méthodes non similaires pour atteindre leur objectif.

Mais en dépit de toutes ces différences, il y a une chose pour laquelle Stanley et Keller sont en phase: les prédicateurs doivent être conscients qu’il y a des non-croyants au sein de leur communauté.

Différents motifs pour une même pratique

Stanley et Keller peuvent vivre dans des mondes à part concernant leur vision théologique sur le ministère, ils soutiennent toutefois tous deux qu’un prédicateur doit tenir compte du fait qu’il est en présence de personnes non-sauvées et de personnes qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les Églises.

Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas trouver de différences entre eux dans ce domaine. Par exemple, Stanley parle de gens « habitués des Églises » et de gens « sans Église » (ce qui fait sens dans le sud des États-Unis) alors que le contexte de Keller l’amène à utiliser des termes comme « croyants » et « non-croyants ».

De même, Stanley et Keller se livrent à des pratiques similaires à partir de points de vue différents. Le but de Stanley pour les cultes du week-end est de créer une atmosphère dans laquelle les gens sans Église aiment se rendre. Keller croit que l’évangélisation et l’édification vont ensemble, car les croyants et les non-croyants ont tous deux besoin de l’Évangile. Il écrit:

« Ne vous contentez pas de prêcher à votre communauté pour la croissance spirituelle, supposant que toute personne entendant votre message est un chrétien. Et ne vous contentez pas de prêcher l’Évangile en faisant de l’évangélisation, pensant que les chrétiens ne peuvent pas être édifiés à travers une telle prédication. Évangélisez comme vous édifiez et édifiez comme vous évangélisez. »

Que vous soyez plus proches du modèle de Stanley pour le ministère ou de celui de Keller, vous pouvez bénéficier de quelques-unes de leurs suggestions sur la manière d’engager les gens perdus à vous écouter alors que vous prêchez.

1. Reconnaissez et accueillez les non-croyants de vos assemblées

Stanley et Keller mentionnent tous deux les non-croyants qui sont présents. Cela va au-delà d’un accueil vague et rapide au début du culte. Les deux pasteurs reconnaissent plutôt que même si les non-croyants peuvent être mal à l’aise, les membres de l’Église sont heureux de leur présence. Voici la façon de procéder de Stanley:

« Si vous êtes là pour la première fois et que vous ne vous considérez pas comme une personne religieuse, nous sommes heureux que vous soyez parmi nous. Passez un certain temps avec nous et vous découvrirez que nous ne sommes pas tous des religieux non plus. »

« Si vous ne vous considérez pas comme chrétien, ou que vous n’en êtes pas sûr, vous n’auriez pas pu choisir un meilleur week-end pour vous joindre à nous. »

« Si c’est la première fois que vous mettez les pieds dans une Église ou que ça fait un certain temps que vous n’y avez pas été, et si vous êtes un peu mal à l’aise, détendez-vous. Nous ne vous demanderons rien. Mais nous avons quelque chose pour vous. Nous voulons vous faire connaître la paix qui vient d’une relation restaurée avec votre Père céleste. »

« Si c’est la première fois que vous mettez les pieds dans une Église ou que ça fait un certain temps que vous n’y avez pas été, et si vous vous sentez refoulé parce que vous croyez que nous sommes tous des bonnes personnes et que vous ne vous considérez pas ainsi, vous devez savoir que vous êtes entouré de personnes qui sont bien pires que vous. Ne laissez pas tous ces jolis visages vous tromper. »

Keller laisse ce genre d’info transparaitre dans sa préparation de message. Il recommande aux prédicateurs de s’adresser directement aux différents groupes, « leur montrant que vous savez qu’ils sont présents, comme si vous dialoguiez avec eux ». En voici un exemple:

« Si vous êtes engagé avec Christ, vous pouvez croire cela. Mais le texte nous dit en fait que… »

« Si vous n’êtes pas chrétien ou pas sûr de ce que vous croyez, vous vous dites probablement que c’est une conception étroite d’esprit. Mais en réalité, le texte nous dit à propos de cette question que… »

2. Partez du principe que les non-croyants présents ont besoin d’aide dans leur approche de la Bible

Pour Stanley, cela signifie qu’il faut expliquer comment suivre le texte biblique pendant la prédication. Cela signifie aussi que vous enseignez à propos de la Bible tout comme vous enseignez la Bible.

Par exemple, au lieu de dire « La Bible dit… », citez les auteurs en question. De cette manière, vous donnez des informations sur les personnes qui ont écrit les livres de la Bible.

Option 1 : « La Bible dit que Jésus est ressuscité d’entre les morts après avoir été dans la tombe pendant trois jours. »

Option 2 : « Matthieu, un ancien collecteur d’impôts devenu l’un des disciples de Jésus, écrit que Jésus est ressuscité d’entre les morts et qu’il a affirmé l’avoir vu. En plus de cela, Luc, un médecin qui a interrogé les témoins oculaires de la résurrection, est arrivé à la conclusion que Jésus est vraiment revenu d’entre les morts. Il en était tellement convaincu qu’il a abandonné son emploi pour devenir un implanteur d’Églises… »

La deuxième option est meilleure car elle ne suppose pas que les auditeurs savent tout sur la Bible. Nous devrions toujours « commencer à l’échelon le plus bas de l’échelle ».

De même, Keller suggère aux pasteurs de prêter attention aux postulats de l’assemblée. Il écrit:

« Ne présumez pas, par exemple, que tous vos auditeurs ont foi dans la Bible. Ainsi, lorsque vous tirez un enseignement de la Bible, cela vous sera utile de montrer qu’une autre autorité digne de confiance (comme la science empirique) est d’accord avec la Bible. »

Alors que l’approche de Keller n’est pas fondamentalement orientée vers les personnes en recherche, il demande toujours à ce que tous les éléments du culte soient soigneusement expliqués:

– Cherchez à avoir des temps de louange et de prédication dans la langue vernaculaire, accessible à tous.

– Expliquez le culte au fur et à mesure de son avancement.

– Adressez-vous directement aux non-croyants et accueillez-les.

– Envisagez d’utiliser de l’art de grande qualité pendant vos cultes.

– Célébrez les actes de miséricorde et de justice.

– Présentez les sacrements afin de rendre l’Évangile clair.

– Prêchez la grâce.

3. Défiez les non-croyants à étudier la Bible en reconnaissant la singularité de la foi chrétienne et de ses pratiques

Keller estime que la contextualisation appropriée entraînera le prédicateur à considérer la manière dont le message tombera dans les oreilles de ceux qui sont présents. Il écrit:

« Nous devons prêcher chaque passage en ayant à l’esprit les objections particulières de ce groupe qui a l’esprit fermé. »

Utilisez par conséquent des « parenthèses apologétiques » dans votre sermon. L’approche de Keller consiste à consacrer principalement l’un des trois ou quatre points de sa prédication aux doutes et aux préoccupations des non-croyants.

Stanley fait une remarque similaire:

« En règle générale, dites ce que vous pensez que les non-croyants pensent. Lorsque vous le faites, cela vous donne de la crédibilité. Et vous leur donnez ainsi une place. »

En abordant le sujet des commandements moraux stricts dans l’Écriture, Stanley dira quelque chose comme:

« Le texte d’aujourd’hui peut vous rendre heureux de ne pas être chrétien! Vous allez peut-être même rejeter complètement l’idée de le devenir un jour. »

Il affirme que lorsqu’on donne aux non-chrétiens la possibilité d’avoir une échappatoire, ils répondent alors souvent par une écoute attentive.

Stanley utilise l’humour comme un moyen de désarmer son auditoire en le poussant à étudier la Bible par lui-même. En cherchant à démolir ses excuses, il va affirmer des choses comme:

« Vous n’avez pas besoin de croire que ce texte est inspiré pour le lire. » ou « Vous devriez lire la Bible pour avoir plus de crédibilité quand vous dites aux gens que vous n’y croyez pas. »

De même, Keller recommande de reconnaître les objections courantes et de traiter les sceptiques avec dignité:

« Montrez toujours du respect et de l’empathie, même si vous êtes défié et critiqué, en affirmant par exemple : “Je sais que beaucoup d’entre vous trouveront ça troublant.” Montrez que vous comprenez. Soyez le genre de personnes dont les gens pensent à votre sujet que même s’ils sont en désaccord avec vous, vous êtes quelqu’un avec lequel ils peuvent aborder de telles questions. »

4. Utilisez des références culturelles connues pour pointer les incohérences de la vision du monde actuelle

Keller recommande que tous les pasteurs recherchent deux types de croyances.

Croyance « A »: les croyances que les gens détiennent déjà, en raison de la grâce commune de Dieu, et qui correspondent en gros à certaines parties de l’enseignement biblique.

Croyance « B »: ce que l’on pourrait appeler les croyances « défaites », les croyances de la culture qui conduisent les auditeurs à trouver certaines doctrines chrétiennes invraisemblables ou trop brutales.

Il explique en quoi cela est important:

« L’une des raisons pour lesquelles nous devons prendre grand soin d’affirmer les croyances et doctrines de type “A”, c’est qu’elles deviendront des postulats, des points d’appui, pour mettre notre culture au défi. […] Nos postulats doivent être tirés à part entière de la Bible, pourtant nous trouverons toujours des choses dans la croyance populaire qui seront à peu près vraies, des choses sur lesquelles on peut bâtir ses critiques. Nous décelons des incohérences dans les croyances et hypothèses populaires à propos de la réalité. Avec l’autorité de la Bible, nous permettons à une partie de la culture – ainsi que la Bible – de critiquer l’autre partie. »

Conclusion

On ne peut nier les différences importantes entre Andy Stanley et Tim Keller à propos de la théologie et du ministère. Mais nous pouvons apprendre de tous les deux sur la manière d’accueillir les personnes non sauvées au milieu de nous. Keller a raison:

« Nous devons éviter de refroidir les auditeurs parce qu’ils auront été offensés par nous plutôt que par l’Évangile […]. D’un autre côté, notre message et nos enseignements ne doivent pas éliminer l’offense, le scandale_, de la croix. Une contextualisation appropriée signifie qu’il faut causer le bon scandale, celui de l’Évangile proposé à tous les pécheurs, en supprimant tous ceux qui ne sont pas nécessaires. »_

Note du traducteur : les traductions de cet article ont été effectuées à partir de la version anglaise de l’article, il peut donc y avoir quelques différences avec les versions françaises des ouvrages mentionnés.
Article traduit avec autorisation. Merci à David Steinmetz pour la traduction

Trevin Wax

Editeur chez Lifeway. Il dirige le projet The Gospel Project, un matériel d'enseignement pour les Églises. Trevin est marié et papa de trois enfants.

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